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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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racontes ?
    Le rire de Sefoba devint plus aigu.
    — Tsippora ! Ne fais pas
semblant, pas avec moi. Ou je croirais que tu ne m’aimes plus.
    Tsippora baissa le regard sur son ouvrage.
    — J’ai des yeux pour voir, poursuivit
Sefoba avec entrain. Il n’y a pas qu’Orma à savoir lire sur le visage d’un
homme. Et d’une femme.
    Les doigts de Tsippora tremblaient. Elle
posa les mains sur le cadre du métier à tisser.
    — Et sur mon visage, que lis-tu ?
    — Que tu aimes Moïse.
    — Cela se voit tant ? Sefoba
rit :
    — Même sur toi, ma fille, ça se voit
comme le nez au milieu de la figure. Mais sur le sien, de nez, ça se voit
aussi, je te le promets.
    — Non. Tu te trompes.
    Sefoba protesta d’un nouveau rire.
    — Tu te trompes, Sefoba, parce que tu
m’aimes.
    — Je me trompe ? Ose dire que tu
n’es pas amoureuse de lui ? Ose me le dire, à moi, que tu ne t’endors pas
chaque soir en pensant à lui, que tu ne te réveilles pas la nuit en espérant
qu’il soit tout près de toi dans le noir… Pas vrai…
    Sefoba soulignait chacune de ses phrases
d’un petit coup de menton.
    — C’était vrai, mais ça ne l’est plus.
    — Que racontes-tu ! Qu’Horeb nous
protège ! Deviendrais-tu aussi folle qu’Orma ?
    Tsippora tenta de rire à son tour. Mais ce
fut plus fort qu’elle. Des larmes, venues de bien loin, glissèrent de ses
paupières. Le rire de Sefoba s’éteignit comme une mèche soufflée.
    — Hé ? Que t’arrive-t-il ?
Tsippora, ma douce ! Sefoba s’agenouilla au côté de sa sœur et lui releva
le visage.
    — Je ne me moquais pas. Je vous ai vus
tous les deux et… Oh, pas souvent, j’en conviens, mais, c’est vrai, je sais ce
que je vois.
    Tsippora repoussa ses mains, s’essuya les
yeux du bord de sa manche.
    — Tu te trompes.
    — Peut-être… Explique-moi !
    — Laisse, ça n’a pas d’importance.
    — Allons donc !
    Tsippora hésita. Elle avait donné sa
promesse à Murti. Mais Sefoba était comme une partie d’elle-même.
    — Il faut que tu me promettes de ne
rien dire. Ni à notre père ni à… personne !
    — Devant Horeb, assura Sefoba en
levant les mains.
    Alors Tsippora raconta ses jours et ses
nuits de tourment après que Moïse se fut installé sous la tente et comment elle
s’était trouvée, au petit matin, devant le sycomore d’Epha alors que Murti
fuyait le refus de Moïse.
    — Pauvre Murti ! s’exclama Sefoba
avec une moue. Quelle bêtise ! On fait cela avec un berger, pas avec un
homme comme Moïse !…
    Puis elle se tut, glissa le bout de ses
doigts sous les yeux de Tsippora pour en retirer les dernières traces de
larmes.
    — Je craignais qu’elle ne t’ait dit
que c’était à cause d’Orma, soupira-t-elle.
    — Moi aussi, admit Tsippora. Moi aussi
j’ai eu peur que Murti me dise : Moïse veut ta sœur, et ne veut qu’elle.
    — Il est bien trop intelligent pour
cela, gloussa Sefoba. Il faut être Réba pour vouloir Orma et ne vouloir
qu’elle.
    — J’ai d’abord été soulagée. Puis j’ai
compris que j’étais une sotte. Bien sûr qu’il a eu une vie avant de venir ici.
Une vie, une épouse, peut-être des enfants. Ou pas d’épouse, mais une femme.
Des femmes. De belles femmes. Comme on dit que le sont les Égyptiennes. Et sans
doute n’attend-il que le moment de pouvoir retourner en Égypte. Que suis-je à
ses yeux ? La fille noire de Jethro.
    Sefoba écoutait en silence. La colère monta
tout ensemble à sa bouche et à ses yeux :
    — Écoutez-moi ça : « Pas
d’épouse, mais une femme ! Des femmes ! De belles femmes. Comme on
dit que le sont les Égyptiennes…» Et pourquoi pas des déesses avec des têtes de
chat ou d’oiseau ? Ou les filles de Pharaon elles-mêmes, tant que nous y
sommes ! Qu’Horeb et mon père me pardonnent : c’est la première fois
que tu es amoureuse, et, assurément, ça gâte ton intelligence. Moïse a repoussé
une servante, et alors ? Moïse songe à son passé, il a des
souvenirs ! Cela l’empêche de prendre une femme dans sa couche ?
Laisse-moi rire. Je n’en crois pas un mot. Moi aussi, je l’ai bien regardé, ton
Moïse. Je suis une épouse, peut-être est-ce cela qui me rend plus lucide. Car
je n’ai vu qu’un homme comme les autres. Du haut en bas, et même par le milieu.
    — Sefoba…
    — Laisse-moi parler !… Moïse est
fait comme tous les hommes. Il pense à son passé, peut-être. Mais son passé,
ici, est en train

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