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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pas fait et je me suis rendu !
    — N’y avait-il aucune chance de résister à un siège prolongé ?
    — Aucune.
    — Pourquoi ?
    — La ville était très peuplée, d’hommes, de femmes et d’enfants. J’avais à peine de quoi nourrir mes soldats, alors eux...
    — Vous avez désapprouvé la sortie de Tuberville ?
    — Bien sûr ! Il s’est conduit comme un imbécile. Il a été capturé par les Français et a eu de la chance de ne pas être exécuté.
    — Pourquoi l’auraient-ils tué ?
    — Parce qu’il les avait attaqués pendant une trêve jurée et avait ainsi enfreint les lois de la guerre.
    — Est-ce la raison pour laquelle les Français ont exigé qu’il leur livrât ses deux fils ?
    — Exactement.
    Richemont cessa de faire les cent pas et dévisagea Corbett.
    — Pourquoi cette question ?
    — Oh pour rien ! répondit Corbett. Simplement ils ont pris les fils de Tuberville, mais se sont contentés de votre fille. Pour quelle raison ?
    — Cela ne vous regarde pas.
    — Vous manque-t-elle beaucoup ?
    — Pas d’insolence, Corbett ! s’écria violemment Richemont. Le roi apprendra votre impudence !
    — Veuillez me pardonner en ce cas ! reprit calmement Corbett. Je ne vous poserai plus qu’une question : Waterton, qui est au service du roi à présent, faisait bien partie de votre Maison, n’est-ce pas ?
    Corbett réprima un geste de recul en voyant l’extrême fureur qui avait envahi l’étroit visage blême du comte.
    — Ne vous avisez jamais de prononcer ce nom en ma présence ! siffla Richemont. Cet entretien est terminé, Messire Corbett, allez-vous-en ! Ou plutôt non ! Attendez !
    Il sortit un petit rouleau de parchemin de sous sa cape.
    — Le mandat du roi ! annonça-t-il d’une voix sarcastique. Vous devez partir pour le pays de Galles, Messire Corbett ! J’ai fait part à notre souverain de votre insolente manière de solliciter des entretiens. Il m’a donné ceci ; c’est pour cela que j’ai accepté de vous rencontrer. Il faut vous rendre au Glamorgan. Le roi veut que vous alliez fouiner dans les affaires de Lord Morgan.
    Corbett fit mine de ne pas voir le sourire mauvais de Richemont et prit l’ordre de mission. Le comte s’éloigna à grands pas, sa cape flottant autour de lui tandis que Corbett allait s’asseoir sur un banc, près d’une fenêtre, et déroulait le document. Il le lut attentivement ; cela confirmait ses pires craintes : il était chargé de transmettre les salutations officielles du roi à Lord Morgan et, simultanément, de réunir discrètement le plus de renseignements possible sur la situation dans les Galles du Sud.
    Il poussa un léger gémissement. Le pays de Galles ! Dix ans auparavant, il avait fait partie de l’armée d’Édouard. En livrant bataille continuellement, ils avaient remonté les étroites vallées fluviales et découpé la contrée en sections qui, les unes après les autres, étaient tombées sous la domination anglaise. Ç’avait été une guerre atroce et impitoyable, et Corbett redoutait d’avoir à y revenir et à y rencontrer des seigneurs gallois, ostensiblement fidèles, mais secrètement hostiles à la loi d’Édouard, de féroces combattants aux poignards redoutables et aux longs arcs en bois d’if qui semaient silencieusement la mort dans les vallées noyées de brume.
    Il se leva en soupirant et rentra chez lui. Seuls le consolèrent les cris d’horreur et d’indignation que poussa Ranulf quand il sut où il allait. Pourtant, étrangement, il eut l’air de se faire rapidement à cette idée et Corbett se demanda s’il n’avait pas de bonnes raisons de quitter la capitale. Il se garda de l’interroger, néanmoins, mais lui ordonna de louer chevaux et poneys dans les écuries royales. Ils empaquetèrent leurs affaires dans des sacs et des paniers de bât, et quatre jours après avoir reçu l’ordre de mission, ils se dirigeaient vers le nord- ouest, avec l’intention de passer par Acton et Gloucester et de franchir la Severn avant d’arriver au pays de Galles.
    Ils suivirent l’ancienne voie romaine qui traversait les comtés de l’Ouest. Le printemps tardif était doux ; herse et charrue s’activaient sur les vastes étendues de terre brune. Les boeufs peinaient sous leur grand joug, le soc acéré s’enfonçait profondément dans le sol et, au-dessus des semeurs, tournoyaient des vols de freux aux croassements incessants, irrités d’être tenus à

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