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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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connaître avant que tu ne sois transpercé par le fer.
    Voilà qui est dit. Le combat a déjà commencé.
    — Regarde, l’Irlandais , ajoute Beltavolo. Il y a Raymond du Chapeau rouge ! Eh ! Tu es lourdement chargé. Débarrassez cet ami et donnez-lui à boire.
    La besace vient d’être confisquée par Tino Mezzalira, l’Italien de Jesolo, près de Venise. Il l’apporte à son chef qui y jette un œil :
    — Une sacrée somme, apparemment.
    Delaforge reste muet.
    — C’est plus qu’il n’en faut pour une partie de cartes, lâche l’autre froidement.
    En face, toujours rien.
    — Explique-toi ! Tu viens chez moi, tu me nargues avec ton or… Ai-je l’air de manquer ?
    Il fait mine de réfléchir.
    — À moins que tu aies dans l’idée d’acheter quelque chose ?
    Cette fois, il s’emporte :
    — Crois-tu que tout soit à vendre ici ?
    Le ton a changé. L’attitude aussi. Il se tourne vers son camp et s’adresse à lui car il en est le chef. Ensuite, il regarde la salle et celle-ci le lui rend bien. Elle l’applaudit.
    — Parlons-en en tête à tête, se décide enfin Delaforge.
    Plus un bruit. On ne voudrait rien rater du duel qui s’engage.
    — Je n’ai rien à cacher ! clame Beltavolo, toujours à l’intention des siens. Allons, viens plus près. Assieds-toi et causons.
    On s’écarte pour laisser passer le rival qui entre dans le cercle formé par les lieutenants du maître de la Contrescarpe. Raymond de la Montagne s’y trouve, solidement encadré. Au centre, s’affronteront les deux adversaires. Au-delà, le vulgum pecus se presse. Delaforge vient de retrouver ses repères. Il est aux arènes.
    — Si j’estime la besace, tu m’apportes pas loin de mille livres, se décide Beltavolo. Pourquoi ? Que proposes-tu ?
    — Mille livres, en effet, répond-il.
    La salle frémit. Des voix s’élèvent pour qu’on se taise.
    — Pour une partie de piquet ? insiste cet hôte redoutable. Mais je n’ai pas cette somme ! fait-il semblant de gémir. Que puis-je t’offrir en échange ?
    — Écoute-moi, d’abord.
    — Je suis impatient, glousse Beltavolo qui aime se donner en spectacle.
    — Si je perds, tu gardes les mille livres et…
    — Voilà qui ressemble à la décision d’un jeune fou, coupe-t-on. Il faudra l’expliquer. Avant, dis-moi ce que tu exigerais, si tu gagnais ?
    — Toute la besace restera à toi, continue Toussaint imperturbablement.
    Cette fois, la salle grogne, s’exclame, certains sifflent même.
    — Taisez-vous ! hurle Beltavolo. Et toi, tâche d’être plus clair !
    — Si je l’emporte, je ne te réclamerai aucune somme.
    — Quoi alors ? Ma vie, peut-être ! ricane ce Matamore à qui le rôle du cabot semble plaire.
    — Non, celle d’Eva del Esperanza.
    On entendrait voler les mouches. La maîtresse de Beltavolo ! Comment oser un tel affront ? Pourtant, l’intéressé ne bronche pas, ne se lève pas pour tuer l’impudent. Bien au contraire, il sourit :
    — Tu as bon goût, chuchote-t-il, et tu es sacrément courageux.
    — Et toi, tu aimes l’argent, paraît-il…
    L’affront est de trop. Il va saisir sa miséricorde et…
    — Tu sembles confiant, répond-il seulement. As-tu demandé à cette damoiselle si elle était d’accord pour que tu… l’achètes.
    — Je veux simplement qu’elle soit libre. Ensuite, elle décidera.
    — Oui, on devrait sans doute lui poser la question, insiste Beltavolo en faisant mine d’y réfléchir.
    D’un coup de tête théâtral, il la cherche dans la salle :
    — Où es-tu, ma belle ? Ah ! J’y pense à présent… Elle est dans mon lit. Elle m’y attend.
    La salle rit.
    Delaforge ne bronche pas.
    — Et si tu perds, continue son vis-à-vis, moi, j’y gagne quoi ?
    — Mille livres, je te l’ai dit.
    — Mais tu me les as promises, même si je perds ! Non, non, il me faudrait plus.
    Il joue, hésite. Soudain, son visage s’éclaire :
    — Tu veux me prendre une vie, celle d’Eva ? Pourquoi pas, si elle est du même avis. Mais si tu perds, il m’en faudra une.
    Son index tournicote, hésite, s’arrête sur Raymond, repart en direction des lieutenants, passe en revue l’assemblée, avant de revenir sur Toussaint :
    — Et je choisis la tienne.
    Dans la salle, on n’en espérait pas autant. Fichtre ! Cette nuit sera formidable.
    — Qu’en dis-tu ?
    — J’accepte ta méthode, lui répond Toussaint sans faiblir. Si je gagne, Eva décidera avec qui elle veut rester, et tu garderas l’argent.
    — Et si tu

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