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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mais le reposa doucement, évitant au contraire le moindre bruit parce qu’il venait de s’apercevoir que le vantail était entrouvert sur l’obscurité d’un couloir filant vers les profondeurs d’une cour qui, sans la neige qui la tapissait, eût été difficilement visible.
    Il sortit son briquet et le battit pour se procurer un peu de lumière. Il y avait, en effet, une porte percée dans le mur du couloir mais, faite de grosses planches mal équarries, elle ne devait ouvrir que sur une cave ou un bûcher et le jeune homme avança jusque dans la cour.
    Là, tout au fond, une porte, au-dessus de laquelle une imposte éclairée montrait une lumière rougeâtre, se dressait au-dessus de deux marches déclives, usées par le temps et les pas. En face, desservant le bâtiment de façade, s’ouvrait le trou noir d’un escalier mais, tout naturellement, Gilles alla vers la lumière. Les habitants de ce logis n’étaient sans doute pas encore couchés et pourraient lui indiquer au moins où habitait l’exempt Beausire.
    Doucement, puis plus fort, il frappa à la porte sans obtenir de réponse. Cependant il devait y avoir quelqu’un sinon à quoi rimait cette lumière ? Il frappa encore, appuyant la main gauche sur le clapet qui joua tout naturellement. La porte s’ouvrit sans autre protestation qu’un léger grincement et Gilles se trouva dans un petit vestibule, pauvrement meublé de deux chaises de paille et d’un coffre sur lequel une chandelle brûlait dans un bougeoir de cuivre.
    Il fit quelques pas sans prendre la peine de les étouffer sur le carrelage rouge qui dallait l’entrée, espérant voir apparaître quelqu’un mais rien ne bougea.
    Au fond du couloir, il y avait une porte fermée. Une autre se découpait en face du coffre, et sous celle-là filtrait un rai de lumière. Ce fut à celle-là que Gilles frappa.
    — Entrez ! fit une voix étouffée.
    En s’ouvrant, la porte découvrit une pièce d’assez belles dimensions qui devait servir à la fois de salon et de salle à manger. Une table, quelques chaises tendues d’un tissu râpé, un buffet, trois fauteuils couverts d’indienne à fleurs criardes, une petite commode et une horloge en formaient tout le mobilier. Une femme était assise dans l’un des fauteuils, tournant le dos à la porte et les pieds appuyés sur les chenets d’une cheminée où flambait un grand feu.
    — Madame, commença Gilles, je vous supplie de me pardonner une intrusion parfaitement insolite à cette heure, mais je voudrais savoir si Monsieur Beausire habite bien cette maison.
    La dame se leva lentement, comme si elle avait des difficultés à se mouvoir, et en s’appuyant des deux mains aux bras de son fauteuil. Elle était grande, blonde et, quand elle se tourna vers lui, le chevalier retint une exclamation de surprise car cette femme, c’était celle qu’il avait vue dans le Bosquet de Vénus, c’était celle qui ressemblait à la Reine… En outre elle était fort peu vêtue, d’un peignoir de mousseline transparente qui, visiblement, fermait mal.
    — C’est bien ici, Monsieur ! Puis-je savoir ce que vous désirez ?
    Sa voix était à peine audible et elle paraissait terrifiée, mais Gilles n’eut même pas le temps de lui demander pourquoi : une tenture dissimulant sans doute l’entrée d’une autre pièce venait de se soulever. Deux hommes parurent, masqués de noir et l’épée à la main, au moment même où trois autres sortaient de ce qui devait être la cuisine…
    Le jeune homme demeura un moment immobile tandis que la femme, avec un faible cri, se jetait sur lui comme pour lui faire un rempart de son corps en jouant, mal d’ailleurs, la comédie du désespoir.
    — Sauve-toi ! Sauve-toi si tu m’aimes ! balbutia-t-elle d’une voix étranglée.
    Gilles la repoussa si brutalement qu’elle alla choir à la renverse dans un fauteuil qui s’effondra avec elle puis tira son épée dont il abaissa lentement la pointe devant lui.
    — Qu’est-ce que tout cela signifie ! fit-il froidement.
    L’un des deux hommes apparus en premier s’avança vers lui en donnant tous les signes d’une indignation grotesque.
    — C’est à vous de nous le dire, misérable, vil suborneur ! Il y a longtemps que je me doutais de quelque chose mais enfin je vous prends la main dans le sac, mes tourtereaux ! Vous êtes témoins, messieurs, que je viens de surprendre ma femme à peu près nue, en compagnie de son amant.
    Il y eut un murmure

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