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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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notre impuissance sera permanente. Je sais que cela semble révolutionnaire pour les Blancs de ce pays parce que les Africains constitueront la majorité des électeurs. A cause de cela, l’homme blanc a peur de la démocratie […].
    C’est pour cela que combat l’ANC. Sa lutte est vraiment une lutte nationale. C’est une lutte du peuple africain, qu’inspirent ses souffrances et sa propre expérience. C’est une lutte pour le droit de vivre.
     
    Jusque-là j’avais lu mon texte. Mais à ce moment, j’ai posé mes papiers sur la table de la défense et me suis tourné face au juge. La salle est devenue extrêmement silencieuse. En prononçant de mémoire les dernières phrases, je n’ai pas quitté le juge De Wet des yeux.
     
    Au cours de ma vie, je me suis entièrement consacré à la lutte du peuple africain. J’ai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J’espère vivre assez longtemps pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.
     
    Le silence dans le tribunal était maintenant absolu. A la fin de ma déclaration, je me suis simplement assis. Je ne me suis pas retourné vers le public et pourtant je sentais tous les yeux braqués sur moi. Le silence sembla se prolonger pendant de nombreuses minutes. Mais en réalité, il ne dura sans doute pas plus de trente secondes, et de la salle j’entendis ce qui ressemblait à un profond soupir, suivi par le sanglot d’une femme.
    J’avais lu pendant plus de quatre heures. Il était un peu plus de seize heures et normalement la séance aurait dû être suspendue. Mais le juge De Wet, dès que l’ordre fut revenu dans la salle, appela le témoin suivant. Il était déterminé à atténuer l’impact de ma déclaration. Il ne voulait pas que ce soit la dernière et la seule déposition de la journée. Mais rien de ce qu’il put faire n’en affaiblit l’effet. Quand je m’assis après avoir terminé ma déclaration, ce fut la dernière fois que le juge De Wet me regarda dans les yeux.
    Mon discours connut une très large publicité dans la presse locale aussi bien qu ’ internationale et, il fut reproduit pratiquement mot pour mot dans le Rand Daily Mail. Cela en dépit du fait qu ’ il était interdit de publier ce que je disais. Ce discours indiquait notre ligne de défense tout en désarmant l ’ accusation, qui avait tout préparé dans l ’ attente de ma déposition comme témoin pour nier le sabotage. Il devenait maintenant évident que nous n ’ utiliserions pas les subtilités de la procédure et que nous accepterions la responsabilité d ’ actions que nous avions entreprises avec fierté et préméditation.
     
    Walter Sisulu était l’accusé numéro deux. Il dut soutenir le choc du contre-interrogatoire que Yutar avait préparé pour moi. Il résista à un barrage de questions hostiles et s’éleva au-dessus des manœuvres mesquines pour expliquer notre politique en termes simples et clairs. Il affirma que l’Opération Mayibuye et la politique de guerre de guérilla n’avaient pas été adoptées comme politique de l’ANC. En fait, Walter dit à la cour qu’il s’était personnellement opposé à son adoption parce qu’il jugeait cela prématuré.
    Govan suivit Walter à la barre des témoins et raconta fièrement à la cour sa longue appartenance au Parti communiste. Le procureur lui demanda pourquoi, s’il reconnaissait beaucoup des actions de l’acte d’accusation, il ne plaidait pas simplement coupable pour la totalité   ? « Tout d’abord, répondit Govan, parce que j’ai senti que je devais expliquer sous serment certaines des raisons qui m’ont amené à rejoindre ces organisations. Pour moi, c’était là une question de devoir moral. Ensuite, pour la simple raison que plaider coupable indiquerait à mon avis un sens de culpabilité morale. Je n’accepte pas qu’on attache une culpabilité morale à mes paroles. »
    Comme Govan, Ahmed Kathrada et Rusty Bernstein reconnurent leur appartenance au Parti communiste ainsi qu’à l’ANC. Rusty avait été arrêté à Rivonia au cours de la descente de police, mais la seule preuve directe que l’accusation avait contre lui était l’assistance qu’il avait apportée à la construction de l’émetteur radio à la

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