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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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du génie.
    — Ma chère comtesse, vous devriez dire à votre mauvais sujet de mari de fréquenter davantage ces belles galeries neuves du Palais-Royal qui contribuent si fort à augmenter les agréments de Paris et à démolir la réputation de mon cousin d’Orléans qui se retrouve boutiquier, comme le lui a si bien dit le Roi. Mes espions m’ont appris que l’on y voit parfois une fille de joie, très jolie d’ailleurs, une certaine Nicole Legay qui se fait appeler d’Oliva… et qui ressemble beaucoup à la Reine… Mais nous verrons cela plus tard. La clef a-t-elle bien fonctionné ?
    — À merveille, Monseigneur. Le petit secrétaire s’est ouvert sans pousser une plainte. Les lettres y étaient, nouées d’un ruban de ce joli bleu Nattier que la Reine affectionne. Il y en avait une datée d’aujourd’hui, d’où j’ai pu conclure qu’Esterhazy est bien venu. Les autres, datées d’Italie, sont adressées à une certaine Joséphine qui est un nom de code bien entendu et elles sont arrivées par un nommé Fontaine. Ce Fontaine, si j’ai bien compris, est absent d’où la nécessité d’appeler Esterhazy pour porter le courrier entre Paris et Versailles.
    — Vous avez bien travaillé, comtesse, et j’ai là de quoi vous récompenser. Mais que disait cette dernière lettre ? L’avez-vous lue ?
    La femme, dont Gilles savait maintenant qu’elle n’était pas Judith, qu’elle ne pouvait pas être Judith – et malgré sa déception il ne pouvait s’empêcher d’en éprouver un certain soulagement –, la femme eut un petit rire de triomphe assez vulgaire.
    — J’ai fait mieux, mon prince… je l’ai volée et la voici !
    — Êtes-vous folle ? Et si quelqu’un vous a vue ? Qui vous dit, après tout, qu’il n’y avait absolument personne ? À Versailles tous les murs ont des yeux et des oreilles. Quant à la Reine, elle va chercher cette lettre, naturellement, interroger ses femmes…
    — Pour retrouver une lettre de son amant ? Allons donc, Monseigneur ! Je ne vois pas bien comment elle pourrait s’y prendre. Elle pensera plutôt que dans le tohu-bohu de la soirée elle l’aura rangée ailleurs. Elle cherchera, oui, mais toute seule et sans rien dire à personne…
    — Il n’empêche que vous n’auriez pas dû la prendre. Il fallait… je ne sais pas, moi… la copier !
    — Et cela aurait prouvé quoi ? Quand vous aurez lu cette lettre, Monseigneur, vous comprendrez qu’il « fallait » que je la prenne car, entre vos mains, elle sera une arme terrible. Songez donc : la preuve formelle, irréfutable du commerce d’amour entre la Reine et le comte de Fersen.
    — Évidemment ! Il n’empêche que cela m’inquiète. Vous ne connaissez pas bien ma belle-sœur. Elle est coléreuse, emportée et, alors, ses réactions sont parfaitement imprévisibles… au point de faire douter, parfois de son intelligence.
    — Écoutez, Monseigneur, fit la femme avec une nervosité qui trahissait son agacement, il faut savoir ce que vous voulez. M’avez-vous, oui ou non, promis de me rendre les terres, biens, titres et prérogatives de ma famille le jour où vous deviendrez Régent ?
    — Je ne m’en dédis pas. Vous avez ma parole !
    — Alors laissez-moi me dévouer à votre cause à ma manière. Je sais qu’il y avait un risque à voler cette lettre… mais tellement minime en regard de la valeur qu’elle représente ! Vous vouliez la preuve que Fersen est l’amant de la Reine ? Vous l’avez et si nous parvenons à exploiter convenablement la passion du cardinal de Rohan pour cette même reine vous n’aurez guère de peine à la faire renvoyer en Autriche… et à demander la déchéance de vos neveux comme de naissance incertaine.
    Il y eut un silence que le bruit d’un soupir acheva.
    — Vous avez raison. Pardonnez-moi et soyez remerciée ! Décidément, ma chère comtesse, je serai toujours reconnaissant à Madame de m’avoir parlé de vous après ce malaise dont vous aviez été victime dans son antichambre. Vous êtes une femme précieuse. Mais n’oubliez jamais que, jusqu’au jour de notre triomphe commun, nous ne nous sommes jamais rencontrés, nous ne nous connaissons pas !
    — N’ayez crainte, Altesse. Personne ne saura rien, jamais. Je connais trop mon intérêt !
    Les oreilles de Gilles bourdonnaient tandis qu’un filet de sueur froide coulait désagréablement le long de son dos. Ces deux misérables étaient en train de comploter

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