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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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Newlands. Des groupes de cinq prisonniers étaient entassés dans des cellules de deux mètres sur trois, très sales, avec peu de lumière et encore moins d ’ aération. Nous n ’ avions qu ’ un seau en guise de toilettes avec un couvercle non attaché, et des couvertures infestées de vermine. Nous n ’ étions autorisés à sortir qu ’ une heure sur vingt-quatre.
    Le deuxième jour, nous avons envoyé une délégation se plaindre de nos conditions de détention auprès du commandant de la prison, le colonel Snyman. Sa réponse a été brève et brutale. Il a exigé des preuves en traitant nos plaintes de mensonges. « La vermine vient de vos maisons crasseuses, vous l ’ avez apportée avec vous   », a-t-il ajouté en se moquant.
    J ’ ai dit que nous avions aussi besoin d ’ une salle calme et bien éclairée pour que nous puissions préparer notre défense. Le colonel s ’ est de nouveau montré méprisant   : « Les règlements ne vous autorisent pas à lire de livres, si toutefois vous savez lire. » Malgré l ’ attitude dédaigneuse du colonel, on a bientôt repeint et désinfecté les cellules et on nous a fourni des couvertures propres et des seaux hygiéniques. Nous avons eu le droit de rester dans la cour presque toute la journée, et les inculpés du procès de trahison ont disposé d ’ une grande cellule pour des consultations et ont été autorisés à avoir des livres de droit.
    Nous resterions à Pretoria Local pour l ’ avenir immédiat. Nous partions le matin pour le procès et nous revenions à la prison l ’ après-midi. En application des principes de l ’ apartheid, les détenus étaient séparés en fonction de leur couleur. Evidemment, nous étions déjà séparés de nos compagnons blancs, mais la séparation d ’ avec les camarades métis et indiens à l ’ intérieur du même bâtiment nous semblait de la folie. Nous avons exigé d ’ être logés ensemble et on nous a donné toutes sortes de raisons stupides pour refuser. Quand la routine administrative proverbialement inflexible se combine à l ’ étroitesse d ’ esprit et à la mesquinerie de l ’ apartheid, le résultat peut dépasser l ’ imagination. Mais les autorités ont fini par céder et ont regroupé les détenus du procès de trahison.
    Si nous étions ensemble, notre nourriture restait déterminée par notre race. Au petit déjeuner, les Africains, les Indiens et les métis avaient la même quantité de nourriture, mais les Indiens, eux, recevaient en plus une demi-cuillerée de sucre. Pour le soir, on nous donnait à nouveau la même nourriture, mais les Indiens et les métis recevaient cent grammes de pain et nous pas du tout. Cette dernière distinction était faite d ’ après la supposition étrange que les Africains n ’ aimaient pas le pain, qui avait un goût « européen   » plus subtil. La nourriture des Blancs était bien supérieure à celle des Africains. Les autorités faisaient tellement attention au problème de la couleur que même le type de sucre et de pain fourni aux Blancs et aux autres n ’ était pas le même   : les prisonniers blancs avaient du sucre et du pain blancs, les prisonniers métis et indiens du sucre brun et du pain noir.
    Nous nous sommes plaints avec vigueur de la mauvaise qualité de la nourriture et notre avocat Sydney Kentridge a déposé une plainte officielle devant le tribunal. J ’ ai déclaré que la nourriture était impropre à la consommation humaine. Le juge Rumpff a accepté de la goûter lui-même et ce jour-là, il est sorti pour le faire. Le gruau de maïs et de haricots était le meilleur plat que préparait la prison, et pour cette occasion, les responsables y avaient mis plus de haricots et de sauce que d ’ habitude. Le juge Rumpff goûta quelques cuillers de gruau et déclara que cette nourriture était bien cuite et savoureuse. Il reconnut qu ’ il fallait la servir chaude. Nous avons ri entre nous à l ’ idée d ’ une nourriture « chaude   » en prison   ; c ’ était une contradiction dans les termes. Finalement, les autorités ont fourni aux détenus ce qu ’ elles ont appelé une « nourriture améliorée   » : les Africains ont eu du pain et les métis ont reçu la même nourriture que celle des Blancs.
     
    Pendant notre détention, j ’ ai bénéficié d ’ un privilège extraordinaire   : des voyages le week-end à Johannesburg. Mais il ne s ’ agissait que d ’ un congé très studieux. Peu de

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