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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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pourrait tromper son monde, laisser croire qu’avec l’aide du Saint-Esprit, la rédemption a accompli un miracle. Mais le préfet de discipline sait.
    Marolles, rentré à Paris, s’est précipité au collège, accusant Delaforge d’être responsable de la mort des deux fils du marquis. Comment en était-il sûr ? l’interrogea Calmés, incrédule. Le jésuite de la rue de la Couture-Sainte-Catherine avoua avoir écrit à François après la mort d’Antoine, suggérant prudemment, sur la foi d’Angélique de Saint-Bastien, comtesse de bonne moralité, que l’orphelin avait joué un rôle dans cette sinistre affaire. Hélas, François, le soldat, avait réagi imprudemment en se jetant sur la piste de l’incriminé – ce que, jurait le délateur, il n’avait nullement proposé.
    — Un soldat ! Vous saviez qu’il s’emporterait, regimba Calmés.
    — Pas aussi brusquement, tenta de modérer Marolles.
    Or donc, on l’avait retrouvé mort, à Versailles, percé de part en part, à vingt pas de la taverne d’un infirme dont le témoignage n’avait rien donné. Un cri l’avait fait sortir, non sans mal, de chez lui. Le tueur fuyait. La victime se vidait de son sang.
    — Malgré la promesse d’une belle récompense, ce… Ravort ne nous a guère aidés.
    Calmés se figea. Le tordu surgissait d’outre-tombe.
    — Répétez, je n’ai pas entendu…
    — Ravort. C’est le témoin. Le cabaretier. Ce nom vous parle ? Par tous les saints ! Ravort était vivant… Et toujours aux côtés de Delaforge.
    — Pourquoi me dirait-il quelque chose ? grommela-t-il pour cacher son émotion. Allons, votre dossier est maigre. Comment établir un lien avec Delaforge ?
    — François ne cherchait que lui.
    — À Versailles ? fit mine de s’étonner le préfet de discipline.
    Marolles, entêté, secoua la tête :
    — Il est derrière ! J’en suis certain. Il faut l’arrêter avant que…
    — Qu’il ne s’en prenne à vous ?
    — Tout est possible avec ce dément, admit-il, tête baissée, d’autant que la lettre destinée à François a disparu. Le criminel la détient sûrement. Or, je l’ai signée de ma main…
    — Et vous me voyez tenir quel rôle ?
    — Je ne dispose pas vraiment de preuve, mais il y a l’affaire du collégien qu’il défenestra.
    Calmés se leva calmement et vint du côté de Marolles :
    — L’enquête sera longue et lourde. On sollicitera l’avis de tous et le passé remontera. En sortirez-vous indemne ?
    Marolles serra les poings :
    — Ce qui a été dit en confession est enterré à jamais.
    — Si bien que la vôtre ne sera jamais utilisée. Je sais tout cela. Mais comment faire la lumière sur cette affaire si on ne peut parler de la vérité qui explique les actes de Delaforge ? Pour faire son procès et tirer au clair ce qui relèverait de sa responsabilité et ce qui incomberait à d’autres, nous devrions exhumer ce qui ne se peut. Aussi, conclut-il, nous voilà tous deux prisonniers de ce que vous m’interdisez d’utiliser. Votre demande étant donc irrecevable, je prierai pour votre âme. Au revoir, Marolles. Et soyez prudent…
    *
    Maintenant Calmés est face à son ancien élève. Il contemple le mal et se sent vieux pour la première fois de sa vie.
    — Toussaint ?
    — Oui, mon père…
    — Je ne mangerai pas à la même table que toi. Plus jamais.
    — Pouvez-vous m’expliquer pourquoi ? répond-il d’une voix égale.
    — Je sais que tu as exercé ta vengeance sur les fils du marquis de La Place. Tu as forcé le premier à se pendre ; le second, tu l’as tué. Marolles m’a tout raconté.
    Delaforge ne s’étonne de rien. Pis, il sourit méchamment :
    — Je corrige ce diable de jésuite. François, ce n’est pas moi.
    — Ravort, que tous croyaient mort, est donc le coupable ?
    — Je vois que Passe-Muraille a toujours du talent. Mais je vais être franc. Je voulais percer le cœur de François quand Ravort m’a cru perdu. Il ne voulait pas perdre sa poule aux œufs d’or…
    — Vous êtes… de nouveau associés ? À Versailles ?
    — Comme les cinq doigts de cette main, ricane-t-il brandissant son morceau d’ébène.
    — C’est ton choix. Il te mènera à ta perte.
    — Nous en reparlerons dans dix ans, quand je serai riche.
    — Les remords t’étoufferont avant…
    — Que pourrais-je regretter ? éclate-t-il franchement de rire.
    — Ta vengeance, car tu t’es trompé.
    Le visage de Delaforge se crispe. La cicatrice se montre.
    — Que

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