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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Chevalier… articula une voix aimable.
    Gilles vit alors, braqué sur lui, un gros pistolet fermement tenu en main par un homme tout vêtu de noir qui se tenait assis au fond de la voiture.
    — Qu’est-ce que cela signifie ? Qui êtes-vous ?…
    — Asseyez-vous et restez tranquille ! Vous le verrez bien.
    Il n’y avait rien d’autre à faire qu’à obéir. Gilles s’assit près de l’homme en noir dont l’arme décrivit un léger arc de cercle pour continuer à viser son cœur. Le messager en livrée monta derrière lui et, brusquement, le jeune homme ne vit plus rien : on venait de lui appliquer un bandeau sur les yeux.
    La portière claqua. La voiture s’ébranla en cahotant sur les gros pavés carrés de la rue. Coincé entre ses deux ravisseurs, Gilles s’efforçait de mettre de l’ordre dans ses pensées et surtout de garder son calme.
    — Où m’emmenez-vous ? demanda-t-il froidement.
    — Nous ne sommes pas autorisés à vous l’apprendre. Mais rassurez-vous, il ne vous sera fait aucun mal. Nous avons ordre de vous traiter avec les plus grands égards.
    — Jolis égards ! Vous êtes d’assez impudents coquins pour avoir osé vous servir du nom sacré de Sa Majesté la Reine… et de sa livrée. Car j’imagine qu’elle n’y est pour rien ?
    — Absolument pour rien ! ricana l’homme en noir. Mais, si vous le permettez, nous allons prendre une petite précaution supplémentaire. Les égards en souffriront peut-être un peu et vous voudrez bien nous le pardonner mais, voyez-vous, on ne nous a pas dit que vous étiez un gaillard de cette carrure… et un mauvais coup est bien vite arrivé !
    En un clin d’œil et avec une vélocité qui dénonçait une longue habitude, les mains du jeune homme furent liées étroitement puis, avec un soupir de soulagement, l’homme reprit sa place et la voiture continua sa route dans le silence.
    Dans les débuts du voyage, Gilles s’efforça de suivre, par la pensée, le trajet de l’attelage, mais il acquit bientôt la conviction que l’on tournait en rond afin de brouiller la piste et quand, enfin, les chevaux s’élancèrent le long d’une ligne droite, il ne lui était plus possible de définir dans quelle direction ils se dirigeaient tant on avait décrit de méandres et de détours. Tout ce qu’il put constater c’est que l’on ne roulait plus sur des pavés…
    Quand la voiture s’arrêta enfin, après avoir décrit une courbe et cahoté dans un chemin en pente qui devait être détestable tant il secoua les voyageurs, Tournemine avait évalué le trajet à une heure environ. Ses deux gardiens le prirent chacun sous un bras, le firent descendre de voiture et le guidèrent avec des soins attentifs à travers ce qui était peut-être une prairie en pente car il sentit une déclivité et de l’herbe sous ses pieds. L’air nocturne était humide. Un léger bruit d’eau courante se faisait entendre. Une porte grinça sous la main de l’un des gardiens.
    — Prenez garde à la marche ! dit-il.
    On était à présent dans une maison qui devait être assez vétuste car cela sentait furieusement le moisi et l’atmosphère était celle d’une cave mais Gilles eut l’impression que l’on suivait un couloir dallé. Une porte s’ouvrit, puis une autre et, enfin, après que l’on eut descendu une volée de marches glissantes, un peu de lumière filtra sous le bandeau du prisonnier. Mais on ne le lui enleva pas…
    Toujours aveugle, on le conduisit jusqu’à ce qui devait être un lit ou un divan recouvert d’une fourrure sur lequel on le fit étendre non sans s’être assuré que le bandeau tenait bien sur ses yeux et que les entraves de ses mains étaient trop solides pour qu’il pût s’en défaire. Mais quand deux mains immobilisèrent ses jambes pour lier aussi ses pieds il se tordit comme un ver, essayant d’échapper à l’étreinte de ses ravisseurs.
    — En voilà assez ! hurla-t-il furieux. Dites une bonne fois ce que vous voulez de moi et finissons-en !…
    Mais personne ne lui répondit. Les hommes achevaient leur ouvrage. L’un d’eux glissa un oreiller sous sa tête puis ils parurent s’éloigner car Gilles entendit leurs pieds traîner sur un sol inégal. Pendant un moment il y eut un silence au fond duquel naquit bientôt l’écho d’un autre pas, plus léger, accompagné du frou-frou d’une robe de soie. Un parfum de rose parvint jusqu’aux narines du jeune homme…
    — Eh bien, chevalier, fit

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