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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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apparemment.
    — En parfaite santé, en effet. Mais puis-je demander à Votre Éminence si Winkleried lui a appris comment… et grâce à qui j’avais été ainsi… endommagé ?
    La cardinal hocha la tête tandis que son regard bleu s’assombrissait.
    — Il l’a fait… mais je lui ai dit que j’avais peine à le croire. Il doit y avoir une confusion quelque part. La charmante comtesse est…
    — Une femme dangereuse, Monseigneur ! Sur la mémoire de tous ces vieux Tournemine qui furent souvent bons serviteurs des Rohan je supplie Votre Éminence d’y prendre garde.
    — C’est étrange ! Savez-vous que vous me dites, presque mot pour mot, ce que vient de me faire entendre Cagliostro ? J’admets qu’il y ait chez elle des bizarreries, des contradictions, des idées folles parfois mais, j’en suis certain, son cœur est bon et elle a fait pour moi des merveilles telles qu’il m’est impossible de les oublier. Mes paroles peuvent vous sembler obscures. Pourtant bientôt vous pourrez les comprendre mieux quand le Destin m’aura élevé à une place si haute que plus rien n’aura d’importance pour moi, sinon… la joie que j’aurai à m’entourer de gens tels que vous, Monsieur, et à leur faire tout le bien que je pourrai…
    Le souvenir de ce qu’il avait vu et entendu dans la nuit du Bosquet de Vénus revint à la mémoire de Gilles et surtout les paroles pleines de colère de la Reine ? « Savez-vous de quoi rêve cet homme ? D’être Premier ministre… » De quelle illusion insensée l’infernale comtesse de La Motte bernait-elle cet homme trop confiant ?…
    — Monseigneur… commença-t-il.
    Mais déjà Rohan prêt à se retirer lui offrait son anneau à baiser et le courbait sous le poids du respect religieux.
    — J’aurai toujours plaisir à vous voir, Monsieur de Tournemine, ne l’oubliez pas !…
    Malgré l’incorrection qu’il y avait à poursuivre un entretien contre la volonté d’un prince, Gilles allait se risquer à le retenir mais quelqu’un toucha sa manche et il s’aperçut que le valet était revenu sans qu’il l’entendît seulement approcher et lui faisait signe de le suivre… Le cardinal, d’ailleurs, était déjà remonté dans sa voiture.
    À la suite de l’homme il gagna le premier étage, traversa une antichambre sans fenêtres mais éclairée par une profusion de bougies et dont le mur était orné d’une grande plaque de marbre noir gravée de caractères orientaux et d’une sorte de prière dont les premiers mots étaient :
    « Père de l’Univers, Suprême Intelligence… »
    Le valet poussa une porte et le visiteur se trouva en face du maître de la maison…
    — Entrez, chevalier, dit Cagliostro. Je vous attendais…
    La pièce dans laquelle il se tenait était un grand cabinet sévèrement meublé de chêne sombre et encombré d’une foule d’objets étranges allant des cornues de l’alchimiste à des statuettes égyptiennes verdies par le temps. Des rayonnages chargés de livres montaient à l’assaut des murs. D’autres livres encore, d’énormes in-folio, s’empilaient à même le sol. Une table de travail chargée de papiers et d’échantillons de minéralogie occupait une petite partie de cette pièce dont les vastes dimensions échappaient un peu à la mesure car les murs qui n’étaient pas changés en bibliothèques étaient tendus de velours noir dissimulant sans doute d’autres portes. Une odeur d’encens et de myrrhe brûlée flottait dans l’air portée par la fumée bleuâtre qui montait d’un grand brûle-parfum de bronze posé sur un trépied.
    Cagliostro lui-même n’était pas moins impressionnant que son décor composé très certainement pour frapper l’imagination des foules. Son corps vigoureux disparaissait sous les plis d’une dalmatique noire où les signes du zodiaque apparaissaient brodés d’argent et de soie rouge. Ses cheveux, partagés en plusieurs cadenettes, se réunissaient sur la nuque sous un catogan noir et ses mains disparaissaient sous les éclairs lancés par une profusion de diamants et de rubis.
    Machinalement, Gilles s’assit dans le fauteuil qu’une de ces mains lui indiquait.
    — Vous m’attendiez, dites-vous ? Comment cela est-il possible ? Votre serviteur ne m’a même pas demandé mon nom…
    — C’était inutile. Je savais que vous alliez venir comme j’ai su, depuis plusieurs mois, chacune de vos actions.
    — Là où j’en étais, ce n’était

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