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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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quoi lire et je crains d ’ avoir empiété sur sa vie, aussi bien sur son travail que sur ses loisirs. Mais c ’ était quelqu ’ un de si aimable et de si réservé qu ’ il ne s ’ est jamais plaint.
     
    J’ai passé près de deux mois chez lui   ; je dormais sur un lit de camp, en restant enfermé toute la journée, avec les rideaux tirés, à lire et à faire des plans, et je ne sortais que le soir pour des réunions ou des séances d’organisation. Je dérangeais Wolfie chaque matin parce que je me réveillais à 5 heures, j’enfilais un survêtement et je courais sur place pendant plus d’une heure… Wolfie a fini par se mettre au même régime que moi et s’est entraîné le matin avant d’aller au travail.
    A ce moment-là, MK s’exerçait aux explosions. Un soir, j’ai accompagné Wolfie dans une vieille briqueterie aux limites de la ville où avait lieu une démonstration. C’était une infraction à la sécurité, mais je voulais assister au premier essai d’un dispositif de mise à feu de MK. Il y avait souvent des explosions dans cette briqueterie car on se servait de dynamite pour dégager l’argile avant de la ramasser pour fabriquer des briques. Jack Hodgson avait apporté un bidon de pétrole rempli de nitroglycérine   ; il avait mis au point un mécanisme à retardement avec l’intérieur d’un stylobille. Il faisait sombre, nous avions peu de lumière et nous nous tenions sur le côté tandis que Jack travaillait. Quand il a été prêt, nous nous sommes reculés et nous avons compté trente secondes. Il y a eu un énorme grondement et beaucoup de terre déplacée. L’explosion avait été un succès   ; nous sommes revenus rapidement vers les voitures pour partir dans des directions différentes.
     
    Je me sentais en sécurité à Berea. Je ne sortais pas et, du fait qu ’ il s ’ agissait d ’ une banlieue blanche, la police ne s ’ attendait sûrement pas à me trouver là. Pendant la journée, je lisais et je posais une bouteille de lait sur l ’ appui de la fenêtre pour le laisser fermenter. J ’ aime beaucoup le lait caillé qu ’ on appelle amasi chez les Xhosas, qui le considèrent comme une boisson très saine et très nourrissante. C ’ est très simple à préparer car il suffit de laisser le lait à l ’ air libre et d ’ attendre qu ’ il caille. Il devient épais et acide, un peu comme du yaourt. J ’ ai même réussi à convaincre Wolfie d ’ y goûter, mais il a fait la grimace.
    Un soir, Wolfie était rentré et nous bavardions dans l’appartement quand j’ai surpris une conversation de l’autre côté de la fenêtre. Deux jeunes hommes parlaient zoulou, mais je ne pouvais pas les voir car les rideaux étaient tirés. J’ai fait signe à Wolfie de se taire.
    « Pourquoi est-ce qu’il y a “notre lait”   sur le rebord de la fenêtre   ? a demandé l’un d’eux.
    —  De quoi tu parles   ? a répondu l’autre.
    —  Du lait caillé amasi, sur le rebord de la fenêtre. Qu ’ est-ce que ça fait là   ? » Puis il y a eu un silence. Le type au regard perçant laissait entendre que seul un Noir pouvait poser du lait sur l ’ appui d ’ une fenêtre, mais que faisait un Noir dans un quartier blanc   ? Je me suis rendu compte que je devais déménager. La nuit suivante je suis parti dans une autre planque.
    J ’ ai habité à Johannesburg chez un médecin où, la nuit, je dormais avec les domestiques et, le jour, je travaillais dans le bureau dudit médecin. Dans la journée, à chaque fois que quelqu ’ un venait, je sortais par-derrière et je faisais semblant d ’ être un jardinier. Puis j ’ ai passé une quinzaine de jours sur une plantation de canne à sucre au Natal, où je vivais avec un groupe d ’ ouvriers agricoles africains et leurs familles, dans une petite communauté qui s ’ appelait Tongaat, sur la côte, au-dessus de Durban. J ’ habitais dans un foyer où je me faisais passer pour un technicien agricole envoyé par le gouvernement pour analyser la terre. L ’ organisation m ’ avait fourni les outils nécessaires et, chaque jour, je passais plusieurs heures à analyser le sol et à réaliser des expériences. Je ne comprenais pas bien ce que je faisais et je ne pense pas que je trompais les gens de Tongaat. Mais ces hommes et ces femmes, principalement des ouvriers agricoles, avaient une sorte de discrétion naturelle et ne posaient pas de questions sur mon identité, même quand des gens, dont

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