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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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introduit son hôte dans un cabinet assez étroit, déposé son chandelier sur une table couverte d’un tapis de velours noir et était déjà ressorti refermant soigneusement la porte derrière lui. Si soigneusement même que le jeune homme crut bien avoir entendu une clef tourner dans la serrure. Outré, il s’élança contre le vantail mais cela tenait bon et, à la réflexion, il maîtrisa l’impulsion qui lui venait de se libérer par n’importe quel moyen. Il serait peut-être intéressant d’essayer de voir qui pouvait être le visiteur inattendu.
    À bien examiner la porte il s’aperçut d’une assez longue fente dans le bois, étroite bien sûr, mais qui, en y collant l’œil, permettait d’apercevoir une fraction suffisante de la bibliothèque pour distinguer à la fois le médecin italien et le personnage qui venait d’entrer.
    C’était un homme d’une cinquantaine d’années, très beau de visage et d’aspect imposant dans un habit de soie noire éclairé d’un jabot et d’admirables manchettes de dentelle. De beaux cheveux gris argent, coupés assez court, bouclaient autour d’une calotte ronde comme en portent les prêtres mais cette calotte était de pourpre et Gilles connaissait trop la hiérarchie ecclésiastique pour ne pas comprendre qu’il avait affaire à un prince de l’Église, devant lequel d’ailleurs Cagliostro s’inclinait très bas.
    — Ainsi, dit le nouveau venu d’une voix douce et bien timbrée, mon secrétaire, Ramón de Carbonnières, qui vous a vu ce soir sortir de chez la charmante comtesse, ne s’est pas trompé ! Vous êtes bien à Paris, mon cher sorcier… et vous n’êtes point chez moi ! Savez-vous que je pourrais m’en montrer offensé ?
    — Votre Éminence aurait grand tort, car lorsque je me suis présenté chez elle, on m’y a dit qu’elle se trouvait sur sa terre de Coupvray.
    — La belle affaire ! Quelques lieues ! Ne pouviez-vous me rejoindre, ou encore m’envoyer prévenir ? Et d’ailleurs, pourquoi ne pas avoir annoncé votre passage ? Vous savez combien j’ai besoin de vous. Voilà des mois que je vous supplie de venir vous installer à Paris et que vous vous obstinez à demeurer chez ces robins de Bordeaux ! Que représentent un chevalier de Rolland, un marquis de Canolle même 1 quand un Rohan a besoin de vous ? Que sont-ils pour que vous restiez ainsi à leur disposition ?
    Du fond de son cabinet Tournemine ne put s’empêcher de penser que cette éminence, qui ne pouvait être que le Grand Aumônier de France, le prince Louis de Rohan, cardinal archevêque de Strasbourg, avait tout l’air de faire une scène de jalousie à l’Italien et sa curiosité s’en accrut. Quel était donc ce médecin inconnu qu’un prince du sang appelait secrètement auprès de lui et qu’un Rohan suppliait avec des inflexions de maîtresse délaissée, cet homme qui se disait l’ami de Judith ? Son étonnement grandit encore en entendant s’élever de nouveau la voix cuivrée de Cagliostro car elle s’était chargée d’une sévérité parfaitement incompréhensible, celle du maître envers l’élève.
    — Mon œuvre auprès des jurats de la ville n’est pas encore terminée et Votre Éminence sait fort bien que je reviendrai vers elle dès que la chose sera possible. Puis-je cependant me permettre de lui demander comment elle a pu savoir que je me trouvais dans cette maison ?
    Le cardinal alla s’asseoir avec un soupir de lassitude dans le fauteuil précédemment occupé par Gilles.
    — Ramón, qui professe pour vous une immense admiration, a réussi à en arracher l’adresse à la comtesse ! Vous n’allez pas en vouloir, au moins, à cette adorable femme ? ajouta-t-il en voyant se froncer les sourcils de Cagliostro. Apprenant que je venais d’arriver à Paris, elle a dû penser que je serais profondément heureux de vous voir, même un instant. Elle ne sait pas résister au plaisir de donner de la joie à ceux qu’elle aime. Mais, dites-moi, mon cher sorcier, j’ignorais que vous entreteniez de si bonnes relations avec les grands de Pologne ? Cet hôtel n’est-il pas celui du comte Ossolinski ?
    — Votre Éminence appartient au monde de la diplomatie. Elle devrait savoir que j’entretiens des relations avec bien des Cours d’Europe, répondit le médecin plus sévèrement encore. J’ajouterai, pour sa documentation, qu’elle serait étonnée si elle pouvait savoir combien de princes, en Asie ou en

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