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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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indépendante et qui venait de sortir d’une prison française. Un écho lointain du défilé militaire que j’avais vu à Addis-Abeba   ; ce défilé n’était pas la force impeccable, très bien alignée, aux uniformes élégants d’Ethiopie mais une sorte d’histoire en marche du mouvement de guérilla en Algérie.
    En tête déambulaient les vétérans fiers et aguerris, portant des turbans, de longues tuniques et des sandales, qui avaient commencé la lutte de nombreuses années auparavant. Ils portaient les armes qu’ils avaient utilisées   : des sabres, de vieux fusils à pierre, des haches et des lances. Des soldats plus jeunes et tout aussi fiers les suivaient avec des armes modernes. Certains avaient des armes antichars et antiaériennes. Mais même eux ne défilaient pas avec l’élégance et la précision des Ethiopiens. C’était une armée de guérilla composée de combattants qui avaient gagné leurs galons dans le feu des batailles, qui s’intéressaient plus à la guerre et à la tactique qu’aux uniformes et aux défilés. Encore sous l’impression des soldats d’Addis-Abeba, je savais que nos propres forces ressembleraient plus aux soldats d’Oujda et je pouvais seulement espérer qu’elles combattraient aussi vaillamment.
    A l’arrière, il y avait une fanfare militaire, assez désordonnée, dirigée par un homme qui s’appelait Sudani. Grand, bien bâti et sûr de lui, il était aussi noir que la nuit. Il lançait une canne de tambour-major et quand nous l’avons vu, tout notre groupe s’est levé et a applaudi. J’ai vu que les autres autour de moi nous regardaient et je me suis rendu compte que nous ne l’applaudissions que parce qu’il était noir et les visages noirs étaient assez rares au Maroc. A nouveau, le pouvoir du nationalisme et de l’ethnicité m’a frappé. Nous avions réagi immédiatement, car nous avions eu l’impression de voir un frère africain. Plus tard, nos hôtes nous ont expliqué que Sudani avait été un soldat légendaire, et on disait même qu’il avait capturé seul toute une unité de Français. Mais nous l’avions applaudi à cause de sa couleur et non de ses exploits.
    Du Maroc, j’ai survolé le Sahara pour aller à Bamako, la capitale du Mali, et de là en Guinée. Du Mali en Guinée nous avons volé dans quelque chose qui ressemblait plus à un autobus qu’à un avion. Des poulets se promenaient dans le couloir, des femmes marchaient de long en large avec des paquets sur la tête et vendaient des cacahuètes et des légumes séchés. C’était un vol de style démocratique et j’aimais beaucoup cela.
    L’étape suivante fut la Sierra Leone   ; quand je suis arrivé j’ai découvert que le Parlement était en session et j’ai décidé d’y assister. Je suis entré comme n’importe quel touriste et l’on m’a donné un siège pas très loin du président. L’huissier s’est approché de moi et m’a demandé de m’identifier. Je lui ai chuchoté   : « Je suis le représentant du chef Luthuli d’Afrique du Sud. » Il m’a serré la main avec chaleur et il est allé parler au président. L’huissier m’a alors expliqué qu’on m’avait donné par erreur un siège qui, normalement, n’était pas destiné aux visiteurs, mais ils considéraient comme un honneur de faire une exception.
    Au bout d’une heure, il y eut une suspension de séance et, tandis que je buvais un thé au milieu des parlementaires et des dignitaires, une file s’est formée devant moi et j’ai vu à mon plus grand étonnement que tout le Parlement attendait pour me serrer la main. Je trouvais cela très agréable, mais à la troisième ou quatrième poignée de main la personne a murmuré   : « C’est un grand honneur de serrer la main du vénéré chef Luthuli, lauréat du prix Nobel de la paix. » J’étais un imposteur. L’huissier avait mal compris. Le Premier ministre, Sir Milton Margai, arriva pour me rencontrer, et l’huissier me présenta comme étant le chef. J’ai immédiatement essayé de lui dire que je n’étais pas le chef Luthuli mais il n’a rien voulu savoir et j’ai décidé qu’au nom de l’hospitalité je continuerais. Plus tard, quand j’ai rencontré le président, je lui ai expliqué l’erreur d’identité, et il m’a offert généreusement une aide matérielle.
    Au Liberia, j’ai rencontré le président Tubman, qui non seulement m’a donné 5   000 dollars pour des armes et de

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