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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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favorise l’amitié. Dinath m’accompagnait souvent autour de la cour dans mon jogging. Un jour, il m’a demandé si je ne voyais pas d’inconvénient à ce qu’il demande à être près de moi à l’hôpital. Je lui ai dit qu’il serait le bienvenu mais je pensais que les autorités n’accepteraient jamais. Je me trompais.
    C’était tout à fait inhabituel qu’un prisonnier de droit commun comme Dinath soit autorisé à fréquenter un prisonnier politique en attente de procès. Mais je n’ai rien dit parce que j’étais content d’avoir de la compagnie. Dinath était riche et donnait de l’argent aux autorités de la prison. En échange, il recevait de nombreux privilèges   : il portait des vêtements destinés aux prisonniers blancs, mangeait comme eux, et ne travaillait absolument pas.
    Une nuit, à mon plus grand étonnement, j’ai vu le colonel Minnaar, le directeur de la prison, et un défenseur très connu de la cause afrikaner, venir le chercher. Dinath a quitté la prison et n’est revenu que le lendemain matin. Si je ne l’avais pas vu de mes propres yeux, je ne l’aurais jamais cru.
    Dinath me racontait des histoires d’escroqueries financières et de corruption parmi les ministres que je trouvais fascinantes. Cela me confirmait que l’apartheid était un poison qui entraînait une décadence morale dans tous les secteurs. J’évitais soigneusement d’aborder avec lui les questions politiques ou sensibles par crainte qu’il ne soit un informateur. Une fois, il me demanda de lui parler de mon voyage africain et je suis resté dans les généralités. Finalement, Dinath tira suffisamment de ficelles pour accélérer sa libération et il s’en alla après avoir accompli seulement quatre mois de sa peine de deux ans.
     
    L’évasion sert un double objectif   : elle permet à un combattant de la liberté de sortir de prison pour reprendre le combat mais elle donne aussi un extraordinaire élan psychologique à la lutte et une grande publicité contre l’ennemi. Quand j’étais prisonnier, j’ai toujours pensé à l’évasion et au cours de mes différents aller et retour au bureau du commandement, j’observais attentivement les murs, les mouvements des gardes, les types de clefs et de serrures. J’ai fait un croquis détaillé de la prison en notant particulièrement la localisation exacte de l’hôpital et des portes qui permettaient d’en sortir. On a sorti ce plan en fraude et on l’a remis au mouvement avec l’ordre de le détruire dès qu’on en aurait pris connaissance.
    Il existait deux plans d’évasion, un mis au point par Moosa Dinath que j’ignorais   ; un deuxième conçu par l’ANC et que m’a communiqué Joe Slovo. Il comprenait des pots-de-vin, des copies de clefs, et même une fausse barbe qu’on devait coudre dans l’épaulette d’une des vestes qu’on m’apporterait en prison. L’idée, c’était que je mettrais la fausse barbe après m’être évadé. J’ai étudié le plan avec attention et j’ai conclu que d’une part il était prématuré et que d’autre part les possibilités de réussite étaient vraiment trop faibles. Un échec dans ce domaine aurait été fatal à l’organisation. Quand j’ai rencontré Joe, je lui ai passé une note où j’exprimais mon point de vue. J’écrivais que MK n’était pas prêt pour ce genre d’opérations   ; même une force d’élite entraînée n’aurait sûrement pas été capable d’accomplir une telle mission. Je suggérais qu’on retarde le coup jusqu’à ce que je sois condamné, quand les autorités seraient moins vigilantes. A la fin j’écrivais   : « Veuillez détruire cette note quand vous l’aurez lue. » Joe et les autres suivirent mon conseil sur la tentative d’évasion mais ils décidèrent de conserver la note en tant que document historique et elle réapparut plus tard, à un moment tout à fait inopportun.
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    La première audition fut fixée au lundi 15 octobre 1962. L ’ organisation avait formé un « Comité pour la libération de Mandela   » et elle lança une campagne très active avec le slogan « Libérez Mandela   ». Des manifestations eurent lieu dans tout le pays et on commença à voir le slogan écrit sur les murs des immeubles. Le gouvernement répondit en interdisant toute réunion en relation avec mon emprisonnement, mais le mouvement de libération l ’ ignora.
    En préparation de l’audition du lundi 15 octobre, le Comité pour la

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