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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Ils s’installèrent pour
passer la nuit, partageant la gourde et les dattes emportées par Hobab. Les
grondements de la montagne avaient cessé mais, avec la nuit, on ne distinguait
que mieux les rougeoiements de sa bouche que le vent continuait d’attiser.
Hobab et Sicheved, debout, les paumes ouvertes, lancèrent à Horeb une prière
que Moïse écouta en se détournant, la tête inclinée. Un roulement, rauque et
lointain, sembla leur répondre. Moïse eut, plus qu’à tout autre moment de ce
jour, l’étrange sentiment que la montagne était tout aussi vivante qu’un fauve.
Ni Hobab ni Sicheved ne cillèrent. Le calme du fils et du gendre de Jethro
l’impressionnait. En cette journée, le monde entier avait paru sur le point
d’exploser et eux accomplissaient leur tâche sans jamais montrer de crainte. Un
peu plus tard, assis devant la tente, mâchant lentement quelques dattes, il ne
put s’empêcher de demander :
    — Vous n’avez pas peur. Pourtant, la
montagne gronde encore, les flammes peuvent jaillir et tout détruire.
    — Ce ne semble pas être la volonté
d’Horeb, répliqua Hobab. Le vent s’est levé, il nous épargne les cendres. Elles
vont sur la mer. Elles ne souilleront ni les pâturages ni les puits. D’autant
que le sommet de la montagne ne crache plus de feu.
    Dans le noir, Sicheved montra le ciel de
l’est.
    — Regarde, les étoiles brillent
là-bas, au-dessus de Moab et de Canaan, c’est bon signe. Lorsque Horeb entre en
colère et que le ciel demeure clair sur l’est, sa fureur passe sans nous
abattre.
    Moïse s’étonna. Cela arrivait donc
souvent ? Sicheved et Hobab rivalisèrent d’éloquence pour décrire les plus
terribles courroux d’Horeb, ceux qui parfois avaient à demi détruit Madiân.
    — Moi, je n’ai connu que de douces
colères, conclut Sicheved. On raconte que c’est grâce à Jethro. Il a su imposer
assez de justice dans les royaumes de Madiân pour qu’Horeb ne s’en prenne pas
trop à nous.
    Hobab approuva d’un grognement plein de
fierté. Moïse interrogea encore :
    — Pourquoi Jethro et vous tous
sacrifiez à Horeb et non au dieu d’Abraham ? Jethro affirme pourtant que
vous êtes des Hébreux, et même des fils du fils d’Abraham.
    Hobab eut un petit rire.
    — Voilà une question que tu devras lui
poser. C’est lui le sage.
    Ils demeurèrent silencieux un long moment,
et soudain s’éleva le ronflement de Sicheved. Il s’était endormi avant même de
se glisser sous la tente. Alors qu’ils s’allongeaient côte à côte, Hobab
déclara à voix basse :
    — Demain, nous rentrerons et tu
parleras à mon père de Tsippora.
    Moïse se redressa vivement, mais la main
d’Hobab se posa sur son épaule :
    — Sois sans crainte, je suis avec toi.
Je suis heureux de ton choix. J’aime Tsippora. Comme tous, j’ai cru longtemps
qu’elle n’aurait pas d’époux. Rien ne peut plus me plaire que de te savoir
bientôt mon frère. Tu sauras lui donner du bonheur. Même si elle n’est pas
toujours la plus commode des femmes.
    Moïse secoua la tête en soupirant.
    — Détrompe-toi, Hobab ! Tsippora
ne veut pas de moi. Je lui dis : je vais devant ton père, je veux être ton
époux. Elle dit non. Et moi, aujourd’hui, je ne sais plus que faire. Je suis en
faute envers elle, envers ton père et vous tous. Et je ne désire aucune autre
femme.
    Hobab eut un petit rire.
    — Sois patient. Tsippora aime conduire
les choses à sa manière, mais ne te laisse attrister par aucun doute. Elle ne
veut que toi. Et mon père aussi. Il est rare que Tsippora et lui soient en
désaccord, et elle finit toujours par lui obéir.
    Moïse soupira encore, peu convaincu.
    — Parle à mon père demain, insista
Hobab. Il ordonnera. Il semble le plus aimable des hommes, mais quand il
tranche, il tranche. Pour Orma, il a déjà tranché !
    Hobab s’interrompit avec un gloussement
amusé et affectueux :
    — Il l’a confiée aux servantes pour
qu’elles apaisent ses gémissements avec force tendresses, gâteaux et boissons
douces. Mais dès que possible, il me faudra la conduire chez Réba, le fils du
roi d’Epha, celui qu’elle doit épouser depuis des lunes. Plains-moi,
Moïse ! Je vais entendre ses jérémiades pendant des jours et des nuits.
Elle me parlera de toi, sois-en sûr. Jusqu’à en perdre le souffle. Mais je te
le dis : tu n’auras pas la plus belle fille de Jethro dans ta couche, et
c’est une grande chance. Qu’Horeb pardonne

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