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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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n’importe quel pays civilisé, il serait scandaleux qu’un Premier ministre ne réponde pas à une lettre soulevant des questions vitales affectant la majorité des citoyens de ce pays   ? Etes-vous d’accord sur ce point   ?
    T ÉMOIN   : Non, je ne suis pas d ’ accord.
    N.M. : Vous n’êtes pas d’accord pour reconnaître qu’il serait anormal qu’un Premier ministre ignore une lettre soulevant des questions vitales affectant l’immense majorité des citoyens de ce pays   ?
    T ÉMOIN   : Le Premier ministre a répondu à la lettre.
    N.M. : Mr. Barnard, je ne veux pas être grossier avec vous. Pouvez-vous vous contenter de répondre aux questions   ? La question que je vous pose est la suivante   : Etes-vous d ’ accord pour reconnaître qu ’ il est tout à fait incorrect de la part d ’ un Premier ministre de ne pas répondre à une communication soulevant des questions vitales affectant l ’ immense majorité du pays   ?
     
    Mr. Barnard et moi n’avons pu nous mettre d’accord. A la fin, il a dit que le ton de la lettre était agressif et discourtois et que c’était pour cette raison que le Premier ministre n’y avait pas répondu.
    Tout au long du procès, le procureur et le juge n’ont cessé de me demander le nombre de témoins que j’avais l’intention d’appeler. Je répondais toujours   : « Je prévois d’appeler autant de témoins que l’accusation, sinon plus. » Quand, finalement, l’accusation en eut fini, il y eut un grand silence dans le tribunal, car on attendait que je commence ma défense. Je me levai alors et, au lieu d’appeler mon premier témoin, je dis sur le ton le plus naturel que je n’en appellerais aucun et, sur ce, je déclarai brusquement que j’avais terminé. Il y eut un murmure dans la salle et le procureur ne put s’empêcher de s’écrier   : « « Mon Dieu   ! »
    J’avais trompé la cour depuis le début parce que je savais que l’accusation était valable et le dossier du procureur solide, et je ne voyais pas pourquoi j’aurais appelé des témoins pour me défendre. Au cours des contre-interrogatoires et de mes tentatives pour obliger le juge à se récuser, j’avais fait les déclarations que je voulais sur la partialité du tribunal. Je ne voyais aucun avantage à appeler des témoins pour essayer de contrer quelque chose qui était indiscutable.
    Le juge fut pris au dépourvu et me demanda un peu incrédule   : Vous n’avez rien d’autre à dire   ?
    —  Je plaide que je ne suis coupable d’aucun crime.
    —  Est-ce tout ce que vous avez à dire   ?
    —  Monsieur le président, avec votre respect, si j’avais quelque chose d’autre à dire, je le dirais. »
    Le procureur fouilla dans ses papiers à la recherche d’un réquisitoire qu’il ne s’attendait pas à devoir faire. Il parla brièvement, demandant au juge de me reconnaître coupable des deux chefs d’inculpation. Le procès fut ajourné jusqu’au lendemain, et j’aurais alors l’occasion de m’adresser au tribunal pour ce qu’on appelle la demande en réduction de dommages-intérêts avant que le juge rende sa sentence.
     
    Le lendemain matin, avant la reprise du procès, je me trouvais dans un bureau hors de la salle d’audience, avec Bob Hepple qui m’avait conseillé, et nous nous réjouissions du fait que, la veille, l’Assemblée générale des Nations unies avait voté pour la première fois en faveur de sanctions contre l’Afrique du Sud. Bob me dit aussi qu’il y avait eu des actes de sabotage à Port Elizabeth et à Durban, à la fois pour célébrer le vote de l’ONU et pour protester contre mon procès. Nous étions en pleine conversation quand le procureur, Mr. Bosch, entra dans la pièce et demanda à Bob de bien vouloir l’excuser.
    « Mandela, me dit-il quand Bob fut parti, je ne voulais pas venir au tribunal aujourd’hui. Pour la première fois de ma carrière, je méprise ce que je fais. Cela me fait du mal de devoir demander au tribunal de vous envoyer en prison. » Puis il me serra la main et exprima l’espoir que tout se passerait bien pour moi. Je le remerciai et lui assurai que je n’oublierais jamais ce qu’il venait de me dire.
    Ce jour-là, les autorités étaient en alerte. La foule dans la salle semblait encore plus importante que le premier jour du procès. Les cent cinquante sièges réservés aux « non-Européens   » étaient occupés. Winnie se trouvait là, dans une robe xhosa, ainsi que des

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