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Un Jour De Colère

Un Jour De Colère

Titel: Un Jour De Colère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arturo Pérez-Reverte
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ici,
c’est déjà énorme.
    — À vos ordres.
    En accord avec le capitaine des
Volontaires de l’État, Velarde a divisé en deux groupes les soldats amenés de
la caserne de Mejorada, en les renforçant avec des contingents de civils.
Quinze des trente-trois fusiliers, sous le commandement du lieutenant José
Ontoria et du sous-lieutenant Tomas Bruguera, gardent la partie arrière de
l’enceinte – les cuisines, les ateliers et les quartiers contigus à la rue San
Bernardo et à la Ronda. Le reste, qui sera sous la responsabilité de Goicoechea
et de son subordonné Francisco Álvero quand le combat commencera, occupe les
quelques fenêtres de la façade principale, l’entrée du parc et la rue San José,
avec les hommes de la bande recrutée par le terrassier Francisco Mata. Les
autres civils sont laissés par Velarde sous le commandement de ceux qui les ont
amenés, mais surveillés par les capitaines Cónsul, Córdoba, Rovira et Dalp. Il
les poste près du mur de clôture et dans les maisons particulières situées de
l’autre côté de la rue, à l’abri des porches et des entrées, ou retranchés
derrière des meubles, des sacs, des matelas et tout ce qu’entassent les
voisins. Il détache également des postes avancés de civils au coin de la rue
San Bernardo, dans la rue San Pedro qui prend son départ juste à côté du couvent
de Las Maravillas – l’édifice des carmélites fait face à la porte principale du
parc – et au coin de la rue Fuencarral, avec pour consigne de prévenir dès que
l’ennemi arrivera. Ce dernier poste est assigné par Velarde au groupe de
l’étudiant asturien José Gutiérrez qu’accompagnent, entre autres, le perruquier
Martín de Larrea et son garçon coiffeur Felipe Barrio. Leur consigne est de
donner l’alerte, de se replier et d’entrer dans les maisons voisines pour se
battre là.
    — Surtout, que personne ne tire
sans en recevoir l’ordre. Dès que vous apercevrez l’ennemi, vous vous retirerez
avec beaucoup de prudence et vous viendrez nous en aviser. Mieux vaut les
prendre par surprise… C’est clair ?
    — Tout à fait clair, mon
capitaine. Voir, se taire et revenir le dire.
    — Exactement. Maintenant,
filez ! Et vive l’Espagne !
    — Et nous, monsieur le
capitaine, qu’est-ce qu’on fait ?
    Velarde se tourne vers un autre
groupe qui attend des instructions : c’est celui de José Fernández
Villamil, l’hôtelier de la place Matute, dont les hommes – José Muñiz Cueto et
son frère Miguel, d’autres valets de l’hôtellerie, quelques habitants du
quartier et le mendiant de la place Antón Martín – sont arrivés armés par leurs
propres moyens, après s’être emparés des fusils du dépôt des Invalides de
l’Hôtel de Ville. L’hôtelier et les siens font partie des quelques civils
présents dans le parc qui ont déjà respiré l’odeur de la poudre, en se battant
dans différents endroits de la ville. Cette expérience leur donne de
l’assurance. Fernández Villamil conte même au capitaine d’artillerie que son
valet José Muñiz a abattu un officier français d’un coup de fusil. En entendant
cela, Velarde approuve et félicite Muñiz. Il sait ce que signifie l’éloge
venant d’un supérieur, surtout adressé par un militaire à un civil et en de
telles circonstances. Avec ce qui se prépare…
    — Dites-moi… Vous sentez-vous
capables de tenir la rue à découvert ?
    — Attendez, et vous verrez,
crâne l’hôtelier.
    — Vous nous offensez !
renchérit un autre.
    Velarde a un sourire approbateur et
s’efforce d’avoir l’air impressionné. Il connaît son affaire.
    — Dans ce cas, je vais vous
confier une mission capitale… Pour le moment, allez vous embusquer en face,
dans le verger de Las Maravillas, en vous abstenant de tirer avant que le feu ne
devienne vraiment sérieux. Nous avons l’intention de sortir ensuite les canons
dans la rue, et il faudra des hommes pour nous couvrir. Quand l’instant sera
venu, vous quitterez le verger et vous vous mettrez à plat ventre sur la
chaussée : les uns viseront la rue Fuencarral et les autres la rue San
Bernardo… Comme ça, vous empêcherez les tireurs français d’approcher et de
prendre nos artilleurs sous leur feu.
    — Et pourquoi on sort pas les
canons tout de suite ? demande, avec beaucoup d’aplomb, le mendiant de la
place Antón Martín.
    Les secrétaires Rojo et Almira, qui
ne quittent toujours pas Velarde d’une semelle,

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