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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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du gouvernement   ». Notre manifestation éclipsa la proclamation de la république.
    Les rapports de la première journée de grève évoquaient de fortes réactions dans différentes régions du pays, mais dans l ’ ensemble la réponse semblait moins importante que ce que nous avions espéré. Les communications étaient difficiles et les mauvaises nouvelles semblaient voyager plus vite que les bonnes. Au fur et à mesure que les rapports arrivaient, je me sentais déçu. Ce soir-là, un peu démoralisé et en colère, j ’ eus une conversation avec Benjamin Pogrund du Rand Daily Mail dans laquelle je lui laissai entendre que l ’ époque de la lutte non violente était terminée.
    Le deuxième jour, après avoir consulté mes collègues, j’appelai à un arrêt de la grève. Le matin, je rencontrai les membres de la presse locale et étrangère dans un appartement d’une banlieue blanche, et je leur dis que la grève avait été « un énorme succès   ». Mais je ne dissimulai pas le fait que je croyais qu’on entrait dans une nouvelle époque. Je leur dis   : « Si la réaction du gouvernement consiste à écraser par la force notre lutte non-violente, nous aurons à reconsidérer notre tactique. A mon avis, nous achevons un chapitre sur cette question de la politique de non-violence. » C’était une déclaration très grave et je le savais. Je fus critiqué par notre direction pour avoir fait cette remarque avant toute discussion par l’organisation, mais parfois on doit rendre publique une idée pour pousser une organisation peu disposée à s’engager dans la direction où l’on veut aller.
    Le débat sur l’utilisation de la violence durait entre nous depuis le début de 1960. J’avais parlé pour la première fois de la lutte armée avec Walter dès 1952. Je lui en parlai à nouveau et nous fûmes d’accord pour reconnaître que l’organisation devait s’engager dans une nouvelle voie. Le Parti communiste s’était secrètement reconstitué dans la clandestinité et envisageait de former sa propre branche militaire. Nous avons décidé que je poserais le problème de la lutte armée au Comité de travail et je le fis au cours d’une réunion en juin 1961.
    J’avais à peine commencé à formuler ma proposition que Moses Kotane, le secrétaire du Parti communiste, et l’un des personnages les plus puissants de la direction de l’ANC, lança une contre-attaque en m’accusant de ne pas avoir suffisamment réfléchi à ma proposition. Il dit que j’avais été dépassé et paralysé par la réaction du gouvernement, et que maintenant, en désespoir de cause, j’avais recours au langage révolutionnaire. « y a encore de la place, insista-t-il, pour les vieilles méthodes si nous avons assez d’imagination et de détermination. Si nous nous embarquons dans la voie que Mandela propose, nous exposerons des gens innocents à être massacrés par l’ennemi. »
    Moses parlait de façon convaincante et je voyais que j’avais perdu. Walter lui-même ne prenant pas la parole pour me soutenir, j’ai renoncé   ; je lui ai ensuite dit mon mécontentement et lui ai reproché de ne pas être venu à mon aide. Il a ri et m’a répondu que ç’aurait été stupide de vouloir lutter contre l’orgueil de deux lions en colère. Walter est un homme plein de ressource et de diplomatie. « Laisse-moi arranger une rencontre entre Moses et toi, me dit-il, et tu pourras défendre ton point de vue. » J’étais dans la clandestinité mais Walter réussit à nous réunir dans une maison du township et nous avons parlé toute la journée.
    J ’ ai été franc et j ’ ai expliqué pourquoi je croyais que nous n ’ avions pas d ’ autre choix que de nous tourner vers la violence. J ’ ai utilisé une vieille expression africaine   : « Sebatana ha se bokwe ka diatla   » (On ne peut détourner l ’ attaque d ’ une bête sauvage les mains nues). Moses était un communiste de la vieille école, et je lui dis qu ’ en s ’ opposant à moi, il était comme le Parti communiste de Cuba sous Batista. Le Parti avait insisté en disant que les conditions n ’ étaient pas réunies et il attendit parce qu ’ il suivait simplement le manuel de définitions de Lénine et de Staline. Castro n ’ attendit pas, il agit –   et triompha. Si l ’ on attend que les conditions du manuel soient réunies, cela n ’ arrivera jamais. J ’ ai dit à Moses que son esprit sortait du vieux moule de l

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