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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Probablement une noble dame, car cet équipage va trop bien avec votre toilette pour qu’il ne soit pas à vous mais je ne vous ai jamais vue à la Cour. Vous n’en demeurez pas moins, à mes yeux, la plus jolie femme de toutes les Espagnes !
    Le sourire s’accentua.
    — Une femme qui ne sait pas apprécier un compliment un peu brutal n’est qu’une sotte ou une hypocrite. Mais… pourquoi donc disiez-vous que vous n’espériez plus me revoir ?
    — Parce que je pars, Madame, je quitte l’Espagne sans espoir d’y revenir jamais…
    Les beaux sourcils noirs se relevèrent délicatement au-dessus des grands yeux sombres.
    — Vous quittez l’Espagne ?… alors même que votre faveur est, à ce que l’on prétend, sur le point d’atteindre les sommets ? Comme c’est étrange !
    — Les sommets sont pleins d’embûches. Et il est des faveurs redoutables. Je dois rentrer en France, Madame. Et le plus tôt sera le mieux. Vous n’imaginez pas les regrets que j’en ai…
    Mais elle ne l’écoutait plus. Depuis un instant, son regard s’était détaché de lui et se fixait avec une attention inquiète sur un point du paysage. Étonné, Gilles suivit la direction de ce regard et vit deux cavaliers, lancés comme des boulets de canon, qui dévalaient la pente pierreuse menant au pont suivie par lui quelques instants plus tôt. Et il n’était pas besoin de regarder ces cavaliers pour reconnaître des alguazils.
    Ils franchirent le pont en trombe, atterrirent non loin de l’auberge devant un gros arbre mort. L’un d’eux tira des fontes de sa selle un rouleau de papier qu’il entreprit de dérouler. La main gantée de la jeune femme vint se poser nerveusement sur celle de Gilles.
    — Rentrez dans l’auberge ! ordonna-t-elle. Elle est vide pour le moment.
    — C’est exactement ce que j’avais l’intention de faire car j’ai grand faim mais…
    — Pas de discours, chevalier ! Faites ce que je vous dis ! Si vous avez faim, dites à Pedro, l’aubergiste, de vous servir quelque chose. Il a un jambon acceptable. Mais ne sortez sous aucun prétexte ! Allons, faites vite… Emmenez votre valet, bien sûr. Et attendez-moi !
    Sans plus discuter, Gilles obéit et plongea dans les semi-ténèbres de l’intérieur. Il avait eu le temps d’entendre l’un des alguazils rassembler les gens épars sur l’aire de la halte à l’aide d’un petit tambour cependant que l’autre, visiblement, s’apprêtait à lire son papier.
    À l’intérieur, il était impossible d’entendre quoi que ce soit. Dans un coin de la salle enfumée, une vieille, accroupie dans les cendres de l’âtre, récurait des chaudrons avec un bruit de tambour cependant que, dans un autre coin, un jeune garçon coupait du petit bois pour le feu. Un homme de mauvaise mine, vêtu de toile sale, un grand couteau barrant la ceinture de laine rouge drapée autour de ses reins, sortit presque sous les pieds de Gilles, venant d’une caverne qui devait être la cave.
    — Que voulez-vous, hombre ? fit-il rudement.
    — Manger ! Boire !…
    — Je n’ai rien. Passez votre chemin…
    La réputation des auberges espagnoles n’était plus à faire pour Tournemine. Il savait depuis longtemps que si l’on voulait y trouver quelque confort il fallait l’apporter soi-même. Pourtant, il était en général possible de s’y procurer du pain, des oignons, parfois des tomates avec lesquels on vous confectionnait une salade, assaisonnée d’ailleurs avec l’huile qui servait à l’éclairage.
    — Pas très accueillant pour un aubergiste, commenta Gilles en tripotant la garde de son épée. La dame qui sort d’ici m’a pourtant parlé d’un jambon…
    — La dame… oh ! alors, prenez place, señor ! On va vous servir dans l’instant.
    Devenu soudainement toute grâce et toute obséquiosité, il s’empressait, torchonnait une table branlante, y faisait apparaître comme par magie un gros jambon à peine entamé, des galettes de pain point trop dures, la traditionnelle salade de tomates et oignons à l’huile de lampe et un pichet de vin qui ne sentait pas trop le vinaigre. Mais Gilles avait trop faim pour s’interroger longtemps sur l’étrange transformation de son hôte. Il s’attabla en face de Pongo et se mit en devoir de réparer ses forces.
    Au bout d’un court instant d’ailleurs, la belle inconnue reparut, si visiblement soucieuse que Gilles, reposant son gobelet, se leva. Chassant l’aubergiste d’un

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