Un long chemin vers la liberte
situation de monopole sera transférée au peuple dans son ensemble ;
Le reste de l ’ industrie et du commerce sera contrôlé pour qu ’ il concoure au bien-être du peuple ;
Tous les citoyens auront des droits égaux de commercer à l ’ endroit de leur choix, d ’ avoir une activité industrielle et d ’ exercer tout commerce, artisanat ou profession.
LA TERRE SERA PARTAGÉE ENTRE CEUX QUI LA TRA VAILLENT !
La limitation de la propriété de la terre sur une base raciste prendra fin et toute la terre sera redistribuée entre ceux qui la travaillent, afin de bannir la famine et répondre au besoin de terre…
Certains membres de l ’ ANC, en particulier le groupe nationaliste, qui étaient anticommunistes et anti-Blancs, faisaient remarquer que la Charte était un projet pour une Afrique du Sud radicalement différente de celle que l ’ ANC avait défendue tout au long de son histoire. Ils affirmaient que la Charte annonçait un ordre socialiste et ils pensaient que le COD et les communistes blancs avaient eu une influence disproportionnée sur son idéologie. En juin 1956, dans le mensuel Liberation, j ’ ai fait remarquer que la Charte appuyait l ’ entreprise privée et permettrait au capitalisme de se développer parmi les Africains pour la première fois. La Charte garantissait qu ’ avec la liberté les Africains auraient l ’ occasion de posséder leur propre affaire à leur nom, de posséder leur maison, en bref de prospérer en tant que capitalistes et entrepreneurs. La Charte ne parle pas de la suppression des classes et de la propriété privée, ni de la propriété par l ’ Etat des moyens de production, et ne promulgue aucun des dogmes du socialisme scientifique. La clause qui demande la nationalisation possible des mines, des banques et des industries en situation de monopole n ’ aurait pas été une décision nécessaire si des Blancs n ’ avaient pas entièrement possédé et dirigé l ’ économie. La Charte demandait la fin des limitations de la propriété de la terre sur une base raciale, et non une propriété d ’ Etat.
La Charte était un document révolutionnaire précisément parce que les changements qu ’ elle envisageait ne pourraient pas être réalisés sans modifier radicalement les structures politiques et économiques de l ’ Afrique du Sud. Elle n ’ avait pas pour but d ’ être capitaliste ou socialiste, mais d ’ être une synthèse des demandes du peuple pour mettre fin aux différentes oppressions. En Afrique du Sud, pour atteindre la simple équité, on devait détruire l ’ apartheid car c ’ était l ’ incarnation même de l ’ injustice.
21
Mon interdiction s ’ achevait au début de septembre 1955. Je n ’ avais pas pris de vacances depuis 1948, époque à laquelle je n ’ étais qu ’ un poids plume dans l ’ ANC, avec guère d ’ autres responsabilités que celles d ’ assister aux réunions de la direction du Transvaal et de prendre la parole dans quelques meetings. Agé maintenant de trente-huit ans, j ’ avais rejoint la catégorie des poids mi-lourds, je pesais plus et j ’ avais plus de responsabilités. J ’ étais resté confiné dans Johannesburg pendant deux ans, enchaîné à mon travail d ’ avocat et d ’ homme politique et j ’ avais négligé les affaires de la famille Mandela, là-bas, dans le Transkei. J ’ avais envie de retourner à la campagne, de me retrouver dans le veld ouvert et l ’ ondulation des collines de mon enfance. Je désirais voir ma famille et parler avec Sabata et Daliwonga de certains problèmes concernant le Transkei, et l ’ ANC souhaitait que j ’ aborde avec eux certaines questions politiques. J ’ aurais des vacances de travail, les seules qui me convenaient.
La nuit qui a précédé mon départ, un certain nombre d ’ amis sont venus me dire au revoir chez moi. Duma Nokwe, le jeune et jovial avocat qui était alors secrétaire général de la Ligue de la jeunesse, se trouvait parmi eux. Duma avait accompagné Walter dans son voyage à la Conférence de la jeunesse à Bucarest et ce soir-là il nous a régalés avec des chansons russes et chinoises qu ’ il avait apprises pendant son voyage. A minuit, alors que mes invités s ’ apprêtaient à partir, ma fille Makaziwe, qui avait deux ans, s ’ est réveillée et m ’ a demandé si elle pouvait venir avec moi. Je n ’ avais pas passé suffisamment de temps avec ma famille et la demande de ma fille
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