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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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vous en voudrait à ce point ? glissa sournoisement Passe-Muraille .
    Marolles haussa les épaules :
    — Vous ne m’êtes d’aucune aide !
    — Est-ce vous qu’il faut le plus secourir ou ce garçon qui a tant manqué d’affection depuis la mort de sa mère ?
    Marolles se raidit. Que sous-entendait le père La Rigueur ? Que cachait son air de défiance ? Pour un peu, c’était lui, l’agressé, qu’on accusait.
    — Je ne suis pas le seul à me plaindre. Le marquis de La Place est très inquiet.
    — Dites-lui que je comprends sa surprise.
    — Cela ne suffira pas !
    — Si Toussaint Delaforge se manifeste à nouveau et agit de manière brutale, nous serons sans pitié. Il faudra qu’il s’explique.
    — Voilà qui est mieux…
    — Et vous serez amené à témoigner.
    Il marqua un temps et reprit :
    — Sur ces faits nouveaux et sur le passé…
    — Je vous demande pardon ? déglutit Marolles.
    — Je me dois de découvrir le comment et le pourquoi de cet acharnement.
    Calmés se leva, faisant ainsi comprendre que l’entretien était clos. L’autre hésita, le regard perdu, plongé dans ses pensées.
    — Pardonnez-moi. J’ai beaucoup de travail. Vous-même, qu’en est-il ? Toujours à confesser le marquis et les siens ? glissa Calmès cruellement.
    — J’ai aussi ses œuvres sur les bras.
    — Et moi, la charge et le sort de trois cents élèves. Bonne journée.

    Le soir même, après une journée où on le vit de très mauvaise humeur, Calmés s’était rendu au domicile de Pontgallet. Il fallait se rendre à l’évidence, le maçon ne tarissait pas d’éloges : — Et depuis qu’il a recouvré une allure plus… équilibrée, tout le reste s’en ressent.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Son bras, répondit le bâtisseur sans cacher son bonheur.
    Il expliqua en détail le travail du fils Boulle. En effet, ce don valait toutes les déclarations.
    — Vous me demandez s’il se comporte bien ? ajouta-t-il. Hier, il s’est rendu au couvent des Annonciades célestes afin de prier pour sa mère.
    Le maçon n’ignorait rien de son escapade sur les terres de son enfance. Toussaint ne se cachait pas. N’était-il pas innocent et Marolles, qu’il détestait, un fabulateur ?
    — Moi, je connais peu de gens aussi respectueux de leur passé, continua le bâtisseur.
    Un pèlerinage ? Calmés doutait.
    — Le vrai mystère n’est pas là, glissa Pontgallet.
    Le préfet tendit l’oreille.
    — Savez-vous qui était sa mère ? Il n’en parle jamais.
    — Lui-même l’ignore.
    — Diable ! Pardonnez-moi, mon père… Il fut abandonné ?
    — Je crois savoir que sa mère est morte à sa naissance.
    — Voyez-vous cela, s’attendrit le maçon. Il n’en a jamais parlé.
    De toute évidence, chaque mot prononcé fortifiait l’opinion de Pontgallet. En bien ou en mal, il était sous le charme.
    — Où se trouve actuellement Toussaint ? demanda enfin Calmés.
    — À l’atelier. Chaque soir, il prépare la journée de demain.

    Au premier coup d’œil, il était difficile de se rendre compte que son bras droit était faux. La main gantée ajoutait à l’illusion et, en faisait fi de la raideur de l’ensemble, c’était la silhouette d’un homme jeune, grand, racé, finement musclé, aux cheveux bouclés et longs. Il n’y avait plus rien du lutteur, de la colère qui balayait si souvent son regard. Toussaint semblait apaisé, différent et la tranquillité qu’il afficha en découvrant Passe-Muraille ne fit qu’augmenter le trouble qui gagnait ce dernier. Le passé était-il enterré ?
    — Vous avez toujours le pas léger, je ne vous ai pas entendu.
    Calmés attendait un entretien tendu, une explication brutale et froide. Mais rien ne fonctionnait comme prévu. On lui souriait.
    — Monsieur Pontgallet se serait-il plaint de moi ?
    Delaforge ne pouvait ignorer ce qui amenait ce visiteur, mais il faisait montre d’un sang-froid déroutant. Malgré lui, le prêtre sentit ses défenses faiblir.
    — Joseph de Marolles est venu me voir.
    — Et il crevait de peur, grinça Toussaint.
    — Tu confirmes donc que tu cherchais à le menacer ?
    — Je suis venu regarder dans les yeux celui qui a tué ma mère.
    C’était dit sans hausser la voix, sans que le poing ne se ferme de rage. Calmès découvrait un autre être, aussi bouleversant que le petit garçon de Montcler ou que le lutteur désespéré des arènes.
    — Que racontes-tu ? bredouilla son ancien préfet de discipline.
    Et Toussaint parla

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