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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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service, mais…
    — Pas de mais ! Je déteste ce mot-là !
    Elle alla se poser gracieusement sur le seul fauteuil de la chambre, invitant du geste les deux amis à s’établir qui sur un tabouret, qui sur un coffre de voyage.
    — Vous n’ignorez pas la chaude amitié qui m’unit à la princesse des Asturies, fit-elle malicieusement. Lorsqu’il s’agit de notre commune passion pour les pierreries, cette « amitié » atteint une sorte de paroxysme. Or, la veille de notre départ de Madrid, j’ai appris… de bonne source, que le chevalier d’Ocariz, consul général d’Espagne en France, avait été chargé par Doña Maria-Luisa, au moment de rejoindre Paris, d’une mission aussi importante que confidentielle : faire l’achat, chez les joailliers de la Reine de France, d’un certain collier de diamants unique au monde, paraît-il, mais d’un prix tellement élevé que la reine Marie-Antoinette, malgré le vif désir qu’elle en avait, n’a pu réussir à l’acheter.
    — Vous voulez parler, Madame la Duchesse, du fameux collier de Boehmer et Bassange, le collier aux six cent quarante-sept diamants ? demanda Batz dont les yeux s’étaient soudain rétrécis.
    — Celui-là même. On dit que c’est une merveille, un fleuve de feu qui eût été admirablement au noble cou de la Reine de France…, mais qui, selon moi, serait tout à fait déplacé sous le visage ingrat de la future Reine d’Espagne !
    Bien qu’il s’intéressât peu aux colifichets féminins, Tournemine connaissait lui aussi l’histoire du fabuleux collier commandé quelques années plus tôt par le roi Louis XV pour la comtesse Du Barry. Les joailliers de la Reine avaient mis longtemps à trouver sur tous les marchés du monde les pierres parfaites que le goût exigeant du souverain réclamait. Malheureusement pour eux, le Roi mourut à peu près au moment où les derniers diamants arrivaient à Paris, privant les deux hommes, qui s’étaient endettés jusqu’aux oreilles, d’un client à peu près irremplaçable. Et Gilles croyait entendre encore la voix méprisante de Fersen qui lui avait conté l’histoire.
    — Quelques mois de vie supplémentaires au roi Louis XV et une catin se parait d’un trésor qu’une souveraine ne pourra pas porter…
    — En ce qui concerne Sa Majesté, coupa-t-il avec un peu d’agacement, Votre Grâce est mal renseignée. Elle aurait parfaitement pu posséder le collier car chez nous chacun sait que le Roi voulait le lui offrir, en 1778, pour la naissance de leur premier enfant, la princesse Marie-Thérèse. La Reine l’a refusé, épouvantée par le prix qui correspondait à celui d’un vaisseau de ligne. C’est peut-être un peu grâce à elle si nous avons la meilleure marine du monde !
    La duchesse d’Albe partit d’un éclat de rire un peu forcé.
    — C’est bien possible. Mais moi qui n’ai aucune raison d’offrir des vaisseaux à mon seigneur époux qui n’en saurait que faire, ni même à l’Espagne qui ne m’en aurait aucune reconnaissance, j’ai décidé que ce collier m’appartiendrait. Vous aurez donc, mon cher ami, l’obligeance de le négocier pour moi… à quelque prix que ce soit, vous m’entendez bien ? L’important est de l’emporter sur Maria-Luisa. Cela fait, vous l’apporterez vous-même jusqu’à la frontière d’Espagne, où votre ami ici présent viendra le chercher, puisqu’il ne vous sera pas possible, jusqu’à nouvel ordre, de fouler à nouveau le sol espagnol.
    Batz intervint :
    — Acheter, surtout à n’importe quel prix – et il me semble bien me rappeler que celui des joailliers voyage autour d’un million et demi –, cela suppose la mise à disposition de l’acheteur d’une très forte somme d’argent !…
    — Tout est réglé de ce côté, baron. Le señor Cabarrus transférera deux millions à la succursale de Cadix de la banque parisienne Lecoulteux.
    Tournemine et Batz échangèrent un regard.
    — Nous connaissons très bien les Lecoulteux, fit le premier.
    — Tant mieux. Vos lettres d’introduction s’en trouveront simplifiées d’autant et cela me permet de constater, une fois de plus, que j’ai fort bien choisi mon messager, ajouta Cayetana avec un sourire. En ce qui vous concerne, Diego vous remettra à la frontière, avec tous les papiers de banque, une somme en or et une lettre de change pour vos frais. Non ! fit-elle impérieusement, coupant court au geste de protestation du jeune homme,

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