Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
secret…
    — Je crois que c’est justement parce que j’étais presque mort que j’ai vu, tu entends, « vu » comme un spectateur devant une scène de théâtre, ce qui s’est passé dans cette chambre. Je sais qu’il y avait, autour de mon lit, Cagliostro, Judith, toi, Pongo et Mme d’Hunolstein, mais personne d’autre. Que dis-tu de cela ?
    — Que c’est une très bizarre chose et, dans ce cas, qu’il vaut mieux ne pas dire à ton… hôtesse que tu sais. Elle a une redoutable peur du Cagliostro.
    — Je commence à croire que tout le monde a peur de tout le monde ici ! Mais tu as raison : je ne lui dirai rien…
    Il n’avait d’ailleurs plus de questions à poser. Il savait qu’il n’était pas fou, il savait que le médecin italien allait venir s’installer à Paris et il savait, surtout, que Judith l’aimait d’un amour égal au sien. Il pouvait prendre sa guérison en patience.
    La longue convalescence qu’il dut subir se révéla d’ailleurs, à l’usage, une agréable période de rémission. L’Hermitage était une charmante maison et Aglaé une charmante hôtesse qui faisait de son mieux pour distraire et fortifier un malade auquel visiblement elle s’attachait, mais qui le lui rendait bien. Le charme de la jeune femme était de ceux qui séduisent et retiennent.
    Chez Tournemine, cet attachement se doublait d’une vive reconnaissance mais, chose étrange si l’on considérait la qualité de beauté essentiellement voluptueuse de la belle Provençale, elle n’éveillait en lui que des sentiments purs de tout désir. S’il l’aimait, c’était avec la chaude tendresse d’un frère pour une sœur aînée très belle et très admirée mais rien de plus…
    Grâce à elle les amis de Gilles prirent l’habitude de se réunir quotidiennement ou presque autour du lit, puis de la chaise longue où il redevenait lentement lui-même. Winkleried d’abord, lorsqu’il n’était pas de service, accourait depuis Versailles apportant toujours, avec le vent de ses chevauchées forcenées, une saine bouffée de l’air vif du dehors. Barras ensuite, qui vivait du jeu, plutôt mal que bien, et parfaitement désœuvré en dehors de ses nuits passées dans les tripots, venait se chauffer les pieds au feu de la cheminée en buvant force tasses de chocolat et en racontant les derniers potins de Paris. L’excellente Mlle Marjon, elle aussi, fit plusieurs fois le voyage depuis la rue de Noailles afin d’assurer elle-même son pensionnaire de son affection… et de lui apporter les lettres qui s’entassaient chez elle, lettres parfumées à la rose dont Gilles devinait trop bien la provenance et qu’il la priait régulièrement de remporter sans même les avoir ouvertes.
    — Le mieux est, si l’on vient vous interroger, que vous prétendiez ignorer tout de l’endroit où je me trouve. Cela vous sera plus facile si vous pouvez éventuellement rendre ces lettres à leur propriétaire.
    Elle s’exécutait de bonne grâce, regrettant vivement dans son for intérieur de n’avoir pas le plaisir de veiller elle-même sur la convalescence de son locataire. Mais, instruite par l’assaut dont sa maison avait été le théâtre, elle admettait sans peine que l’Hermitage, enclos dans un domaine des Orléans, assurait une sécurité que son pavillon était incapable d’offrir.
    Le duc de Chartres, qui apparut un matin flanqué du Lieutenant de Police Lenoir, en avait assuré lui-même le jeune homme.
    — C’est en mon nom que l’on vous a attaqué, chevalier, lui dit-il. Il y va donc de mon honneur que vous ne quittiez cette maison qu’entièrement guéri et seulement quand vous serez en état de reprendre votre service à la Maison du Roi. J’y tiens essentiellement et, si vous le voulez bien, c’est un sujet que nous ne discuterons plus car je ne sais personne d’assez fou pour oser s’en prendre à l’un de mes amis sur mes terres. À présent, veuillez écouter ce que souhaite vous dire Monsieur le Lieutenant de Police.
    Lenoir venait, en fait, recueillir la déposition du blessé car, il n’en fit aucun mystère, l’enquête, ordonnée cependant par le Roi en personne que Winkleried avait averti et exigée par Chartres, piétinait lamentablement. Le sieur Beausire avait disparu sans laisser plus de traces qu’un oiseau dans l’air et sa maîtresse, une certaine Nicole Legay, dite Oliva, la femme qui ressemblait à la Reine, s’était elle aussi volatilisée. Il

Weitere Kostenlose Bücher