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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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commandé à sa volonté, les bras du jeune homme retombèrent, libérant Judith sans qu’elle protestât. Elle se redressa, se tourna vers le regard étincelant qui l’appelait, alla à lui d’un pas qui avait perdu sa souplesse habituelle au profit d’un bizarre automatisme.
    — Me voici, maître…
    Et elle alla, sans qu’il fût besoin de le lui ordonner, s’agenouiller devant la table.
    — Qu’est-ce que ce nouveau tour ? gronda Tournemine, inquiet. Que lui voulez-vous ?… Reviens, Judith, ne l’écoute pas !
    — Elle ne vous entend pas. Soyez en repos, je vous répète qu’elle n’éprouvera aucun mal de tout ceci. Mais vous, vous, aveugle et sourd qui ramenez les manifestations de la puissance divine aux misérables limites de l’amour humain, je vais vous faire toucher du doigt votre erreur et votre aveuglement. Tout à l’heure, dans le vestibule, vous avez rencontré, n’est-ce pas, le cardinal de Rohan ? Il vous a parlé ?
    — En effet, mais…
    — Je vais vous dire plus : vous avez été sur le point de lui apprendre certaines choses qu’il est incapable d’entendre car lui aussi, tout comme vous, est sourd et aveugle à ce qui n’est pas sa passion. Vous plairait-il de savoir ce que fait, à cette minute précise, le cardinal ?
    Le regard clair du jeune homme soutint celui, sombre et scintillant, du médecin.
    — Pourquoi pas ?
    Cagliostro hocha la tête et posa, très doucement, sa main droite sur la tête de la jeune fille.
    — Un grand personnage a quitté cette maison voici peu. C’est un prêtre, un cardinal. Cherchez-le ! Est-il encore dans sa voiture ?
    Les paupières de la jeune fille battirent rapidement puis son regard se fixa sur la carafe dans les profondeurs de laquelle la lumière faisait vivre des zones lumineuses et des ombres. Sa voix, étrangement lointaine, s’éleva :
    — Je vois la voiture… Elle est arrêtée devant le perron d’un hôtel illuminé mais elle est vide.
    — Où est le cardinal ? Je vous ai dit de le chercher.
    — Il est dans une grande chambre, une chambre très belle, très riche…
    — Pouvez-vous la décrire ?
    — Elle ressemble à un jardin de rêve… Il y a des boiseries peintes. Je vois des fleurs, des arbres… oh ! et des petits animaux noirs, des singes, je crois…
    — Très bien. Le cardinal est dans sa chambre. Qu’y fait-il ?
    — Il écrit…
    — À qui écrit-il ?
    — À une femme… une femme qu’il appelle « le Maître »…
    — Savez-vous qui est cette femme ?…
    — Ce n’est pas difficile, elle occupe entièrement sa pensée. C’est la Reine !…
    — Que lui dit-il ?
    — Rien pour le moment… Il n’est pas satisfait de ce qu’il a écrit. Il froisse sa lettre, il la jette… Il prend une autre lettre qui est ouverte devant lui… Il la relit… C’est une jolie lettre… Je vois un papier à tranche dorée, une fleur de lys d’or gravée dans un coin…
    — Pouvez-vous lire cette lettre en même temps que lui ?
    Le front de la voyante se plissa sous l’effort tandis que Gilles, d’un revers de main, essuyait la sueur qui coulait du sien.
    — « D’après tout ce que j’ai entendu dire de l’homme extraordinaire dont tu me parles, je ne peux le regarder que comme un charlatan ; c’est peut-être une prévention de ma part et je sais, par expérience, qu’on ne doit jamais juger personne sur le rapport des autres mais j’ai beaucoup de raisons pour ne pas céder à tes instances. Je ne suis pas superstitieuse et l’on m’en fait difficilement accroire, mais comme ces sortes de gens font quelquefois des choses qui vous étonnent et vous disposent par là à voir et croire tout ce qu’ils vous disent, je ne suis point dans une position à endurer de pareilles épreuves. D’ailleurs, il serait très difficile et même impossible de le recevoir aussi mystérieusement que je le voudrais et tu sais les précautions que j’ai à prendre en ce moment.
    « La Comtesse m’a beaucoup fait rire en me racontant la dernière scène ; cela tient du prodige et me donne le plus grand désir de voir le Grand Copte. Cependant, si j’en crois la Comtesse, il faut être bien innocent pour voir les mystères de ce grand homme mais, à en juger d’après les circonstances de tous ses apprêts, je crois qu’il te regarde, ainsi que la Comtesse, comme deux innocents et vous traite comme deux dupes. Ne te fâche pas de ma franchise, je te promets d’en juger

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