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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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hésiter, renvoya, d’un coup de poing bien étudié, le Suédois au pays des songes.
    — Ah ça !… mais que faites-vous donc ? souffla Lauzun qui avait suivi l’affaire avec étonnement.
    — Je m’arrange pour qu’il ne vienne pas se mêler à notre conversation, répondit tranquillement le chevalier en massant ses métacarpes légèrement endoloris. Nous en étions à « une vérité qui ne lui convient pas… ». Me confierez-vous quelle est cette vérité ?
    Ce fut au tour de Lauzun de froncer les sourcils.
    — Vous ne trouvez pas que vous allez un peu loin, Tournemine ? Ceci ressemble à un interrogatoire.
    — Pourtant ce n’en est pas un. Simplement je veux vous obliger à prononcer un nom… un nom que je connais déjà, d’ailleurs, mais dont je souhaite avoir confirmation : celui de la dame en question.
    Le duc éclata de rire, découvrant des dents parfaites mais aussi aiguës que celles d’un loup.
    — Que ne le disiez-vous plus tôt, mon ami ! soupira-t-il. Je ne vois pas pourquoi je ferais mystère devant vous d’un nom que tous, au club de Valois, ont pu entendre. J’ai dit, en effet, qu’avant de tomber dans les bras du comte de Fersen, la reine Marie-Antoinette était tombée dans les miens. Et c’est cette vérité-là qui a déplu.
    — Et qui me déplaît à moi aussi ! Vous êtes, Monsieur le duc de Lauzun, le plus infâme menteur de la planète.
    L’interpellé jaillit de son fauteuil comme si une guêpe l’avait piqué.
    — Perdez-vous l’esprit, chevalier ? Je croyais que nous étions amis…
    — Peut-être est-ce parce que je suis encore votre ami que nous allons nous battre. Un duel entre vous et Monsieur de Fersen serait d’un effet désastreux pour la réputation de la personne royale à laquelle ma vie appartient !
    — Vraiment ?… Ainsi, vous voilà aligné, vous aussi, au régiment des amoureux de la Reine ? J’aurais dû m’en douter…
    — Non, Monsieur, mais je suis, ainsi que vous l’avez si bien remarqué, lieutenant aux Gardes du Corps. Je sers le Roi, Monsieur de Lauzun, votre Roi ! L’époux de cette femme dont vous traînez la réputation dans une boue capable de rejaillir jusqu’à la Couronne. Voilà pourquoi je vais vous mettre hors d’état de nuire pendant un certain temps, tout au moins je l’espère…
    Lauzun haussa les épaules et s’en alla vérifier devant une glace la parfaite ordonnance de sa cravate.
    — À moins que je ne vous tue, ce qui briserait dans l’œuf votre belle carrière à venir… et ne changerait rien à la situation car, à peine serez-vous mort, que je me ferai une joie d’aller embrocher proprement votre gentillâtre Suédois pour lui apprendre à traiter un Biron de menteur !
    — C’est un risque à prendre et j’estime qu’il en vaut la peine. Quand souhaitez-vous que nous réglions cette affaire ?
    — Mais… si vous n’y voyez pas d’inconvénient, tout de suite ! Ma voiture est en bas et peut nous conduire dans un lieu fort tranquille. À moins que vous ne souhaitiez que nous nous mettions à la recherche de ces témoins qui semblent vous tenir si fort à cœur ?
    — Allons donc ! j’allais vous prier d’en finir le plus vite et le plus discrètement possible ! Quant à votre voiture, si vous voulez bien m’y donner une place, je serai ravi de faire route avec vous…
    En quittant la chambre, Tournemine trouva Sven dans le couloir et répondit par un sourire au coup d’œil interrogateur du Suédois.
    — Votre maître a besoin de vous, dit-il en anglais car Sven ne comprenait pas le français. Allez vers lui, soignez-le… et ne vous étonnez pas trop si vous constatez un changement de couleur autour de son œil gauche.
    Une demi-heure plus tard, la voiture de Lauzun pénétrait sous les ombrages du Bois de Boulogne. Il faisait un temps idéal, bien ensoleillé mais pas trop chaud et, par-dessus les frondaisons touffues des arbres, le ciel était d’un bleu si profond que les rares petites plumes de nuage qui s’y égaraient semblaient n’être là que pour mieux le mettre en valeur.
    Aux environs de la Croix Catelan, Lauzun fit arrêter la voiture et ordonna à son cocher de les attendre. Les deux hommes avaient, en effet, choisi de continuer à pied jusqu’à une petite clairière qui, au dire du duc, était tout à fait propice au genre de conversation qu’ils allaient avoir et qu’ils ne souhaitaient pas mener sous les yeux d’un serviteur, si

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