Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
à vendre ? Mais il est à peu près invendable !
    La mine contrite de Boehmer était à peindre :
    — Pourtant il est vendu… ou peu s’en faut : j’ai donné ma parole et je…
    — Permettez, Monsieur ! coupa le chevalier. C’est au personnage qui sort d’ici que vous avez donné parole ?
    — Eh bien… oui ! C’est à ce personnage. Il représente une princesse qui…
    — La princesse des Asturies, je sais ! Et votre parole est formellement donnée ? Irrévocablement ?
    — Pas tout à fait malgré tout ! Vous comprenez bien que je ne peux laisser une telle pièce sortir de France tant que Sa Majesté la Reine, à qui nous destinions ce collier, ne nous en aura pas donné permission formelle en refusant une dernière fois d’en faire elle-même l’acquisition. À cet effet, nous devons, mon associé et moi, nous rendre demain à Versailles.
    Gilles laissa s’installer un court silence pour permettre à Boehmer de contempler encore un peu le sceau et les armes de la fastueuse maison d’Albe dont il semblait ne pouvoir détacher ses yeux, des yeux dans lesquels le Breton crut bien voir le reflet d’un regret.
    — Le prix du collier était bien de seize cent mille livres, n’est-ce pas ? demanda-t-il avec beaucoup de douceur.
    — Seize cent mille livres, en effet…
    — Et… c’est le prix que va vous payer l’ambassade d’Espagne ?
    Le joaillier devint tout à coup très rouge. Gilles comprit qu’il avait touché une corde sensible.
    — Ou… i. Enfin…
    — Enfin… pas tout à fait ! On vous a fait ressortir, n’est-ce pas, les difficultés où vous êtes de vendre ce collier, l’énormité de la somme et l’honneur qu’il y aurait pour vous à ce que ce bijou devienne le trésor d’une royale cassette ? On vous a peut-être aussi demandé… quelques délais de paiement.
    — C’est assez l’usage.
    — Allons donc ! Pas quand on s’apprête à devenir reine d’Espagne et que l’on a derrière soi l’or d’Amérique ! Sa Majesté le Roi vous l’aurait payé comptant si la Reine n’avait eu ce beau geste de refuser un tel présent ! Et moi, Monsieur, au nom de Madame la Duchesse d’Albe, je vous dis ceci : donnez-nous la préférence et non seulement vous aurez l’argent le jour où sera conclu le marché mais nous paierons cinquante mille livres de mieux !
    Boehmer à présent transpirait comme une gargoulette. Il tira son mouchoir, épongea à grands tapotements nerveux son front, ses joues, son cou…
    — Vous êtes le diable, Monsieur ! Je vous l’ai dit… j’ai donné ma parole et…
    — Pas tout à fait : vous l’avez dit aussi ! Ne pouvez-vous répondre à… ce personnage que Sa Majesté la Reine désire réfléchir encore un peu avant de prendre sa décision ?…
    — C’est difficile… très difficile ! Tôt ou tard, l’envoyé espagnol saura…
    — Rien du tout ! Ou tout au moins, il ne pourra rien dire si nous savons nous y prendre !… Au fait, ne pouvez-vous me montrer cette merveille ? Cela vous permettrait de réfléchir un instant, de consulter votre associé peut-être…
    — C’est une idée ! s’écria Winkleried. Montrez-lui donc l’objet, mon cher Boehmer !
    — Mais… tout de suite ! Je vais seulement chercher Bassange : nous avons chacun une clef du coffre où il est enfermé.
    Boehmer reparut au bout d’une minute, flanqué d’un homme brun, plus jeune que lui, pas très grand mais bien tourné avec une figure agréable, qui était Paul Bassange, son associé. Celui-ci portait sur ses deux bras un gigantesque écrin de cuir rouge et or, à joints de cardan, d’où pendait une étiquette grande comme un mouchoir sur laquelle le prix était inscrit en gros chiffres bien noirs.
    Le jeune associé de Boehmer salua Winkleried avec un sourire et Gilles avec un regard à la fois surpris et admiratif.
    — C’est Monsieur qui désire acquérir notre collier ?
    — Pour la duchesse d’Albe, oui, mon ami. Ouvrez l’écrin !
    Bassange posa la boîte sur une table où jouait un rayon de soleil, fit fonctionner les serrures et souleva le couvercle.
    — Voilà ! dit-il simplement.
    Les deux jeunes gens ne purent retenir un cri d’admiration. L’écrin ouvert venait de s’emplir d’éclairs. Sur le lit de velours noir un fleuve de feu étincelait, rayonnait par ses milliers de facettes, renvoyant en flèches aveuglantes les couleurs du prisme aux quatre coins de la pièce.
    — Six

Weitere Kostenlose Bücher