Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
qu’étrangement sensible.
    — Oh ! reprit Corbett, dites-moi, avant de partir : qu’exigèrent les Français en échange de l’évacuation de La Réole ?
    — Des otages !
    Corbett vit le capitaine blêmir de rage.
    — Des otages ?
    Le chevalier acquiesça :
    — Oui. Richemont, moi-même et d’autres officiers fûmes forcés d’envoyer à Paris des membres de notre famille, garants du fait que nous ne nous battrions pas contre le roi de France tant que durerait l’état de guerre.
    — Qui avez-vous envoyé ?
    — Mes deux fils.
    La réponse claqua, brève, amère. Ses yeux flamboyaient de colère.
    — Et Richemont ?
    — Oh lui ! Il a envoyé sa fille !
    — Vous écrivez à vos fils ?
    — Oui ; mes lettres sont expédiées dans les sacoches de la Chancellerie. Richemont fait de même. Les copies sont conservées à la salle des Archives.
    — Avez-vous quelque estime pour Richemont ?
    Tuberville lança un regard noir à Corbett.
    — S’il n’en avait tenu qu’à moi, rétorqua-t-il, j’aurais fait passer ce seigneur incompétent en cour martiale pour haute trahison.
    Sur ce, il se leva, frappa amicalement l’épaule de Corbett et sortit d’un air très digne.
    Le clerc soupira et s’apprêta à le suivre. Il aurait bien aimé interroger Richemont, mais le comte était cousin du roi et les choses risquaient de s’envenimer... Corbett se mordilla la lèvre et décida que cela attendrait. Cependant il se défiait grandement de Richemont, car un détail lui trottait dans la tête et l’irritait comme une vieille blessure, sans qu’il parvînt à mettre le doigt dessus. Il se rappela que Tuberville avait fait mention de lettres et pensa qu’un bon moyen de surveiller Richemont serait de lire les copies de ses missives à sa fille.
    Il se promena quelque temps dans l’enceinte du palais et pénétra dans une cour dont la majeure partie était occupée par les écuries royales et le reste par des dépendances, des forges, des tas de crottin et d’importants ballots d’avoine, d’orge et de paille. Poneys de bât, grands destriers, mules et même chevaux de trait déambulaient dans la cour avant d’être sortis ou ramenés aux écuries. Palefreniers, garçons d’écurie et forgerons juraient et criaient à qui mieux mieux pour couvrir le bruit des enclumes et les hennissements rauques des chevaux. Corbett traversa prudemment, l’oeil rivé sur un cheval qui reculait, sabots levés. Il ouvrit une petite porte, longea les murs passés à la chaux d’un couloir glacial et atteignit l’arrière du palais et les pièces qui abritaient les archives royales.
    Il frappa à une porte renforcée de ferrures. Un clerc à la mine méprisante lui ouvrit.
    — Que voulez-vous ?
    — Je m’appelle Hugh Corbett et travaille à la Chancellerie royale.
    — Ah ! Vous êtes le protégé de Burnell ?
    — Si vous voulez ! Et vous, qui êtes vous ?
    — Goronody Ap Rees, principal clerc responsable des archives.
    Corbett jura intérieurement : personne de plus énervant et imbu de ses prérogatives qu’un de ces clercs pompeux qui jouaient les tyranneaux.
    — Pourrais-je voir Nigel Couville ? demanda avec espoir Corbett.
    — Oui, je suis là ! répondit une voix profonde et éraillée, et Couville apparut derrière son pédant de clerc. Mais c’est Corbett !
    Un sourire de bienvenue éclaira le visage ridé du vieillard qui posa sur les épaules de Corbett des mains squelettiques et froides, aux veines saillantes.
    — Vous devriez venir plus souvent, murmura- t-il. Un vieil homme est toujours heureux de revoir ses anciens étudiants...
    Il se retourna pour que Ap Rees pût l’entendre :
    — ... surtout l’un des plus brillants ! Venez !
    Et sur ce, il précéda Corbett dans la petite pièce, en frôlant un Ap Rees furieux.
    La salle des Archives débordait de coffres, de malles et de grandes sacoches en cuir. Du sol dallé aux poutres noirâtres du plafond, les étagères croulaient sous les parchemins minutieusement enroulés, chacun portant l’indication du mois et de l’année royale de leur rédaction. Au centre de la pièce trônait une grande table de chêne entourée de bancs. Corbett retrouva avec plaisir l’odeur de la cire rouge, du vélin un peu vieux, de la pierre ponce et de l’encre séchée.
    — Que désirez-vous exactement ? lui demanda Ap Rees d’une voix que l’irritation rendait presque suraiguë.
    — Les lettres envoyées à

Weitere Kostenlose Bücher