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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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de ses pattes.
    — Une, deux…, trois ?
    La suite ne vient pas.
    — Trois, en effet… Puis quatre.
    La scène attendrit le père. Depuis combien de temps n’a-t-il pas vu son enfant en tête-à-tête ? À bien y réfléchir, il lui semble que leur unique moment d’intimité remonte à la naissance du Dauphin. Le roi n’a pas oublié que le ciel s’était éclairci, les canons tonnaient, les cloches volaient. Il avait pris le poupon dans ses bras et s’était avancé vers une fenêtre où des larmes vinrent. Mon fils tant désiré , se racontait-il . Mon fils que Dieu m’a donné, je jure de veiller sur toi et de t’aider à devenir roi. Mon fils, mon fils, promets-moi à ton tour de vivre… Entends combien ton père t’aime et s’il te le chuchote rarement, sois certain que son cœur est rempli de joie et d’amour. Puis le roi s’était retourné vers son frère, les dames d’atour, les courtisans et la reine et tous étaient étonnés de voir son émotion sincère. Alors il avait repris sa méthode, la neutralité exigée par son rang, s’inquiétant cependant car le feu s’éteignait dans l’âtre.
    Par la suite, combien de fois était-il venu regarder ce fils dans son sommeil, exigeant de sa nourrice, Pierrette Dufour, de taire son secret ? Et rien ne réjouissait plus cette femme généreuse.

    — Comptez encore les pattes de ce scarabée, jeune seigneur !
    Louis fronce le nez et recommence :
    — Une, deux, trois…
    Il soupire. S’interrompt. Ne sait plus.
    — Sire, gémit-il en redressant d’un coup de tête sa chevelure blonde, quand irons-nous chasser ?
    — Regardez devant vous. Voilà notre clairière.
    — Le gibier est encore loin ? insiste le petit bonhomme.
    — Il faut encore marcher. Mais d’abord, laissez-moi vous aider à traverser ce gué.
    Un filet d’eau barre l’entrée de la clairière.
    — Donnez-moi votre main, Monsieur le Dauphin.
    Louis recule de trois pas, prend son élan, s’élance et saute par-dessus sans même mouiller le talon de ses bottes. Son père ne fait pas de même. Il trempe les pieds et c’est son fils qui se propose de l’aider à remonter sur l’autre rive. Un instant, ils se regardent en silence puis, finissent par éclater de rire. Alors, et seulement, l’enfant tend la main et cherche celle de son père. Dieu, pense Louis XIII, combien de fois connaîtrai-je ce bonheur ? Il voudrait tant vivre ce moment plus tard, lorsque son fils, gagné par la raison, comprendrait qu’il ne s’agit pas uniquement d’un jeu, mais d’un apprentissage, de la leçon d’un père telle qu’elle lui fut enseignée par Henri IV dans cette même forêt. Aura-t-il la force de vivre aussi longtemps ? Dieu, poursuit-il, accordez à mon fils assez de grâce pour qu’il se souvienne de notre tête-à-tête.
    Ce dernier a pris de l’avance. Ignorant la peur, il court dans la clairière, brandissant l’épée de bois que Louis XIII lui a remise au moment du départ. Il se sent soldat, prêt à affronter les plus féroces créatures de la forêt et rien ne pourrait arrêter sa cavalcade, n’eût été son père qui lui ordonne de l’attendre. Comment retenir un enfant si jeune, le captiver pour qu’il colle à ses basques, songe-t-il ?
    — Venez voir, Monsieur mon fils.
    À regret, l’enfant revient sur ses pas.
    — Sauriez-vous me dire qui loge dans ce trou ?
    De nouveau captivé, Louis Dieudonné se met à quatre pattes et approche la tête du terrier.
    — Prudence, murmure le roi. Est-ce le repère d’un renard ?
    Un renard ? Il n’en a jamais vu. Toutefois, Pierrette, sa nourrice, prétend que l’animal est dangereux. Louis bondit sur ses jambes et se saisit de son épée en bois, prêt à faire face, tels les preux chevaliers des livres qu’on lui lit. Mais il recule de deux pas.
    — Ou la cachette d’un lapin ? insiste son professeur.
    Voilà qui rassure Louis. Des lapins, il y en a chez lui. Il lève droit la tête pour scruter ce savant qui connaît tout. Son regard est intense. L’enfant est captivé.
    — Regardons aux alentours. D’abord, cherchons les indices qui pourraient nous renseigner.
    Louis XIII fait semblant de réfléchir :
    — Un renard qu’on dit rusé, malin si vous préférez, crotterait-il devant sa maison ?
    Louis le Juste parle calmement, use de mots simples. Parfois, l’enfant écarquille les yeux. Il ne comprend pas tout, loin de là, mais il s’amuse follement. Personne ne lui répète à chaque bout de champ 7

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