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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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le condamner parce qu’il avait refusé de quitter sa maison –   dans laquelle il vivait depuis plus de quarante ans  – qui se trouvait dans une zone qu’on venait de déclarer « blanche   », aux termes de la Group Areas Act. Il était accroupi et quand je l’ai vu pieds nus malgré ses rhumatismes, je me suis senti mal à l’aise dans mes sandales. J’aurais voulu aller le saluer mais une demi-douzaine de gardiens nous accompagnaient.
    Brusquement et sans avertissement, j’ai eu une syncope. Je me suis effondré sur le sol en ciment en me faisant au-dessus de l’œil gauche une entaille profonde qui a nécessité trois points de suture. Au Fort, on avait diagnostiqué une tension artérielle trop forte et on m’avait donné des pilules. La cause de l’évanouissement, c’était bien sûr un excès de ces pilules   ; on me les a retirées et on m’a ordonné un régime sans sel, ce qui a résolu le problème.
    Cet après-midi-là, Winnie venait me voir pour la première fois depuis ma condamnation. Points de suture ou pas, je n’allais pas la rater. Quand elle m’a vu, elle s’est inquiétée, mais je lui ai assuré que j’allais bien et je lui ai expliqué ce qui s’était passé. Mais des rumeurs ont circulé disant que ma santé déclinait.
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    En octobre 1962, pendant mon procès, l ’ ANC tint sa première conférence annuelle depuis 1959. Comme l ’ organisation était maintenant illégale, la conférence eut lieu à Lobatse, juste de l ’ autre côté de la frontière du Bechuanaland. Cette conférence marqua un tournant parce qu ’ on y associa explicitement l ’ ANC et MK. Le Comité national de direction déclara   : « Pour nous l ’ essentiel reste l ’ action politique de masse   », cependant il parlait d ’ Umkhonto comme de « la branche militaire de notre lutte   ». Cela fut fait en partie pour mettre fin aux actes irresponsables de terrorisme commis par Poqo. Poqo, qui signifie « indépendant   » ou « rester seul   » en xhosa, était vaguement lié au PAC et il commettait des actes de terrorisme visant à la fois les Blancs et les collaborateurs noirs. L ’ ANC voulait que les gens voient son nouveau militantisme mais aussi qu ’ il était contrôlé et responsable.
    Le gouvernement avait décidé d’accélérer le programme de « développement séparé   » pour montrer au monde que l’apartheid accordait aux différentes races leur « liberté   » individuelle. Le prototype devait en être le Transkei. En janvier 1962, Verwoerd avait annoncé que l’Afrique du Sud avait l’intention d’accorder l’autonomie au Transkei. En 1963, la région devint un homeland « autonome   ». En novembre 1963 eurent lieu les élections législatives pour désigner l’assemblée du Transkei. Mais les électeurs élurent plus de deux tiers de députés hostiles à la politique des homelands.
    Le système du bantoustan fut cependant institué   ; les électeurs s’y étaient opposés mais ils y avaient participé simplement en votant.
    Malgré ma haine du système, je pensais que l’ANC devait l’utiliser, ainsi que ceux qui s’y trouvaient, comme plate-forme pour notre politique, en particulier maintenant, alors que nous étions réduits au silence à cause des emprisonnements, des interdictions et de l’exil.
    Les actes de terrorisme contre les Autorités bantoues augmentèrent ainsi que la vigilance du gouvernement. John Vorster, le nouveau ministre de la Justice, qui avait lui-même été emprisonné pendant la Seconde Guerre mondiale pour son opposition à l’action du gouvernement en faveur des Alliés, était un homme dépourvu de tout sentiment. Pour lui, une main de fer représentait la meilleure réponse à la subversion.
    Le 1er mai 1963, le gouvernement prit un décret destiné à « briser les reins   » d ’ Umkhonto, comme le dit Vorster. La General Law Amendment Act, plus connue sous le nom de Ninety-Day Detention Law (Loi de détention de quatre-vingt-dix jours), abandonnait le droit de l ’ habeas corpus et donnait le pouvoir à tout officier de police de détenir sans aucun mandat toute personne soupçonnée de crime politique. Ceux qui étaient arrêtés pouvaient être détenus, sans procès, sans chef d ’ inculpation, sans possibilité de contacter un avocat et sans aucune protection contre une inculpation à cause des propos tenus pendant l ’ arrestation, et cela pendant quatre-vingt-dix jours. Mais cette

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