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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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l’entraînement, mais m’a aussi demandé d’une voix calme   : « Avez-vous de l’argent de poche   ? » Je lui ai avoué qu’il ne me restait pas grand-chose, alors immédiatement un aide de camp est venu avec une enveloppe contenant 400 dollars en liquide. Du Liberia, je suis allé au Ghana où j’ai retrouvé Oliver, et nous avons été reçus par l’ambassadeur de Guinée, Abdoulaye Diallo. Quand je lui ai dit qu’en Guinée je n’avais pas vu Sékou Touré, il a immédiatement organisé notre retour dans ce pays aride. Touré nous a impressionnés, Oliver et moi. Il habitait dans une maison modeste et portait un vieux costume aux couleurs passées qui aurait eu besoin d’aller chez le teinturier. Nous lui avons expliqué l’histoire de l’ANC et de MK et nous lui avons demandé 5   000 dollars en soutien à MK. Il nous a écoutés calmement et nous a répondu de façon formelle, comme s’il faisait un discours   : « Le gouvernement et le peuple de Guinée soutiennent entièrement la lutte de nos frères d’Afrique du Sud et nous avons fait des déclarations à l’ONU en ce sens. » Il est allé jusqu’à une bibliothèque dans laquelle il a pris deux livres de lui qu’il nous a dédicacés. Puis il nous a dit merci et nous a raccompagnés.
    Nous étions très ennuyés   : on nous avait rappelés d’un autre pays et tout ce qu’il nous avait donné c’étaient deux exemplaires dédicacés de son livre   ? Nous avions perdu notre temps. Peu de temps après, nous étions dans notre chambre d’hôtel quand un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères a frappé à notre porte et nous a tendu une valise. Nous l’avons ouverte pour découvrir qu’elle était remplie de billets de banque   : nous nous sommes regardés, très contents. Mais Oliver a changé de visage   : « Nelson, c’est de l’argent guinéen, a-t-il dit. Il ne vaut rien en dehors d’ici   ; ce n’est que du papier. » Mais Oliver a eu une idée   : nous avons emporté l’argent à l’ambassade de Tchécoslovaquie où il avait un ami qui l’a échangé contre une monnaie convertible.
     
    La grâce des bateaux de pêche très fins qui glissaient dans le port de Dakar n’avait d’égale que l’élégance des Sénégalaises qui se glissaient dans la ville vêtues de robes flottantes et la tête recouverte d’un turban. Je me promenais sur la place du marché voisin, enivré par les épices et les senteurs exotiques. Les Sénégalais sont beaux et j’ai beaucoup aimé notre bref séjour dans leur pays. La société montre comment des éléments très disparates –   français, islamiques et africains  – peuvent se mêler pour former une culture unique et distincte.
    En allant voir le président Léopold Senghor, Oliver a été victime d’une violente crise d’asthme. Il a refusé de rentrer à l’hôtel et je l’ai porté sur mon dos pour monter dans le bureau du président. Senghor était très inquiet de voir Oliver dans cet état et il a insisté pour que son médecin personnel le soigne.
    On m’avait conseillé de me méfier de Senghor, car on disait que des soldats sénégalais combattaient avec les Français en Algérie et que le président lui-même aimait un peu trop les coutumes et les charmes de l’ancien régime. Dans les nouvelles nations, il y aura toujours une attirance durable pour le mode de vie des colonisateurs  – moi-même je n’en étais pas exempt. Le président Senghor était un universitaire et un poète   ; il nous dit qu’il réunissait des documents sur Chaka et il nous flatta en nous posant quantité de questions sur ce grand guerrier sud-africain. Nous lui fîmes un résumé de la situation de notre pays et nous lui demandâmes une aide pour l’entraînement de nos soldats ainsi que de l’argent. Senghor nous répondit qu’il avait les mains liées jusqu’à la réunion du Parlement.
    En attendant, il voulait que nous parlions avec le ministre de la Justice, M. Daboussier, des problèmes d’entraînement militaire, et le président me présenta une très belle jeune fille française qui, m’expliqua-t-il, serait notre interprète. Je n’ai rien dit, mais j’étais gêné. Je ne me sentais pas à l’aise à l’idée de parler de questions très délicates d’entraînement militaire devant une jeune femme que je ne connaissais pas et dont je ne savais pas si je pouvais lui faire confiance. Senghor a compris mon embarras car il m’a dit

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