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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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tendresse cruelle en face de la souris qu’elle va griffer puis croquer dans un instant…
    — Eh bien, comtesse, dit le chevalier avec un nonchalant sourire, de quoi souhaitez-vous parler ?
    — De vous !… de moi !… pourquoi me détestez-vous sans me connaître ? fit-elle à brûle-pourpoint. Est-ce parce que je ressemble à quelqu’un que vous aimez… beaucoup ?
    — Qui vous a dit que je vous détestais, Madame ?
    — Personne. Ce n’est qu’une… impression.
    — Une impression erronée. Comment pourrais-je vous détester alors que nous nous voyons pour la première fois ?
    — Nous nous parlons pour la première fois. Mais nous nous sommes déjà vus… Souvenez-vous, dans cette même rue, un soir. Vous sembliez attendre quelque chose et j’ai cru naïvement que c’était moi, que… je vous plaisais. Alors qu’en fait c’était une autre que vous attendiez, une autre qui est venue plus tard et que vous aimez ! Car vous l’aimez, n’est-ce pas, cette Julie de Latour ?
    — Je vous aurais peut-être aimée si je vous avais connue avant elle, fit Gilles, surpris par la soudaine tristesse qui pesait dans la voix de la comtesse.
    Elle haussa ses blanches épaules.
    — Certainement pas ! Je ne suis pas de celles que peut aimer un homme d’honneur, n’est-ce pas ?
    — Madame ! Votre époux…
    Elle reposa la tasse que le tremblement soudain de ses mains fit tinter. Des larmes mal contenues brillaient à présent dans ses yeux.
    — Ne me parlez pas de lui, se plaignit-elle à voix basse. Il est le mauvais génie de la pauvre fille que j’ai été… que je suis peut-être encore mais que pouvais-je espérer d’autre ? Avez-vous jamais connu la misère, chevalier ?
    — La misère, non, mais une grande pauvreté, oui, Madame, dit-il gravement.
    — Ce n’est pas pareil ! La faim, le froid, la neige comme cette nuit quand on ne sait comment s’en défendre et qu’on n’est qu’une toute petite fille, ce sont des choses qu’on ne peut oublier… Pour éviter le retour de ce cauchemar on ferait n’importe quoi…
    Surpris par cette douleur soudaine et incapable de résister à la pitié que faisait lever en lui toute souffrance il prit doucement la main que Jeanne crispait sur les branches fragiles de son éventail.
    — La misère est loin, à présent ; elle ne reviendra plus jamais. Vous avez des amis riches, puissants…
    — Que sont des amis riches, puissants auprès d’un amour vrai ? souffla-t-elle avec une sorte de rage. Vous qui le connaissez, cet amour, gardez-le, gardez-le précieusement. Et tenez… partez, chevalier, partez à l’instant même. Ne restez pas plus longtemps dans cette maison. Mon mari… vous déteste, vous craint, je ne sais pourquoi.
    — Votre mari ? Mais que lui ai-je fait ?
    — Rien, sans doute, mais avec lui cela suffit.
    Elle semblait tout à coup si inquiète, si fébrile, qu’il lui sourit d’un air encourageant. Était-ce là ce danger dont avait parlé Mlle Colson ? Il n’était pas bien grand dans ce cas mais, pour une vieille demoiselle, La Motte pouvait prendre aisément des allures de croquemitaine.
    — Je pars, dit-il… et je vous remercie. Mais n’aviez-vous pas quelque chose à me dire, ou bien ce qu’annonçait le billet rose n’était-il qu’un appât ?…
    — Le billet… mon Dieu, c’est vrai, j’allais oublier !… Non, ce n’est pas seulement un appât. On a réussi à reprendre Julie à ce démon de Cagliostro, ce mage maudit qui s’en sert pour ses expériences démoniaques, mais…
    — On ? Qui, on ?
    — Je ne puis vous le dire mais elle est obligée de se cacher, car le Diable est puissant, rusé. Il semble avoir des yeux partout.
    — Dites-moi où elle est, rien de plus, et je m’en vais…
    Elle jeta un regard circulaire autour d’elle comme si elle craignait d’être entendue, déploya son éventail et l’agita doucement tandis qu’un sourire revenait sur ses lèvres.
    — Rue de Cléry, n o  15… chez un exempt de police, un certain Beausire ! Mais, pour l’amour de Dieu, ne faites semblant de rien. On nous observe. Plus haut, elle ajouta : Je suis navrée que vous deviez partir, chevalier, mais vous reviendrez, n’est-ce pas ?
    Elle lui tendait la main. Il la prit, la baisa.
    — Je n’y manquerai pas, comtesse, et j’aurai plaisir à revenir chaque fois que vous voudrez bien m’y autoriser…
    Il repassa dans le premier salon. La partie faisait

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