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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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par moi-même.
    « Le Ministre 1 me quitte le moins qu’il peut. Je n’en devine pas encore la raison mais cela ne tardera pas. Je n’ai pas, heureusement, affaire à un Égyptien comme ton Cagliostro qui devine le passé, prédit l’avenir. Il n’a pas le talisman qui fait parler les bijoux ; aussi je suis tranquille et je ne crains pas l’indiscrétion du mien.
    « Pardonne mes folies : il m’arrive si rarement de me divertir depuis quelque temps que tu seras sans doute charmé de m’avoir fourni l’occasion de m’égayer un instant. »
    Judith se tut. La main de Cagliostro se posa sur son épaule.
    — Très bien !… reposez-vous un moment après cet effort. Dans un instant, nous reprendrons.
    Les genoux de la jeune fille plièrent, elle s’assit sur ses talons et parut s’endormir cependant que Cagliostro se tournait vers Gilles qui la contemplait avec une sorte d’épouvante.
    — Eh bien ?
    — C’est effrayant !
    — Nullement ! Simplement le sommeil hypnotique fait surgir des profondeurs d’un être des pouvoirs insoupçonnés à la condition expresse qu’il soit entièrement pur. Judith est une voyante au degré le plus élevé. Je m’en suis aperçu lorsque j’essayais de l’arracher à la folie. Mais ce don, qui est une étincelle de pure divinité, ne peut vivre que dans le corps d’un enfant, ou d’une fille vierge. Voilà pourquoi j’essaie de la préserver de l’amour et du vôtre en particulier car, vous, elle vous aime. Souhaitez-vous savoir autre chose ?
    Sans en avoir clairement conscience, l’intérêt de Gilles s’était éveillé. Il en oubliait presque son amour car les paroles de la jeune fille découvraient devant lui des choses obscures, étranges et menaçantes.
    — Oui. Cette lettre incroyable… Il est impossible qu’elle ait été écrite par la Reine !
    — C’est ce que nous allons savoir. Reprenons, ma colombe ! Vous devez être reposée.
    D’un mouvement gracieux, la jeune fille se redressa. Ses grands yeux lumineux se posèrent de nouveau sur le cristal.
    — Revenez à la lettre que vous venez de lire. Examinez-la bien, regardez l’écriture.
    — Je la regarde.
    — Pouvez-vous dire qui l’a écrite. Est-ce la Reine ?
    — Non.
    — Est-ce une femme ?
    — C’est une femme qui l’a apportée, mais ce n’est pas elle qui l’a écrite.
    — C’est donc un homme ?
    — Oui.
    — Ne quittez pas la lettre. Pouvez-vous voir l’homme qui l’a écrite ?
    Judith hésita. À nouveau son front se plissa.
    — Je ne sais pas… Je ne le vois pas.
    — Voyez-vous la femme qui a apporté la lettre ?
    — Oui.
    — Cherchez autour d’elle !
    Il y eut un instant de silence puis, soudain, avec une expression d’indicible soulagement, la jeune fille s’écria :
    — Ah ! je le vois ! C’est un jeune homme pâle… Il a des cheveux roux. Il est habillé comme un Anglais… très élégant.
    — Reteau de Vilette ! traduisit spontanément Gilles. Encore lui ! Mais que vient-il faire dans cette histoire ?
    Cagliostro haussa les épaules.
    — Il est l’amant et l’âme damnée de la comtesse, de la comtesse qui vous hait parce que vous l’avez dénoncée à la Reine, et qui me hait tout autant d’ailleurs. C’est elle qui avait chargé les bandits dont vous m’avez défendu de m’assassiner.
    — Pourquoi ? Je vous croyais amis.
    — Nous avons été associés un temps… d’ordre supérieur ! Mais elle a vite eu peur de moi et elle a choisi de m’éliminer. À présent nous entretenons d’excellentes relations de façade. Nous soupons ensemble, nous nous adorons… Le succès que je rencontre à Paris l’impressionne, ma fortune aussi et elle essaie de me séduire. Tout ce qui brille l’attire : l’or… les diamants, les bijoux…
    Il étala devant lui ses mains chargées de pierreries auxquelles la flamme des chandelles arracha des éclairs. Une idée soudaine traversa l’esprit de Gilles.
    — Il y a quelques mots, dans cette prétendue lettre de la Reine, que je n’ai pas compris. Qu’est-ce que ce bijou auquel il est fait allusion ? Le cardinal n’a tout de même pas l’audace d’offrir des bijoux à la Reine ?…
    Un gémissement poussé par Judith le fit tressaillir. Toujours aussi droite, le regard toujours fixé sur la carafe, la jeune fille se plaignait.
    — Je suis lasse !… Je suis si lasse !…
    Vivement, Cagliostro alla vers elle, la prit sous les bras pour l’aider

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