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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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qu’eux-mêmes ou leurs amis, des libéralités de cette importance.
    Le personnage principal de la soirée étant arrivé, accompagné d’ailleurs d’un de ses amis, le baron de Planta et d’un jeune secrétaire : Ramón de Carbonnières, on prit place aux tables de jeu. Gilles nota alors que la belle Jeanne n’avait pas jugé utile de le présenter au Cardinal. Elle avait même mis une certaine hâte à installer l’Éminence à une table de whist avec l’amiral d’Estaing, le baron de Planta et l’abbé de Calbris sans lui laisser beaucoup le temps d’entrer en conversation avec les autres personnages réunis dans son salon.
    Le jeune homme se disposait à rejoindre Lecoulteux à la table de pharaon quand la pittoresque Mlle Colson l’interpella :
    — Vous qui êtes jeune et qui semblez avoir d’excellents yeux, chevalier, voulez-vous venir à mon secours ?
    — Bien volontiers, Mademoiselle. Je suis tout à votre service.
    — Merci. Alors voyez donc si vous n’apercevez pas quelque part mes besicles ? Je les perds à longueur de journée et sans elles je n’y vois goutte… Allez donc jouer dans ces conditions-là !…
    Suivi par elle, il entreprit le tour du salon, scrutant les consoles, les dessus de commodes, le manteau de la cheminée. Soudain, alors qu’ils se penchaient ensemble sur les rayons d’une petite bibliothèque de femme, il l’entendit murmurer très vite :
    — Trouvez un prétexte quelconque mais partez ! Si vous restez ici, il vous arrivera malheur…
    — Que voulez-vous dire ? chuchota-t-il sans que son visage souriant eût subi la plus légère altération.
    — Je ne sais pas ! Je n’ai entendu que quelques paroles. Mais ce que je sais bien c’est qu’on ne vous veut, ici, aucun bien…
    Elle se redressait déjà et, dans le mouvement qu’elle fit, il vit soudain entre ses mains à demi couvertes de mitaines noires les fameuses besicles qu’elle faisait mine de chercher.
    — Ah ! Vous êtes un ange ! s’écria-t-elle très haut. Maintenant allez vite jouer et pardonnez-moi de vous avoir retardé.
    Il hésita un instant. La première idée de Winkleried avait donc été la bonne : le billet rose était un piège ourdi vraisemblablement par la comtesse. Elle avait dû apprendre, d’une manière ou d’une autre, qu’il était son ennemi et elle s’apprêtait à se venger.
    L’avis que lui donnait cette aimable demoiselle, si sympathique avec sa figure de furet et ses joyeux yeux bruns, était certainement un conseil de sagesse mais il lui déplaisait de fuir devant une femme. Et puis, qui pouvait dire s’il n’apprendrait pas, tout de même, quelque chose touchant Judith ? Enfin, il portait une épée au côté, il savait se battre et, à toute extrémité, il était fermement décidé à vendre chèrement sa peau.
    Le salon s’emplissait. De nouvelles personnes arrivaient. Sortir sans être vu eût été la chose du monde la plus simple mais Gilles n’avait aucune envie de se couvrir de ridicule aux yeux de Lecoulteux. Avec un sourire rassurant à l’adresse de Mlle Colson qui, derrière son éventail déployé, l’épiait avec une sorte d’angoisse, il alla d’un pas nonchalant prendre, à la table, la place que lui avait gardée le banquier, tira un louis de sa poche, le jeta sur le tapis et s’efforça de s’intéresser à la partie mais sans y mettre d’acharnement car il considérait le jeu comme une simple distraction tandis que la plupart des autres, et Lecoulteux en particulier, s’y adonnaient avec une passion qui leur mettait le feu aux joues et des éclairs dans les yeux.
    Naturellement, comme tous les néophytes, il gagna, et bientôt un petit tas d’or commença à s’amasser devant lui.
    — Je vous avais bien dit que la chance vous sourirait ! remarqua son compagnon.
    — J’en suis le premier surpris.
    — Vous devriez vous retirer, lui conseilla son voisin de gauche. C’était ce jeune vicomte de Barras qui s’intéressait de si près à l’apathique Mlle de Saint-Rémy de Valois. Il devait être plus riche de noblesse que d’écus et c’était sans doute l’opulence toute neuve de cette maison qui l’intéressait mais il offrait un curieux mélange d’arrogance et de timidité qui n’était pas sans charme.
    — Me retirer ? Pourquoi donc ?
    — Parce que la chance est encore plus capricieuse qu’une jolie femme. C’est la première fois que vous jouez, n’est-ce pas ?
    — Cela se

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