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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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un charme ! Sa sœur vit avec elle mais elle est beaucoup moins belle. Oh, c’est une très bonne famille, le frère de Jeanne est chevalier de Saint-Louis et sert dans la Marine. Il commande une frégate et…
    Jean-Jacques Lecoulteux était un homme charmant mais il était affreusement bavard, ce qui, pour un homme d’argent, ne laissait pas d’être un défaut. Une fois lancé, il n’y avait plus qu’à le laisser aller et Gilles l’abandonna au plus chaud d’un ardent panégyrique des Saint-Rémy de Valois et autres La Motte pour s’enfoncer dans ses pensées… Il était étrange tout de même qu’à peine rentrée à Paris – car elle n’était certainement pas là depuis longtemps – cette femme eût manifesté le désir de le rencontrer. C’était elle, sans doute, qui avait écrit le fameux billet rose dont il s’était demandé, un instant, s’il ne venait pas de Cagliostro…
    Après tout, cette femme connaissait Judith, elle était peut-être son amie et, en dehors du médecin italien, il n’y avait guère qu’elle et Mme de Balbi qui fussent capables d’en avoir des nouvelles et l’important était de retrouver la jeune fille sans se préoccuper autrement du chemin emprunté par ces nouvelles…
    En s’inclinant sur la petite main chargée de bagues qu’elle lui tendit, au seuil d’un élégant salon tendu d’étoffe brochée sur fond bleu, Gilles se surprit à penser que sa beauté justifiait assez le lyrisme de Lecoulteux.
    Sous la lumière dorée d’une profusion de bougies roses, sa ressemblance avec Judith était moins évidente. Elle était plus âgée d’abord et son visage avait plus de mollesse que celui de la jeune fille. Elle n’avait pas non plus cette façon insolente qu’avait Mlle de Saint-Mélaine de porter bien haut sa petite tête fière ni l’éclat quasi transparent de sa peau, ni le scintillement de diamant noir de son regard. Ses yeux à elle étaient bleus, emplis d’une vraie coquetterie et d’une fausse candeur que le jeune homme jugea désagréables. Mais il ne trouva rien à reprendre à la gorge éblouissante que découvraient plus qu’à demi les mousseuses dentelles noires d’un grand décolleté carré et fort généreux que limitait à peine un fort beau collier d’or et de topazes, assorti aux pendants d’oreilles et aux bracelets qui chatoyaient sur la peau de la jeune femme.
    — Monsieur Lecoulteux de la Noraye mérite de chauds remerciements pour vous avoir décidé à venir nous rejoindre, Monsieur. C’est un privilège que vous n’accordez pas facilement m’a-t-on dit ?…
    — Vous êtes trop bonne, Madame, de considérer la visite d’un simple officier des Gardes comme un privilège ! Il vous suffisait de la demander vous-même : on ne saurait rien refuser à une dame aussi séduisante.
    — Vraiment ? C’est ce que nous allons voir ! Venez que je vous présente…
    Elle passa une main souple sous son bras et glissa avec lui vers les profondeurs d’un salon illuminé et peuplé de silhouettes vêtues de soie et de velours qui appartenaient en grande majorité à des hommes. Là, dans le grand miroir rectangulaire au-dessus de la cheminée flambante, Gilles vit s’avancer à sa rencontre sa propre image bleu et argent avec, au bras, une femme noir et or qui souriait et dont la tête poudrée à frimas semblait vouloir à chaque instant se poser sur sa large épaule. L’expression tendue de son propre visage bronzé que la blancheur de la perruque faisait plus sombre encore le surprit et il se força à sourire pour qu’aucun de ces gens ne devinât la vague inquiétude, l’instinctive méfiance plutôt, qui s’était emparée de lui quand la main de Jeanne s’était posée sur sa manche.
    On le présenta à « Mlle de Saint-Rémy de Valois », sœur de la maîtresse de maison, grosse fille blonde et plutôt fade qui n’avait rien du charme piquant de sa sœur mais auprès de laquelle s’empressait cependant un fort beau jeune homme à l’énigmatique regard vert qui portait un uniforme d’officier un peu râpé et que l’on annonça comme étant « le vicomte Paul de Barras, un aimable Provençal et le chevalier servant attitré de notre chère Marie-Anne… ».
    Une dizaine de personnes environ évoluaient autour des tables disposées dans le grand salon : une grande où un « banquier » taciturne disposait les cartes et les jetons du pharaon et plusieurs petites où joueraient au whist ou au

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