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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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’ ANC organisation légale. Les gens formaient déjà des groupes militaires dans leur coin et seul l ’ ANC avait la poigne suffisante pour les diriger. Nous avions toujours affirmé que le peuple était en avance sur nous et actuellement il l ’ était.
    Nous avons parlé toute la journée, et à la fin, Moses m’a dit   : « Nelson, je ne te promets rien, mais repose la question au Comité et nous verrons ce qui arrivera. » Une réunion était prévue une semaine plus tard et j’ai posé de nouveau la question. Cette fois, Moses est resté silencieux, et un consensus s’est dégagé pour que je fasse la proposition à la Direction nationale à Durban. Walter s’est contenté de sourire.
    La réunion de la Direction à Durban, comme toutes les réunions de l’ANC à l’époque, eut lieu en secret et la nuit, afin d’éviter la police. Je pensais rencontrer des difficultés parce que le chef Luthuli serait présent et je connaissais son engagement moral envers la non-violence. Je me méfiais aussi du moment   : je soulevais la question de la violence tout de suite après le procès de trahison où nous avions soutenu que pour l’ANC la non-violence était un principe inviolable et non pas une tactique dont on pouvait changer en fonction des circonstances. Moi-même, je croyais exactement l’inverse   ; que la non-violence était une tactique qu’on devrait abandonner quand elle ne serait plus efficace.
    A la réunion, j’ai soutenu que le gouvernement ne nous laissait pas d’autre choix que la violence. J’ai dit qu’il était faux et immoral d’exposer notre peuple aux attaques armées du gouvernement sans lui offrir une sorte d’alternative. J’ai signalé de nouveau que le peuple avait pris les armes tout seul. La violence commencerait, que nous en prenions ou non l’initiative. Ne vaudrait-il pas mieux guider cette violence nous-mêmes, d’après nos principes selon lesquels nous attaquions les symboles de l’oppression, et non le peuple   ? Si nous ne prenions pas maintenant la direction de la lutte armée, dis-je, nous serions des retardataires et les suiveurs d’un mouvement que nous ne contrôlerions pas.
    Au début, le chef s’opposa à mes arguments. Pour lui, la non-violence n’était pas simplement une tactique. Mais nous avons continué à lui parler toute la nuit   ; et je pense qu’au plus profond de lui il s’est rendu compte que nous avions raison. Il a finalement accepté l’idée qu’une campagne militaire était inévitable. Quand, plus tard, quelqu’un insinua que peut-être le chef n’était pas préparé pour un tel changement de direction, il répliqua   : « Si quelqu’un pense que je suis un pacifiste, qu’il vienne prendre mes poulets, et il verra qu’il se trompe   ! »
    La Direction nationale accepta formellement la décision préparatoire du Comité de travail. Le chef et d’autres suggérèrent que nous traitions de cette nouvelle résolution comme si l’ANC n’en avait pas encore discuté. Le chef ne voulait pas mettre en danger la légalité de nos alliés non interdits. D’après lui, un mouvement militaire devait être un organisme séparé et indépendant, lié à l’ANC et sous le contrôle général de l’ANC, mais fondamentalement autonome. Ce seraient deux courants de la lutte. Nous avons tout de suite accepté la suggestion du chef. Avec d’autres, il nous a mis en garde afin que cette nouvelle phase ne soit pas une excuse pour négliger les tâches essentielles de l’organisation et les méthodes traditionnelles de lutte. Cela aussi serait autodestructeur parce que la lutte armée, au moins au début, ne serait pas l’élément central du mouvement.
    La nuit suivante, une réunion des différentes directions était prévue à Durban. Y participaient le Congrès indien, le Congrès métis, le Congrès des syndicats sud-africains et le Congrès des démocrates. En général, ces autres groupes acceptaient les décisions de l’ANC mais je savais que certains collègues indiens s’opposeraient énergiquement à ce changement vers la violence.
    La réunion commença de façon malheureuse. Le chef Luthuli, qui présidait, annonça que, même si l ’ ANC avait accepté une décision sur la violence, c ’ était une question d ’ une telle gravité qu ’ il aimerait que ses « collègues présents ici ce soir reposent à nouveau la question   ». Il était évident qu ’ il n ’ avait pas encore entièrement accepté

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