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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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de la plus ignoble façon contre l’honneur de leur roi, de leur reine. Faire déclarer bâtards les enfants de France ! De quelle boue étaient-ils donc faits, cette femme qui prétendait descendre des rois Valois et son complice, ce prince du sang qui ne craignait pas de souiller ses mains dans la boue la plus nauséabonde pour mieux en éclabousser le trône !
    Les paroles de Rochambeau lui revenaient à présent en mémoire et l’identité du royal conspirateur ne faisait plus aucun doute pour lui ; c’était Monsieur, c’était le gros comte de Provence, le mauvais génie de Louis XVI. Ce ne pouvait être que lui.
    Dans le bosquet l’entretien s’achevait. La femme que le prince avait appelée comtesse prenait congé, s’apprêtant à rejoindre une voiture qui l’attendait dans l’allée des Matelots. Quant au prince il avait laissé un cabriolet à la porte de la Ferme pour le ramener à Paris.
    Frémissant d’impatience dans son buisson, Gilles, malgré l’envie qu’il avait de suivre le sosie de Judith pour voir où elle le mènerait, attendait avec impatience qu’elle voulût bien s’en aller car, pour ce qu’il allait faire, il n’avait aucun besoin d’un témoin. Il fallait reprendre la lettre de Fersen, dût-il pour cela assommer un prince du sang. Il ne se dissimulait d’ailleurs pas qu’il éprouverait même un certain plaisir à tordre quelque peu le cou de ce vilain bonhomme !
    Soudain, alors même qu’il croyait l’entretien terminé, le prince le reprit :
    — Pendant que j’y pense, comtesse. Il se peut, malgré tout, que vous ayez besoin de me rencontrer d’urgence. On ne sait jamais quelles éventualités peuvent se présenter dans une affaire comme la nôtre.
    — C’est bien mon avis mais Votre Altesse ne m’a-t-elle pas enjoint de ne jamais me présenter chez elle ?
    — Il n’est pas question que vous y veniez. En cas de nécessité faites-moi tenir un billet anodin, le texte importe peu mais vous le signerez J. de Latour et vous dessinerez une étoile sous cette signature. Je vous donnerai alors un rendez-vous. Vous n’oublierez pas ? J. de Latour ?
    — Pas de danger, Monseigneur. Il se trouve que la sœur de mon époux a épousé un Monsieur de Latour. C’est un nom facile à retenir pour moi.
    — À merveille. Partez, à présent. Nous nous sommes assez attardés sous ces arbres. Je sens la fraîcheur de la nuit.
    Cette fois c’était fini. Un pas léger se fit entendre sur les feuilles tombées. La comtesse revenait, Gilles eut tout juste le temps de s’aplatir derrière un arbre car elle arrivait droit sur lui. La robe de soie blanche frôla sa botte au passage.
    Le prince avait quitté lui aussi le bosquet mais son pas beaucoup plus lent et plus pesant ne lui permettait guère la vitesse. Dès que la femme eut disparu, Gilles s’élança sur sa trace. Restait à savoir s’il était seul ou si quelques-uns de ses gentilshommes l’attendaient un peu plus loin.
    Mais il était seul. Sa silhouette courte et noire, presque aussi large que haute, s’avançait lentement à travers les arbres et, en l’apercevant, Gilles sentit sa conviction se renforcer, en admettant qu’il en fût encore besoin : c’était bien l’aîné des frères du Roi, c’était bien Monsieur !
    Il allait tranquillement, faisant craquer des branchettes mortes sous ses pas, écartant de la main les feuillages qui se présentaient sur son chemin. Mais aucune autre silhouette n’était en vue. Par contre, les quelques lumières restées éclairées à la Ferme apparurent à travers les arbres. Gilles comprit qu’il n’était plus possible d’attendre et qu’il était temps, pour le Gerfaut, de reparaître un instant. Un rapide signe de croix pour demander pardon à Dieu du crime de lèse-altesse royale qu’il allait commettre, et il s’élançait sans faire plus de bruit qu’un chat.
    L’attaque fut foudroyante. À l’instant même où Gilles tombait sur un dos douillettement habillé de graisse et de velours, son avant-bras coinçait le menton de sa victime, qui n’eut la possibilité que d’un faible cri, bloquant à la fois la respiration et la circulation. Quelques secondes et le prince glissait à terre comme un gros sac de sable.
    Lorsqu’il ne sentit plus la moindre résistance, le chevalier l’étendit confortablement sur la mousse, fouilla ses poches, trouva des papiers qu’il fourra dans la sienne sans trier. D’ailleurs on n’y voyait goutte

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