Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
brillante.
    — Les nouvelles vont vite à ce que l’on dirait, marmotta Gilles à qui l’entrée de Lauzun, à une minute aussi délicate, ne causait aucun plaisir. Mais il ne l’en salua pas moins avec une courtoisie parfaite tandis que l’autre, tirant avec affectation un petit face-à-main de vermeil de son gilet d’épaisse soie blanche, en coiffait son nez avant de courber sa longue taille sur Axel toujours inconscient :
    — Hum ! Beau travail ! Technique irréprochable ! La grande tradition du marquis de Queensberry, hé ? J’ignorais que vous pratiquiez mais, arrêtez-moi si je me trompe, est-ce que cette belle amitié qui faisait l’édification de tout le corps expéditionnaire aurait subi quelques avaries.
    — Qu’est-ce qui peut vous faire supposer cela ?
    — Dame ! Quand je vois Castor boxer Pollux, je me pose des questions…
    — Vous avez tort, fit Gilles gravement. Je montrais seulement à notre ami un coup dont je me suis beaucoup servi lorsque nous combattions sous le général Washington. J’ai évidemment frappé un peu fort…
    — Un peu ? Peste ! Comme vous y allez ! Je ne vous demanderai jamais de leçons, mon ami. Mais que faites-vous donc ? ajouta-t-il en voyant Gilles se courber, empoigner Fersen et le hisser jusque sur son lit sans paraître souffrir apparemment de l’effort.
    — Vous le voyez. Je l’installe de façon plus décente pour recevoir un visiteur de votre qualité, mon cher duc.
    Lauzun haussa les épaules, alla s’asseoir dans le fauteuil abandonné par Tournemine et se mit à tapoter ses talons rouges du bout de sa canne.
    — Bah ! La position de Monsieur de Fersen ne me gênait en rien car, à ne vous rien cacher, je venais lui demander raison et lui proposer une promenade commune jusqu’à certain endroit vert, tranquille et ombragé que je connais bien…
    Tournemine haussa les sourcils et croisa les bras sur sa poitrine.
    — Un duel ? Comme cela ? Sans témoins, sans bruit ? Je dirais presque clandestinement ?
    — Que voulez-vous, il y a des cas pour lesquels la publicité n’est pas de bon goût. Il n’empêche qu’il me soit difficile d’admettre que votre ami ait fait savoir hier, au club de Valois, qu’il me tenait pour un menteur.
    — C’est assez difficile en effet mais, si l’insulte a été publique, je comprends mal que vous choisissiez la… clandestinité comme vous dites pour en demander réparation.
    — Ce n’est pas si clandestin puisque vous voilà. Vous nous servirez de témoin, mon cher ami. J’ajoute que je m’en tiens à mon idée de secret. Cela est infiniment préférable quand le centre de la querelle est une dame d’un rang… qui devrait normalement la mettre à l’abri de ce genre d’aventure !
    Cette fois, le chevalier fronça les sourcils, saisi par le désagréable pressentiment qu’il s’agissait encore une fois de la Reine. Est-ce que Noailles ne lui avait pas confié, la veille, que Lauzun était interdit de séjour à Versailles pour avoir fait la cour à Marie-Antoinette et s’être même vanté du succès de ladite cour ? Si un tel bruit était venu aux oreilles de Fersen, le Suédois n’avait pu réagir qu’en cherchant querelle à un homme qui ne devait plus être à ses yeux qu’un vantard insupportable. Mais si un duel opposait Lauzun qui, à tort ou à raison, passait pour l’ancien amant de la Reine, à Fersen qui avait de grandes chances d’être l’amant présent, l’honneur de la souveraine risquait d’en sortir à tout jamais sali. Et le duel, au point où en étaient les choses, allait faire la joie des pamphlétaires venimeux dont Paris était plein. À moins que… Oui, il y avait un moyen, un seul, d’éviter jusqu’au départ de Fersen la rencontre des deux hommes. Encore ce moyen n’était-il pas infaillible mais Gilles n’avait pas le choix…
    — Mon cher duc, dit-il doucement, vous comprendrez aisément que, si je dois être le témoin… le seul témoin d’une rencontre, je ne saurais l’accepter sans être au fait de la querelle. Pourquoi donc Fersen prétend-il que vous êtes un menteur ?
    Lauzun éclata d’un rire dont le son parut légèrement déplaisant au chevalier.
    — Parce que est menteur, à ses yeux, quiconque avance une vérité qui ne lui convient pas.
    Sur son lit, Fersen s’agita et poussa un soupir qui laissait présager un prochain retour à la conscience. Cela ne faisait pas l’affaire de Tournemine qui, sans

Weitere Kostenlose Bücher