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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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questions. Il n’avait aucune illusion sur le sort qui les attendait s’ils se trouvaient à Neath quand on découvrirait le cadavre d’Owen. Maeve était encore dans la pièce.
    Elle avait rempli et attaché les sacoches de selle. Ranulf poussa un léger gémissement de frayeur à la vue du corps d’Owen, mais Maeve lui enjoignit de se taire et leur fit signe de la suivre. Ils dévalèrent silencieusement l’escalier du donjon et se glissèrent devant la grand-salle où quelques gardes commençaient à s’activer, au grand dam de Corbett. Il entendit le jappement du chien du tourne- broche, une bête minuscule au dos déformé qui, attachée à une barre de fer, était employée à actionner les roues dentées qui entraînaient une broche massive. Des voix s’élevèrent ; un chat s’enfuit, une souris dans la gueule. À la suite de Maeve, ils sortirent du donjon, le contournèrent et s’arrêtèrent devant une porte en bois, renforcée de ferrures ; Maeve entreprit de s’escrimer contre le lourd loquet.
    Corbett jeta un coup d’oeil anxieux aux alentours : la garnison émergeait de sa sieste, une jeune fille se mit à chanter doucement, un chien s’étira en bâillant, indifférent aux nuages de mouches bourdonnant autour de sa tête. Le silence serait bientôt brisé par des hurlements ou des cris lorsqu’on découvrirait les corps d’Owen ou de Gareth. Maeve s’acharnait toujours sur le loquet et Corbett tentait de maîtriser sa panique, piétinant sur place, gêné par le poids des sacoches sur ses épaules. À ses côtés, Ranulf pleurnichait de terreur. Enfin la porte s’ouvrit en grinçant. Ils descendirent lentement un escalier glissant et Maeve leur enjoignit la prudence à voix basse. Des torches de poix brûlaient et crépitaient dans leurs attaches rouillées, et leur lueur faisait luire les murs suintants et visqueux.
    Au bas des marches, Maeve retira une torche de son support et les fit passer dans un vaste tunnel en évitant soigneusement les flaques de vase et de boue. Il y avait d’autres souterrains qui partaient du couloir principal et qui menaient, comme le comprit Corbett, aux prisons et aux resserres du château.
    Maeve les précédait toujours. À un moment, elle se retourna et, d’un geste impérieux, leur ordonna de garder un silence total. Une fois Corbett eut une quinte de toux et constata immédiatement que le son se répercutait avec autant de force que le pas d’un chevalier en armure. Il s’arrêta et se figea, comme un lièvre traqué, mais Maeve, d’un geste, le pressa de poursuivre et il s’enfonça plus avant dans le tunnel qui devint plus sombre et plus froid. Il se demandait où ils allaient ; un courant d’air brusque et glacé s’empara de la flamme et la fit danser et jouer. Un rat traversa devant eux, couinant de colère, et Corbett entendit, au-dessus de sa tête, le bruissement d’ailes de chauves-souris. Un bruit de tonnerre régulier et lointain, semblable au martèlement des sabots d’une troupe de cavaliers en cottes de mailles juste avant la charge, le fit s’arrêter avant qu’il comprît qu’il s’agissait du grondement de la mer.
    Le tunnel s’éclaircit, devint plus humide et fit un coude. Bientôt Corbett étouffa un cri de soulagement en voyant la lumière s’engouffrer dans l’entrée de la caverne. Ils sortirent à l’air libre. Corbett jeta un coup d’oeil aux environs : derrière lui s’élevait l’abrupte falaise de Neath et devant s’étendait la plage de sable et de galets, bordant la mer qui rugissait sous un ciel bleu et limpide. Maeve s’arrêta et hésita avant de désigner la côte.
    — Si vous suivez la falaise, vous arriverez à un modeste village de pêcheurs.
    Elle ôta une de ses bagues en forme de croix celtique et la tendit à Corbett.
    — Remettez-la au pêcheur Griffith ! Dites-lui que c’est moi qui vous l’ai donnée. Il vous fera gagner Bristol par la côte.
    — Maeve, ne pouvez-vous pas venir ? Ne voulez vous pas venir ?
    — Hugh, vous devez partir ! Je vous en prie ! C’est là le seul moyen de fuir ; autrement les hommes de mon oncle n’auront aucun mal à retrouver votre piste et à vous capturer.
    Corbett, en souriant, lui prit la main.
    — Mais Lord Morgan n’a-t-il pas toute autorité sur les pêcheurs et les mers ?
    — Non, répondit Maeve. Vous savez que ces droits ont été attribués au comte de Richemont par votre roi. Mon oncle négocie pour les

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