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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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guère difficile. Il suffisait d’avoir à vos gages l’un des serviteurs de Mme d’Hunolstein.
    — Vous me faites crédit de bien peu de puissance, Monsieur ! fit dédaigneusement le médecin. Le bas espionnage ancillaire n’est pas mon fait. Puisque vous doutez de mon pouvoir, voulez-vous que je vous dise ce que vous avez fait depuis vingt-quatre heures ? Vous verrez ainsi qu’aucun serviteur à gages n’aurait pu m’en dire autant.
    — Faites !…
    — Vous avez quitté le pavillon de l’Hermitage, sans esprit de retour, à deux heures dix, dans la voiture que vous avait amenée votre ami, le baron von Winkleried. Vous lui avez d’ailleurs reproché de vous traiter en vieille femme, assurant qu’il aurait beaucoup mieux fait de vous amener votre cheval, Merlin. Vous avez fait à la baronne des adieux qui lui ont mis les larmes aux yeux. Je crois… qu’elle aurait aimé vous garder un peu plus longtemps, mais elle est destinée à vous revoir ! De là vous êtes rentré directement à Versailles où votre propriétaire vous attendait…
    « C’est une bien charmante demoiselle. Ses sentiments pour vous sont ceux d’une mère et elle avait fait, pour vous accueillir, une superbe toilette. Une robe de soie grise, n’est-ce pas, avec des rubans et un bonnet roses ? Elle pensait vous offrir noblement sa main à baiser mais en vous revoyant, elle n’a pas pu résister et elle s’est jetée dans vos bras en pleurant… J’ajoute qu’elle avait préparé pour vous un repas des plus fins. Il y avait, je crois, une alose au beurre blanc, des cailles farcies, des cardons à la moelle, le tout arrosé de ce bourgogne que vous aimez tant. Mais vous n’avez pas voulu vous mettre à table tout de suite. Vous avez couru à l’écurie afin d’y retrouver votre cheval et là vous avez pris sa tête dans vos bras… et vous l’avez embrassé ! Est-ce que cela vous suffit ou bien désirez-vous savoir autre chose ?
    — Ma foi non, cela suffit ! souffla Gilles abasourdi. C’est de la magie… de la sorcellerie !
    — Disons de la clairvoyance, le mot est plus aimable, moins dangereux aussi, bien qu’en notre siècle de Lumières on ne brûle plus les sorciers.
    — Admirable ! En ce cas, et puisque vous semblez posséder le don de lire à votre gré dans la pensée, vous devez savoir aussi pourquoi je suis ici ce soir ?
    — En effet ! Encore que votre pensée ne soit pas des plus claires… même pour vous-même ! Vous êtes venu ici partagé entre le désir de me témoigner votre reconnaissance et l’envie de me combattre parce que vous voyez en moi un obstacle à votre bonheur…
    Cagliostro s’était assis dans le grand fauteuil de cuir brun, patiné par le temps, de sa table de travail. Les coudes sur la table, le menton dans ses mains, il dardait sur le jeune homme un regard si étincelant que celui-ci se sentit brusquement mal à l’aise. Afin d’échapper à son pouvoir, il se leva, s’éloigna de quelques pas comme s’il souhaitait examiner les objets renfermés dans une vitrine.
    — Ne l’êtes-vous pas ? dit-il amèrement.
    — En aucune façon !
    — Allons donc ! Vous prétendez lire dans les âmes, vous savez donc à quel point j’aime Mlle de Saint-Mélaine, vous savez que je lui ai voué ma vie et qu’il n’est aucune de mes actions, en dehors du service dû à mon roi, dont elle n’ait été l’inspiratrice, le moteur et le but. Cependant, sachant tout cela, vous voulez me faire croire que mon amour peut lui être néfaste ?
    — Je ne veux pas vous le faire croire car vous ne le croirez jamais ! Et pourtant cela est ! dit le mage tristement. Parce que vous aimez très profondément et très ardemment vous vous croyez de taille à vaincre tous les obstacles, à combattre toutes les armées du monde pour défendre votre bonheur. Pourtant, vous n’êtes qu’un homme… ainsi que vous venez d’en avoir la preuve tragique. Par mon humble entremise le Créateur vous a rendu la vie, la force… mais pas la paix car votre destin vous pousse en avant. Vous êtes de ceux qui peuvent atteindre à la gloire. Malheureusement votre chemin passe par trop d’embûches, de sang et de drames pour qu’il soit sage d’y attacher une femme.
    — Que savez-vous de mon destin ? s’écria Gilles avec colère. Et pourquoi serais-je le seul officier du Roi qui ne devrait pas avoir droit à un foyer, à une famille ? Au nom de quoi empêchez-vous Judith de venir

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