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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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ferme. Dans un témoignage précis, Kathy nia avoir commis des actes de sabotage ou avoir incité d’autres personnes à en commettre, mais il dit qu’il soutenait de tels actes s’ils faisaient avancer la lutte.
    Nous avions tous été surpris quand l’accusé numéro huit, James Kantor, avait été arrêté et mis dans notre groupe. C’était le beau-frère et l’associé de Harold Wolpe, qui réalisait pour nous un certain nombre de transactions dans son cabinet, mais à part cela il n’avait absolument aucun lien avec l’ANC ou MK. Il n’y avait pratiquement aucun élément contre lui et je pensais que l’accusation ne le maintenait en prison que pour intimider les avocats progressistes.
    Le jour où le juge De Wet devait traiter le dossier de Jimmy, nous attendions dans les cellules en dessous du tribunal et j’ai dit à Jimmy   : « Echangeons nos cravates pour que ça te porte chance. » Quand il a vu la vieille cravate large et démodée que je lui donnais à la place de sa belle cravate en soie, il a sans doute dû penser que j’essayais simplement d’améliorer ma garde-robe. Jimmy était toujours tiré à quatre épingles mais il a porté ma cravate au tribunal et, quand le juge a rejeté les charges qui pesaient contre lui, il a levé la cravate vers moi en guise d’au revoir.
    Raymond Mhlaba était un des responsables de l’ANC et de MK dans l’Eastern Cape, mais comme l’accusation n’avait pas beaucoup de preuves contre lui, il nia être membre de MK et connaître quoi que ce soit au sabotage. Nous avons décidé que ni Elias Motsoaledi, l’accusé numéro neuf, ni Andrew Mlangeni, l’accusé numéro dix, ne devaient témoigner. Il s’agissait de membres peu élevés de MK, et ils ne pouvaient pas ajouter grand-chose à ce qui avait déjà été dit. Elias Motsoaledi avait été battu et torturé en prison et pourtant il n’avait rien dit. Andrew Mlangeni, le dernier accusé, fit une déclaration sans prêter serment, dans laquelle il reconnaissait avoir porté des messages pour MK et s’être déguisé en pasteur pour faciliter son travail. Lui aussi informa la cour qu’il avait été battu en prison, et torturé à l’électricité. Andrew était le dernier témoin. La défense en avait fini. Il restait les plaidoiries et le jugement.
     
    Le 20 mai, Yutar transmit à la presse une douzaine d ’ exemplaires reliés de cuir bleu de sa dernière déclaration, et un seul à la défense. Malgré son élégante couverture, le réquisitoire de Yutar était un résumé tronqué des arguments de l ’ accusation et n ’ expliquait pas l ’ inculpation ni n ’ évaluait les témoignages. Il était rempli d ’ insultes ad hominem. « La fourberie des accusés est stupéfiante. » « Bien qu ’ ils représentent à peine 1   % de la population bantoue, ils se permettent de dire au monde que les Africains d ’ Afrique du Sud sont réprimés, opprimés et déprimés. » Le juge De Wet lui-même sembla dérouté par la déclaration de Yutar et, à un moment, il l ’ interrompit pour lui dire   : « Mr. Yutar, vous reconnaissez donc que vous n ’ avez pas réussi à prouver que la guerre de guérilla avait été décidée, n ’ est-ce pas   ? »
    Yutar en fut abasourdi. Il supposait exactement le contraire. La question du juge nous étonna nous aussi, car elle nous redonnait espoir. Yutar dit en hésitant à la cour qu’on avait bien fait des préparatifs pour la guerre de guérilla.
    « Oui, je le sais, répondit De Wet avec impatience, la défense le reconnaît. Mais ils disent qu’avant leur arrestation ils n’avaient pris aucune décision pour s’engager dans la guerre de guérilla. Je note que vous n’avez aucune preuve pour contredire cela et que vous l’acceptez   ?
    —  Comme vous voulez   », dit Yutar d’une voix étranglée.
    Yutar termina en affirmant qu’il ne s’agissait pas seulement d’une affaire de haute trahison « par excellence   », mais aussi de meurtre et de tentative de meurtre  – ni l’un ni l’autre n’étaient mentionnés dans l’acte d’accusation. Dans un élan de fureur, il proclama   : « J’oserai dire que chaque affirmation de l’acte d’accusation a été prouvée. » Au moment même où il prononçait ces mots, il les savait manifestement faux.
     
    L’avocat-conseil de la défense, Arthur Chaskalson, se leva le premier pour traiter certaines questions légales qu’avait soulevées l’accusation. Il

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