Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
la vie d’élevage et de
transhumance.
    Jethro fit venir Moïse et lui déclara qu’il
était désormais temps de partir pour son premier pâturage.
    — Mon fils Hobab, mes gendres et mes
neveux sont allés vendre nos plus grosses bêtes à Moab. Sur le chemin du
retour, ils profiteront des pluies pour faire pâturer les agneaux et les veaux
sur les collines d’Epha et de Sheba. Elles sont infiniment plus riches et plus
vertes que les nôtres. Le jeune bétail y prend de la force. Les seigneurs de
ces territoires me rétribuent ainsi les conseils que je leur donne et les
offrandes que je fais en leur nom à Horeb. Va les rejoindre. Tu leur diras que
tu viens de la cour de Jethro.
    Jethro tira de sa tunique un disque de
métal épais, percé d’un orifice où était glissé un cordon de laine.
    — Tu leur montreras ceci. Ils sauront
que tu dis vrai. Ils t’accueilleront avec amitié et t’enseigneront ce que tu
ignores encore.
    L’émotion de Moïse se lisait jusque dans le
frémissement de ses doigts qui lissaient la pièce de métal.
    — Comment vais-je les retrouver ?
Je ne connais aucun des chemins de Madiân.
    Jethro ne put retenir un rire joyeux.
    — Tu n’es plus seul, Moïse ! Des
servantes et des bergers t’accompagneront et te montreront ta route.
    Moïse allait passer la médaille autour de
son cou lorsqu’il interrompit son geste.
    — Il y a longtemps que tu n’es plus en
dette envers moi, Jethro. Ce que j’ai fait pour tes filles, tu me l’as rendu au
centuple. Pourquoi demeures-tu si bon avec moi ?
    Jethro plissa les paupières. Un petit
feulement, aigu et ironique, jaillit de sa gorge.
    — Il semble que je ne puisse pas
encore répondre à cette question, mon garçon.
    Devant la mine décontenancée de Moïse, qui
ne savait comment prendre cette réponse, Jethro rit franchement et, recouvrant
sa main de la sienne :
    — Va sans crainte, mon garçon. Dis-toi
seulement que tu me plais et que je suis las d’être entouré de trop de filles.
    *
    * *
    Bien sûr, tous les enfants voulurent
accompagner Moïse. Jethro dut se fâcher et désigner lui-même les heureux élus.
La petite caravane que formaient le troupeau, les mules et les chameaux
disparut sous un ciel gorgé de nuages bas. Au crépuscule, alors que l’on
n’avait pas vu le soleil de la journée, une sorte de langueur s’engouffra dans
la cour de Jethro avec le vent d’hiver.
    Le lendemain, une pluie fine commença à
transformer la cour et les chemins en boue visqueuse. Sefoba dit à
Tsippora :
    — Viens, nous allons tisser une
tunique de laine pour Moïse. Tu la lui offriras à son retour.
    Tsippora hésita, déclara que d’autres
tâches l’attendaient.
    — Allons ! se moqua Sefoba. Que
crois-tu pouvoir me cacher ?
    Et comme Tsippora se raidissait, l’orgueil
lui serrant les lèvres, Sefoba ajouta habilement que, de toute façon, c’était
le moment de tisser la laine. Tsippora devait s’y mettre comme les autres, et
rien ne serait plus agréable que de travailler ainsi, près du feu, alors que le
vent glacé retroussait les palmes au-dessus des toits.
    Elles se mirent à l’ouvrage et pendant
plusieurs jours le nom de Moïse ne fut pas prononcé. En revanche, on s’étendit
longuement sur le nouveau présent que Réba avait envoyé à Orma : une
ceinture faite de pierres, de pièces d’argent et de plumes.
    — Cette fois, Réba n’a pas pris le
risque de venir le lui offrir lui-même. Mais quelle constance ! A-t-on
déjà vu tant de persévérance ? Et cette ceinture est si belle !
    Comme le tissu dédaigné par Orma, elle
venait de l’Orient très lointain. Sefoba et les autres gloussaient, chacune
estimant le temps qu’il faudrait encore à Réba pour se déclarer.
    — Et qui sait ? disait Sefoba en
déclenchant les fous rires, peut-être bien que cette ceinture finira en petits
morceaux sous ma couche comme le tissu la dernière fois.
    Un peu plus tard ce même jour, alors
qu’elles étaient seules, Sefoba déclara tout à coup :
    — Je suis heureuse, si heureuse pour
toi ! Tsippora la dévisagea, interdite.
    — Longtemps, reprit Sefoba, la malice
dans les yeux, longtemps, j’ai cru, comme nous toutes, que tu ne trouverais pas
d’époux. Et voilà !
    — Et voilà ?
    — Les hommes de Madiân sont sots. Tant
pis pour eux ! Il en vient un d’Égypte et, lui, la fille de Kouch, il la
regarde comme un bijou d’or ! Et il a bien raison.
    — Qu’est-ce que tu

Weitere Kostenlose Bücher