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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Gilles mi-amusé, mi-inquiet, je suis prêt à jurer qu’elle en aura fait son amant ! Lui ne demande que cela. Il avait un regard, l’autre jour, quand elle voltigeait à travers son atelier ! Reste à savoir ce que Paco retirera de cet amour : une inspiration plus ardente encore… ou un désastre ? »
    Quant à lui-même, c’était avec une sorte d’avidité qu’il suivait des yeux le chemin déroulé devant lui à l’infini… vers la France. Parfois, son regard glissait vers Pongo qui chevauchait paisiblement à la portière, en selle sur le superbe Merlin, et Gilles se sentait étouffer sous l’envie violente d’arracher ses ridicules oripeaux noirs, d’enfourcher son cheval bien-aimé pour retrouver sa chaleur et sa vitalité puissante et pour s’envoler avec lui jusqu’au bout de l’horizon, à la recherche de sa propre existence, d’un rêve coiffé de flammes qui s’était dissous dans les nuages depuis trop longtemps…
    L’apparition des vieux remparts de Fontarabie reflétés dans les eaux verdâtres de la Bidassoa lui arracha une exclamation dont il ne fut pas maître et qui fit froncer les beaux sourcils de Cayetana.
    — Es-tu donc si pressé de me quitter ? murmura-t-elle.
    Il lui sourit avec beaucoup de gentillesse et un peu de contrition.
    — Je suis pressé de redevenir moi-même, Cayetana… et aussi de me lancer dans l’aventure que vous m’offrez. Dieu m’a créé de telle sorte que je crois être beaucoup plus fait pour les bagarres et les horions que pour filer la laine sous les yeux d’une femme, ces yeux fussent-ils les plus beaux du monde ! ajouta-t-il en baisant doucement la main de sa maîtresse. Mais quand il voulut la reposer sur la robe cette main s’accrocha nerveusement à la sienne.
    — Regarde ! Qu’est-ce que cela ?
    On arrivait en vue de Behobia et du vieux pont jadis construit par les Romains dont les arches vigoureuses avaient porté durant tant de siècles le poids des foules de pèlerins en route vers Compostelle de Galice. Mais, cette fois, l’antique chaussée était déserte. À la hauteur de la croix de pierre portant les attributs de saint Jacques, un cordon de soldats rejoignait les deux parapets : le chemin était barré.
    La voiture s’arrêta, cependant qu’avec l’assurance d’un serviteur de grande maison, Diego poussait son cheval jusqu’à la poitrine des soldats :
    — Place ! cria-t-il, place à la voiture de Son Excellence la duchesse d’Albe !
    L’officier qui rêvait, adossé à la croix, mit le chapeau à la main pour répondre.
    — Nous livrerons passage à Son Excellence dès l’instant où elle nous aura remis son laissez-passer, dit-il tranquillement.
    Diego tira de sa poche une liasse de papiers.
    — Voici les passeports de Son Excellence et de sa suite. Nous nous rendons aux bains de Luchon où le docteur de Barrié attend Madame la Duchesse.
    L’officier hocha la tête.
    — J’ai parlé de laissez-passer, mon ami, non de passeports. Depuis une semaine, nul ne peut franchir la frontière française sans être muni d’un laissez-passer spécial, signé par le Roi en personne ou par le marquis de Florida Blanca. Et cela jusqu’à nouvel ordre.
    — Mais enfin, cela ne peut concerner la plus grande dame d’Espagne et…
    — Cela concerne tout le monde… même les membres de la famille royale s’il leur prenait fantaisie de se présenter ici.
    Cayetana, qui avait tout entendu, pâlit mais habituée à faire front, elle baissa la glace et passa la tête par la portière.
    — Venez ici, lieutenant ! Venez m’apprendre au moins la raison d’un ordre aussi extravagant.
    L’officier s’approcha de la voiture et salua respectueusement.
    — Un criminel en fuite, Excellence, recherché à la fois par la Justice et par la Très Sainte Inquisition. Et comme il s’agit d’un Français, il est naturel de lui barrer le retour vers son pays. Nous avons son signalement et, s’il se présente ici, Votre Seigneurie peut être certaine que nous ne le laisserons pas échapper.
    — J’en suis tout à fait certaine et je vous en félicite, lieutenant. Mais voulez-vous me dire comment je vais pouvoir me rendre à Luchon dans ces conditions ? Je n’ai jamais eu l’habitude de demander d’autorisation à qui que ce soit en ce bas monde… pas même au Roi ! En outre, je suis souffrante, je dois me soigner. Vous n’envisagez pas, j’imagine, de me renvoyer à Aranjuez faire antichambre chez

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