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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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quelque chose. Cayetana ne lui laissa pas beaucoup de temps pour se poser des questions.
    — Il y a ici quelqu’un qui désire vous voir, baron, fit-elle avec un sourire en se dirigeant à son tour vers ce lit. Vous pourrez parler en toute sécurité.
    Le nouveau salut, encore plus profond, de Batz tourna un peu court lorsque Gilles quitta l’abri des rideaux du lit tandis que le Gascon éclatait de rire.
    — Ainsi, c’était bien toi ? Sacrebleu, mon ami, j’en étais à douter de ma raison et à me demander comment, n’ayant bu depuis ce matin que deux gobelets de mauvais vin, je pouvais en être aux hallucinations…
    — Te voilà rassuré… et j’ajoute qu’il n’y a pas de quoi rire. Sans cette défroque de malheur et la protection de la duchesse, je serais à l’heure présente en train de me morfondre au plus profond d’un cachot de l’Inquisition, en attendant d’aller rôtir en public sur la Plaza Mayor au chant du Dies Irae…
    Batz changea de visage.
    — L’Inquisition ? Mais que lui as-tu fait ?
    — À elle ? Rien du tout…
    Et Gilles rapporta brièvement ce qui s’était passé à Aranjuez et à Madrid puis conclut son récit en tirant de sa ceinture la bague d’émeraude de Maria-Luisa.
    — Tiens ! Voilà tout ce qu’il me sera permis d’ajouter encore à ma fortune espagnole, car tu penses bien que ma situation de mort en fuite ne m’a guère permis de passer chez l’économe du régiment pour toucher ma solde. Tu la donneras à Cabarrus.
    Avec l’habileté d’un professionnel Batz fit jouer les pierres dans la lumière puis, fourrant le bijou dans son gousset avec un large sourire :
    — Je saurai parfaitement en quoi la transformer ! fit-il. Nos affaires vont bien d’ailleurs car j’ai fait, par l’entremise de la banque de San Carlos et de ton ami Cabarrus justement, quelques placements avantageux, dont plusieurs parts dans l’affrètement d’un navire marchand à destination de la Côte de l’Or…
    — La Côte de l’Or ? Pour en rapporter quoi ?
    — Mais… différentes choses. Du café, du cacao…
    — Tu es sûr ?
    — Voilà qu’à ton tour tu joues les inquisiteurs ! Je ne comprends pas ta question et moins encore le ton que tu emploies.
    — Excuse-moi. Mais, vois-tu, j’aurais horreur d’apprendre que nous essayons de faire fortune avec l’ignoble trafic de ce que l’on appelle pudiquement le « bois d’ébène ». J’ai vu des esclaves, en Amérique. J’admets que certains sont bien traités, heureux même, mais ce n’en sont pas moins des rebuts d’humanité… bien que pourvus d’une âme comme toi et moi…
    Batz haussa les épaules avec une désinvolture qu’un observateur averti eût peut-être trouvée un peu forcée.
    — Il y a des moments où je me demande si tu n’as pas gardé au fond de toi un vague regret de la prêtrise. Quel évêque tu aurais fait ! Non, rassure-toi, il n’a été jusqu’ici question que de denrées alimentaires. Fais-moi confiance, sacrebleu ! Évidemment je regrette de te voir partir mais tu peux être certain que tes affaires ne s’en porteront pas plus mal. Un détail, pourtant : cette bague est tout ce que tu possèdes, si j’ai bien compris. De quoi vivras-tu le temps de reprendre du service chez les Dragons et de toucher ta solde ?
    Gilles se mit à rire.
    — Ne m’as-tu pas montré le chemin au temps bienheureux de notre rencontre ? Je ferai comme toi : des dettes…
    Batz leva les yeux au ciel.
    — Et voilà ! Cela s’indigne vertueusement quand il est question de trafiquer des esclaves mais cela envisage le plus sereinement du monde de faire souffrir d’honnêtes commerçants parisiens.
    — Faire des dettes ne signifie pas que l’on refuse de les payer.
    — De toute façon, il n’en sera pas question.
    Cayetana venait d’entrer dans la conversation avec l’entière sérénité de quelqu’un qui sait parfaitement que personne n’osera lui reprocher d’avoir écouté aux portes. Gilles se tourna vers elle, sourcils froncés, déjà sur la défensive.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Simplement ceci : lorsque nous avons quitté Madrid, je vous ai dit que j’avais besoin de vous, en France, pour une mission de confiance. Je crois que le moment est venu de vous révéler la nature de cette mission. Votre ami, qui semble s’intéresser de près aux affaires, pourra, je pense, nous y aider.
    — Nous sommes l’un et l’autre à votre

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