Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
mordue. Un rire de folie déforma ce qui restait de sa
beauté.
    — Tsippora n’a ouvert ses cuisses à
Moïse que pour me le prendre ! La première, j’ai reconnu qui il était. Et
dans ses yeux j’ai vu qu’il me choisissait, moi !
    — Non, cria Tsippora. Non, tu
mens !
    Elle esquissait un geste de violence,
peut-être, quand un craquement déchira l’air. Le haut de la montagne d’Horeb
était pareil à mille bouches de four crachant des nuages blancs et jaunes
jusque dans l’infini du ciel, où une poigne invisible les tordait. Des
hurlements retentirent partout dans la cour alors que le grondement
s’amplifiait, plus sourd et plus violent.
    — Horeb ! Horeb !
    Sefoba se précipita dans les bras de
Tsippora, tandis qu’Orma s’accrochait aux jambes de Jethro. Cette fois, le
visage levé vers la convulsion formidable de la montagne, son père lui enlaça
les épaules avec calme. Le sol frémit. Un nouveau grondement roula sur le
désert. La bouche de la montagne vomit une nuit brûlante mouchetée de jets
incandescents.
    — Le feu d’Horeb ! Le feu
d’Horeb.
    Ils se tenaient les uns les autres,
mêlaient leurs larmes et leur terreur, couraient comme des insectes et
tombaient à genoux. Des bêtes bramèrent, renversant les barrières de joncs de
leur enclos. Une bave rouge scintilla dans l’obscurité qui recouvrait à présent
la montagne. Une lumière grise s’avança sur Madiân, avalant les ombres et les
couleurs.
    Sefoba tremblait et pleurait en murmurant
avec les autres :
    — Le feu d’Horeb ! Le feu
d’Horeb.
    Jethro tendit son bras libre, l’attira à
lui tendrement, la corrigeant d’une voix douce et paisible :
    — La colère d’Horeb.
    Tsippora rencontra son regard. Hochant la
tête il annonça :
    — Il attend nos offrandes.
    Dans sa voix, Tsippora ne décela aucune
peur, aucune angoisse, mais tout au contraire une impénétrable satisfaction.
    *
    * *
    Tout le jour, les grondements d’Horeb se
succédèrent. Des jets de suie roulèrent sur les pentes de la montagne, les
masquant jusqu’à la mer. Le feu y jaillit, çà et là des buissons
s’enflammèrent, l’air empesta et s’épaissit d’une poussière de cendres qui, telle
une poudre délicate, étouffait les flammes aussi bien que les oisillons dans le
nid. Par bonheur, un peu avant la fin du jour, un vent violent se leva à l’est.
Sans discontinuer, il repoussa vers l’Égypte les nuées que dégorgeait la
montagne et épargna à Madiân le désastre des incendies.
    Le soleil fut masqué au couchant, répandant
une ombre étrange qui n’était ni celle de la nuit ni celle du crépuscule. On
vit alors que la bave qui s’écoulait depuis le sommet de la montagne ne
progressait plus. Elle se transformait en une boue fumante. Dans ses replis
chaotiques scintillaient par instants de faibles explosions, pareilles aux
battements des mille yeux d’un monstre s’assoupissant avec regret. Au-dessus,
la gueule de la montagne demeurait incandescente et grande ouverte face au ciel
en tumulte.
    Moïse parvint à la cour de Jethro peu après
les premières risées du vent. Les joues imberbes grises de poussière, les
poings agrippés à son grand bâton et aux poils cendrés de son chameau, il avait
été pris dans les brouillards irrespirables, manquant y perdre son chemin. Il
en avait encore les yeux écarquillés d’effroi.
    Hobab, qui redressait les enclos dévastés
avec Sicheved, le mari de Sefoba, l’accueillit avec de grandes manifestations
de joie.
    — Horeb soit loué ! On avait peur
pour toi.
    Ils lui offrirent de l’eau pour se laver,
du vin, des dattes et des galettes trempées d’huile pour faire disparaître le
goût de cendre de sa bouche.
    — Tu arrives à point, dit Hobab quand
Moïse se fut rassasié. Des bêtes se sont enfuies, effrayées par le bruit. Il
nous faut aller les chercher avant qu’elles se perdent et meurent de soif en
broutant de la cendre. Viens avec nous, tu ne seras pas de trop. Les autres
sont avec mon père, soutenant ses offrandes et ses prières à Horeb.
    Jusqu’à la tombée de la nuit ils coururent
derrière les mules et les brebis, les rattrapant de-ci, de-là, épuisées et
tremblantes. Ils les entravaient prestement et reprenaient aussitôt leur
chasse. Quand il fit trop sombre pour continuer, ils se trouvaient trop loin
pour rentrer à la cour de Jethro. Sicheved avait eu la sagesse de bâter son
chameau avec une courte toile de tente et des pieux.

Weitere Kostenlose Bücher