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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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assister à des réunions et je ne revenais qu’au milieu de la nuit. Je me sentais souvent inquiet de rentrer aussi tard dans un endroit que je ne connaissais pas bien et où je vivais dans l’illégalité sous un faux nom. Je me souviens d’avoir eu peur une nuit en croyant apercevoir quelqu’un caché dans les buissons, mais quand je suis allé vérifier je n’ai rien trouvé. Un combattant de la liberté clandestin ne dort que d’un œil.
    Après plusieurs semaines, Raymond Mhlaba est venu me rejoindre depuis Port Elizabeth. C’était un syndicaliste à toute épreuve, membre de la direction locale de l’ANC pour Le Cap et du Parti communiste, le premier responsable de l’ANC à avoir été arrêté pendant la Campagne de défi. L’ANC l’avait choisi comme une des premières recrues d’Umkhonto we Sizwe. Il venait préparer son départ avec trois autres en République populaire de Chine pour y suivre un entraînement militaire   ; nous avions renoué les contacts que Walter avait pris en 1952. Ray resta avec moi pendant une quinzaine de jours et me fournit une image très claire des problèmes de l’ANC dans l’Eastern Cape. Je lui ai aussi demandé son aide pour la rédaction de la constitution de MK. Joe Slovo et Rusty Bernstein nous ont rejoints et y ont collaboré eux aussi.
    Après le départ de Raymond, Michael Harmel m ’ a rejoint pendant quelque temps   ; c ’ était un personnage clef dans le Parti communiste clandestin, membre fondateur du Congrès des démocrates et directeur du magazine Liberation. Michael était un brillant théoricien qui travaillait sur les questions politiques pour le Parti communiste et il avait besoin d ’ un endroit calme et sûr pour poursuivre son activité à plein temps.
    Pendant la journée, je gardais mes distances parce qu’il aurait été extrêmement curieux qu’un Blanc et un domestique africain aient des conversations régulières. Mais le soir, après le départ des ouvriers, nous avions de longues discussions sur les relations entre le Parti communiste et l’ANC. Une nuit, je suis rentré très tard après une réunion. Quand j’étais seul, je vérifiais que les portes étaient fermées à clef et les lumières éteintes. Je prenais un certain nombre de précautions parce qu’un Noir conduisant une voiture la nuit vers une petite ferme de Rivonia, cela aurait pu soulever des questions désagréables. Mais j’ai vu les lumières allumées et, en m’approchant de la maison, j’ai entendu une radio qui hurlait. La porte d’entrée était ouverte, je suis entré et j’ai trouvé Michael qui dormait profondément dans son lit. Ce manquement à la sécurité m’a rendu furieux. « Pourquoi as-tu laissé les lumières et la radio   ? » Il était saoul et en colère. « Nel, pourquoi tu me réveilles   ? Ça pouvait pas attendre demain matin   ? » Je lui ai dit que c’était une question de sécurité et je lui ai reproché sa négligence.
    Peu après, Arthur Goldreich et sa famille se sont installés dans la maison principale comme locataires officiels et j’ai pris possession d’un petit pavillon nouvellement construit. La présence d’Arthur fournissait une excellente couverture à nos activités. Arthur était un artiste et un dessinateur de profession, militant du Congrès des démocrates et l’un des premiers membres de MK. La police ne savait rien de ses activités politiques et il n’avait jamais subi d’interrogatoire ni de perquisition. Dans les années 40, il avait combattu avec le Palmach, la branche armée du Mouvement national juif en Palestine. Il connaissait bien la guerre de guérilla et m’a beaucoup aidé à combler mes lacunes. C’était un personnage extraordinaire, qui fit régner une atmosphère d’optimisme.
    Le dernier membre du groupe permanent de la ferme était Mr. Jelliman, un aimable retraité blanc et un vieil ami du mouvement, qui devint contremaître. Mr. Jelliman amena plusieurs ouvriers du Sekhukhuneland et l’endroit ressembla bientôt à n’importe quelle autre ferme. Jelliman n’était pas membre de l’ANC, mais il était loyal, discret et travailleur. Je lui préparais le petit déjeuner et le souper et il était toujours aimable. Plus tard, il risqua sa vie et ses moyens d’existence en essayant de m’aider.
     
    Les moments les plus heureux à la ferme, c’était quand ma femme et ma famille venaient me voir. Quand les Goldreich habitaient là, Winnie venait tous les

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