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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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traces possible !
    Brusquement, il repensa au présent que lui avait fait Maria-Luisa, tâta sa ceinture et constata avec joie que l’émeraude y était toujours. Mentalement, il envoya une pensée reconnaissante à cette femme qui, peut-être, allait le pleurer un moment avant de le remplacer. Au moins, il n’aurait pas tout perdu car l’évolution de sa fortune allait subir un sérieux ralentissement à présent. Puis, avec décision, il se coula dans l’eau noire et nagea avec vigueur vers l’autre berge où il réussit à se hisser sans trop de difficulté. Là, il s’accorda un instant de repos pour reprendre son souffle. Le lieu était parfaitement désert et le silence était complet quand la voix enrouée d’un coq vint le troubler. Cette fois, le jour n’était plus loin… Se relevant, Gilles prit sa course vers le bouquet d’arbres que lui avait indiqué Pongo comme lieu de rendez-vous sans même sentir les aspérités du chemin : de son séjour en Amérique il avait rapporté une épaisse couche cornée qui protégeait efficacement la plante de ses pieds et lui permettait, quand le besoin s’en faisait sentir, de se passer de chaussures, exactement comme les Indiens.
    Un moment plus tard, juste comme le ciel commençait à blanchir vers l’Orient, un galop de chevaux se fit entendre et Pongo apparut monté sur son propre coursier qu’il n’avait eu garde d’oublier et conduisant Merlin par la bride. Au troussequin de la selle, Gilles reconnut son portemanteau et adressa au ciel une nouvelle action de grâces : l’irremplaçable Pongo avait trouvé moyen de faire un tour dans la chambre de son maître et d’y rafler ses armes et la majeure partie de ses affaires. Du coup, Gilles l’embrassa :
    — Tu es vraiment mon bon génie, Pongo ! Je ne sais pas ce que je ferais sans toi… En selle, maintenant ! Je m’habillerai tout à l’heure. Le jour arrive vite.
    En enfourchant Merlin, Gilles se sentit envahi d’une joie toute neuve. Il y avait longtemps qu’il ne s’était senti aussi heureux d’être vivant. Aussi heureux, au surplus, de reprendre la route ! Mort en Espagne, il lui restait à regagner la France pour y ressusciter tout à son aise.
    Certes, il ne regretterait guère cette terre brûlante et plus sauvage encore que sa Bretagne. L’amour de Maria-Luisa lui était devenu une charge et, tout au fond de son cœur, il avait gardé une nostalgie de la France et du double service qu’il y avait laissé : celui du bon roi Louis qui lui faisait l’effet d’un exaltant maître, celui de Judith dont, après chaque aventure féminine, il retrouvait le souvenir doux-amer fidèlement lové au creux le plus chaud de son cœur, de Judith dont, depuis son arrivée, il n’avait pas reçu la moindre nouvelle. Le Prévôt de Paris et le Lieutenant de Police l’avaient-ils vraiment recherchée ou bien ne lui avait-on délivré que de bonnes paroles ? Au fond, Gilles se connaissait assez pour savoir qu’il n’aurait pas supporté ce silence, cette ignorance durant des années, ni même des mois… même s’il avait pu contenter le caprice violent que lui avait inspiré la belle maja inconnue.
    « Tu ne connaîtras jamais le goût de ses baisers, mon garçon, soliloquait-il mentalement tandis que les sabots allègres de Merlin volaient dans la poussière jaune de la route. Une nuit ou deux chez Paco, le temps de prévenir Jean pour qu’il ne me croie pas mort et ne s’attribue pas prématurément mon héritage… et à nous le grand chemin de la douce France ! Allons rejoindre un peuple civilisé ! »
    Après une heure de chevauchée qui acheva de réchauffer les muscles transis du rescapé, on s’arrêta près d’une grange à demi ruinée qui s’élevait non loin de la route afin que Gilles pût s’habiller de façon moins sommaire. Le soleil, le vent de la course et la chaleur de son corps avaient à peu près séché sa chemise et sa culotte. Il se contenta d’endosser une veste de drap gris, d’enfiler une paire de bottes souples en daim de même nuance et de recoiffer ses épais cheveux blonds. Puis adressant à Pongo un large sourire :
    — Je meurs de faim ! Je ne sais pas si c’est compatible avec ma qualité de défunt, mais je pourrais manger des pierres. Tu n’as rien dans tes sacoches ?
    — Rien ! Temps manquait pour faire tour cuisines.
    — Alors il faut trouver une auberge. Il y en a une près du pont de la Jajama. Elle n’est sûrement

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