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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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cinq cents soldats noirs en rangées de quatre et chacun portait un fusil brillant sur l’épaule de son uniforme. Quand le détachement est arrivé devant la tribune, on a crié un ordre en amharique et les cinq cents soldats se sont arrêtés comme un seul homme, ils ont fait demi-tour et ont salué dans un ordre impeccable un vieil homme dans un uniforme éblouissant, Son Altesse l’empereur d’Ethiopie, Hailé Sélassié, le Lion de Juda.
    Pour la première fois de ma vie, je voyais des soldats noirs, commandés par des généraux noirs, applaudis par des responsables noirs qui étaient tous les invités d’un chef d’Etat noir. C’était un moment enivrant. J’espérais seulement que cela annonçait l’avenir de mon pays.
    Le lendemain matin, Oliver et moi, nous avons assisté à une réunion où chaque organisation devait faire une demande d’accréditation. Nous avons eu la désagréable surprise de découvrir que notre demande était bloquée par une délégation de l’Ouganda qui prétendait que nous étions une organisation tribale xhosa. Mon premier mouvement fut de rejeter cette plainte avec mépris, mais Oliver pensait que nous devions simplement expliquer que notre organisation avait été formée pour unir tous les Africains et que nos membres venaient de tous les groupes de la population. C’est ce que je fis, en ajoutant que le président de l’ANC était le chef Luthuli, un Zoulou. Notre demande fut acceptée. Je me rendis compte que sur le continent africain beaucoup de gens ne savaient de l’ANC que ce qu’en avait dit le PAC.
    La conférence fut officiellement ouverte par Sa Majesté impériale, qui portait un uniforme orné d’un brocart très élaboré. Je fus surpris de voir que l’empereur était petit, mais sa dignité et son assurance lui donnaient l’allure du géant africain qu’il était. Pour la première fois, je voyais un chef d’Etat dans l’exercice de ses fonctions et cela me fascinait. Il se tenait parfaitement droit, et penchait simplement la tête pour indiquer qu’il écoutait. La dignité marquait toutes ses actions.
    Je devais parler après l’empereur, seul autre orateur de la matinée. Pour la première fois depuis des mois, j’ai abandonné l’identité de David Motsamayi pour redevenir Nelson Mandela. Dans mon discours, j’ai rappelé l’histoire de la lutte de libération en Afrique du Sud et j’ai évoqué les massacres commis contre notre peuple, depuis Bulhoek en 1921, quand l’armée et la police avaient tué 183 paysans sans armes, jusqu’à Sharpeville quarante ans plus tard. J’ai remercié les nations présentes des pressions qu’elles exerçaient sur l’Afrique du Sud en citant en particulier le Ghana, le Nigeria et le Tanganyika qui avaient été à l’origine de l’exclusion de l’Afrique du Sud du Commonwealth. J’ai retracé la naissance d’Umkhonto we Sizwe en expliquant qu’on nous avait interdit toute possibilité de lutte pacifique. « Les responsables commettent un crime contre leur peuple s’ils hésitent à affûter leurs armes politiques quand elles sont devenues moins efficaces. Pendant la nuit du 16 décembre dernier, toute l’Afrique du Sud a vibré sous les coups puissants d’Umkhonto we Sizwe. » J’avais à peine fini de dire cela que le Premier ministre d’Ouganda s’écria   : « Il faut encore les frapper   ! » J’ai alors parlé de ma propre expérience   :
     
    Je viens de sortir d’Afrique du Sud et, ces dix derniers mois, j’ai vécu dans mon pays comme un proscrit, loin de ma famille et de mes amis. Quand j’ai été contraint de mener ce genre de vie, j’ai fait une déclaration publique dans laquelle j’annonçais que je ne quitterais pas mon pays et que je continuerais à lutter dans la clandestinité. Je le pensais et j’honorerai cet engagement.
     
    L’annonce de mon retour en Afrique du Sud a été saluée par de vifs applaudissements. On nous avait encouragés à parler les premiers pour que le PAFMECSA puisse juger notre cause et décider du soutien à lui apporter. De nombreux Etats africains hésitaient toujours à soutenir les luttes violentes dans les autres pays   ; mais mon discours réussit à convaincre qu’en Afrique du Sud les combattants de la liberté n’avaient pas d’autre choix que de prendre les armes.
    Oliver et moi, nous eûmes un entretien privé avec Kenneth Kaunda, le chef du Parti uni de l’indépendance nationale de la Rhodésie du Nord et

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