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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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palefrenier qui se chargea du cheval et guida le visiteur vers le fond de la cour où, sous un portique vaguement grec, s’ouvrait un large vestibule et s’enroulait la dernière volée d’un bel escalier de pierre blanche. Des banquettes couvertes de velours rouge étaient disposées au pied de cet escalier pour les nombreux visiteurs qui, journellement, assiégeaient la demeure du thaumaturge avec autant d’ardeur qu’ils avaient, tout récemment encore, assiégé le fameux baquet magnétique de Mesmer ; mais l’heure était déjà tardive et Gilles s’y trouva seul quand on le pria, du geste, d’y prendre place. Puis le valet disparut dans les hauteurs de la maison : il allait prévenir son maître…
    Un silence absolu régnait. Aucun bruit ne se faisait entendre : ni le grincement d’une porte, ni le craquement d’un parquet, ni l’écho d’un pas, comme si la maison cherchait, par son ambiance de mystère, à préparer dès le seuil l’esprit de ceux qui y pénétraient. Mais ce silence n’en fit éclater qu’avec plus de majesté le fracas du carrosse qui pénétra dans la cour quelques instants après Tournemine.
    Les valets d’écurie se précipitèrent. Les laquais accrochés aux ressorts du magnifique véhicule dont la laque pourpre se rehaussait d’armes imposantes sautèrent à terre, ouvrirent la portière et abaissèrent le marchepied pour permettre au cardinal de Rohan, superbe et rayonnant sous la pourpre cardinalice, de faire son apparition…
    Le prélat mit pied à terre, pénétra dans la maison d’un pas vif et s’élança dans l’escalier en homme qui connaît les lieux et qui n’a aucun besoin d’introducteur. Gilles vit la robe rouge onduler sur les marches et disparaître. Il y eut le bruit d’une porte que l’on ouvre et que l’on referme, l’écho d’une voix puis plus rien… La maison retomba dans le silence…
    Le gigantesque valet reparut sans faire plus de bruit qu’un chat, informa Gilles, dans un mauvais français, que le comte le priait de patienter un moment puis disparut, laissant le jeune homme à des réflexions qui manquaient de gaieté : si le cardinal en avait pour longtemps l’attente risquait d’être longue…
    Mais, au bout d’une demi-heure, le cardinal reparut, et seul, ce qui était assez extraordinaire car les usages voulaient qu’un visiteur fût reconduit jusqu’à sa voiture par le maître d’une maison, à plus forte raison quand il s’agissait d’un prince de l’Église. En le voyant descendre l’escalier, Gilles se leva, salua tandis qu’à sa surprise le prélat venait vers lui.
    — Nous nous sommes déjà rencontrés, Monsieur de Tournemine, dit-il aimablement, mais je n’ai pas eu le plaisir que l’on vous présente à moi… Les jolies femmes ont de ces étourderies. Vous êtes breton, naturellement… et vous êtes l’homme que les Indiens ont surnommé le Gerfaut ?
    — En effet, Monseigneur. Votre Éminence me fait beaucoup d’honneur en se montrant si renseignée à mon sujet.
    — Vous êtes Tournemine, Monsieur, et je suis Rohan. Nos maisons sont aussi anciennes l’une que l’autre en Bretagne.
    — Mais la mienne a moins d’éclat, fit Gilles avec ce sourire qui lui donnait tant de charme. Le cardinal y fut sensible.
    — N’importe. Bien souvent nos ancêtres ont combattu côte à côte. En outre, j’ai eu l’occasion d’entendre parler de vous de façon plus intime, voici quelques mois, par un jeune Suisse qui a virtuellement pris mon hôtel d’assaut, quelque peu rossé mes gens et fait, dans mon cabinet, une irruption tout à fait spectaculaire. Vous avez de bons amis, Monsieur !
    — Le baron Ulrich-August von Winkleried zu Winkleried n’est pas l’homme des demi-mesures, Éminence. L’ouragan est son élément normal. Évidemment, il ne m’avait pas dit que les choses s’étaient passées de cette manière… tumultueuse et j’en demande bien pardon pour lui. Son excuse est qu’il était, je crois, sous le coup d’une grosse émotion.
    — Il n’a pas besoin d’excuses. Vous étiez mourant… une très vilaine histoire si j’ai bien compris, et ce pauvre garçon avait besoin du seul être qui pût, effectivement, agir puissamment en votre faveur. Lorsque quelqu’un cherche le grand Cagliostro, je me trouve tout de suite en communion d’idées avec lui. Je vois d’ailleurs que le miracle s’est produit une fois de plus. Vous êtes vivant et en parfaite santé

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