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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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beaucoup plus à un pli ministériel qu’à un poulet galant… et il était signé Lecoulteux de la Noraye, comme par hasard :
    « Il m’est apparu, chevalier, que la chance pourrait vous offrir les avantages financiers que vous refusez des dames. Laissez-moi le plaisir de vous conduire à elle, dans le salon d’une charmante femme où l’on ignore ce que peut être un tricheur car on y joue honnêtement entre gens de bonne compagnie. Si vous en êtes d’accord, passez chez moi demain vers sept heures et nous irons ensemble rue Neuve-Saint-Gilles, au Marais… »
    — Eh bien, qu’en dis-tu ? s’écria Gilles après avoir lu la lettre à haute voix. Je crois que nous aurions tort de garder encore une prévention. Lecoulteux est un homme droit, très fortuné et il n’a pas grand-chose à voir avec Monsieur.
    — Je suis d’accord ! Si je ne devais souper demain chez notre colonel qui donne à manger à ses officiers, je serais même allé avec toi. Le billet rose a peut-être été envoyé par une jolie femme…
    — Peut-être ! De toute façon, je verrai bien… et je t’emmènerai la prochaine fois si c’est intéressant !
    Le lendemain, au premier coup de sept heures sonnant à l’église des Capucines, Gilles arrivait place Louis-le-Grand 2 , où un énorme Louis XIV de bronze caracolait sous une épaisse couche de neige, et allait s’annoncer au n o 19 où quelques-uns des membres de l’immense famille Lecoulteux 3 possédaient un magnifique hôtel servant à la fois de maison de banque et de résidence parisienne aux deux financiers Lecoulteux de la Noraye et Lecoulteux de Canteleu, son cousin.
    Il y reçut l’accueil auquel il était habitué et, laissant son cheval dans les grandes écuries de la maison, il prit place dans la voiture du banquier.
    — Je vous admire de vous déplacer à cheval par un temps pareil, dit celui-ci en glissant ses jambes habillées de soie sous une épaisse couverture en peau de renard. Moi, j’aurais peur de geler tout vif.
    — Nous autres militaires avons la peau dure, fit Gilles en riant. Mais dites-moi, cher ami, chez qui donc me conduisez-vous, rue Neuve-Saint-Gilles ?
    — Ah, je vous ai intrigué ! Chez une amie charmante, la comtesse de La Motte-Valois. Elle tient un salon fort agréable, surtout depuis que la faveur de la Reine lui a permis de sortir de l’indigne misère dans laquelle végétait cette authentique descendante de nos rois.
    — Elle était dans la misère ?
    — Noire ! Elle et sa sœur ont été recueillies jadis, tout enfants, par l’excellente marquise de Boulainvilliers, la défunte épouse du Prévôt de Paris qui s’est chargée de leur éducation et a marié Jeanne avec le comte de La Motte, un gendarme aimable et bon vivant mais sans fortune. Le ménage, dans les débuts, a eu bien du mal à joindre les deux bouts mais ce sont des jeunes gens si charmants ! Ils ont su s’attirer d’abord l’amitié du cardinal Louis de Rohan qui les a secourus. Moi-même j’ai fait ce que j’ai pu mais il est bien évident que sans l’immense charité et la haute protection de Sa Majesté la Reine, ils n’en seraient pas où ils en sont actuellement.
    — Ah ! Leur situation s’est donc améliorée ?
    — Beaucoup, surtout dans les derniers temps. Le mari est des Gardes du comte d’Artois, quant au frère de Jeanne…
    — Jeanne ?
    — La comtesse, voyons ! Ah ça, vous ne les connaissez vraiment pas du tout ?
    — Pas du tout ! fit Gilles sincère. J’ai un peu entendu parler de la comtesse mais je ne lui ai jamais adressé la parole.
    — C’est étrange… car c’est elle qui m’a fait connaître son désir exprès de vous voir chez elle. Il est vrai que vous appartenez à cette brillante cohorte des héros d’Amérique et que vous, personnellement, êtes auréolé d’une légende qui passionne toutes nos belles romanesques. Madame de La Motte aura entendu parler de vous, dans un salon, et aura souhaité vous voir chez elle d’autant plus vivement que l’on vous dit assez sauvage.
    — Mais comment a-t-elle su que nous nous connaissions ?
    — Je pense qu’il me faut plaider coupable ! Je vais souvent chez elle où je me plais et je crois bien que j’ai dit vous connaître. Vous ne m’en voulez pas, au moins ?
    — En aucune façon ! Il est toujours agréable de rencontrer des gens aimables…
    — … et une fort jolie femme ! Vous verrez, elle est irrésistible ! Une grâce,

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