Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
rejeta la déclaration de Yutar selon laquelle le procès avait quelque chose à voir avec le meurtre, et il rappela à la cour que la politique de MK était qu’on devait épargner les vies. Quand Arthur commença à expliquer que d’autres organisations commettaient des actes de sabotage dont on accusait les prévenus, le juge De Wet l’interrompit pour lui dire qu’il avait déjà accepté cela comme un fait. C’était une autre victoire inattendue.
    Bram Fischer prit la parole ensuite avec l’intention de s’attaquer aux deux affirmations les plus graves de l’accusation   : que nous avions entrepris la guerre de guérilla et que l’ANC et MK formaient une seule et même chose. De Wet avait dit qu’il pensait que la guerre de guérilla n’avait pas encore commencé, mais nous ne voulions pas prendre de risques. Quand Bram se lança dans le premier point, De Wet lui dit d’un ton irrité   : « Je pensais avoir été très clair. J’ai accepté qu’aucune décision n’avait été prise ni aucune date fixée pour la guerre de guérilla. »
    Quand Bram attaqua le second point, De Wet l’interrompit de nouveau pour lui rappeler qu’il avait aussi accepté le fait que les deux organisations étaient séparées. Bram, toujours prêt à tout entendre, fut surpris par la réponse du juge. Alors il se rassit   ; le juge avait accepté ses arguments avant même qu’il les eût exposés. Nous étions fous de joie si toutefois l’on peut dire que des hommes qui risquent la peine de mort sont joyeux. Le jugement fut mis en délibéré, le verdict ne serait rendu que trois semaines plus tard.
    57
    Le monde entier avait prêté une grande attention au procès de Rivonia. Des veilles avaient lieu des nuits entières dans la cathédrale Saint-Paul à Londres. Les étudiants de l ’ université de Londres m ’ élurent président de leur syndicat. Un groupe d ’ experts des Nations unies réclama une convention nationale en Afrique du Sud qui conduirait à un parlement vraiment représentatif, et recommanda l ’ amnistie de tous les opposants à l ’ apartheid. Deux jours avant la décision du juge De Wet, le Conseil de sécurité des Nations unies demanda au gouvernement sud-africain (avec quatre abstentions dont la Grande-Bretagne et les Etats-Unis) de mettre fin au procès et d ’ amnistier les accusés.
    Quelques jours avant la reprise du procès, j’ai rédigé des devoirs pour un examen de l’université londonienne afin de passer mon doctorat. Cela pouvait sembler bizarre que je passe un examen de droit quelques jours avant le verdict. Cela parut sans aucun doute étrange à mes gardes, qui me dirent que là où j’allais, je n’aurais pas besoin d’un diplôme de droit. Mais j’avais poursuivi mes études tout au long du procès et je voulais passer l’examen. Je n’avais que cela en tête et, plus tard, je me suis rendu compte que c’était une façon de ne pas avoir de pensées négatives. Je savais que je n’exercerais pas de sitôt mais je ne voulais pas y penser. J’ai été reçu à mon examen.
     
    Le jeudi 11 juin 1964, on nous rassembla au palais de justice pour entendre la lecture du verdict. Nous savions que pour au moins six d’entre nous, nous ne pouvions qu’être reconnus coupables. Le problème, c’était la sentence.
    De Wet ne perdit pas de temps. Il parla d’une voix basse et rapide   : « J’ai noté les raisons qui m’ont amené à ces conclusions. Je ne propose pas de les lire.
    « L’accusé numéro un est reconnu coupable des quatre chefs d’accusation. L’accusé numéro deux est reconnu coupable des quatre chefs d’accusation. L’accusé numéro trois est reconnu coupable des quatre chefs d’accusation…   »
    De Wet déclara chacun des principaux accusés coupable de tous les chefs d’accusation. Kathy ne fut reconnu coupable que d’un seul, et Rusty Bernstein ne fut reconnu coupable d’aucun et acquitté.
    « Je ne me propose pas d’aborder la question de la sentence aujourd’hui, dit De Wet. L’accusation et la défense auront l’occasion de présenter toute plaidoirie qu’elles souhaiteront demain matin à 10 heures. » L’audience fut levée.
    Nous avions espéré que Kathy et Mhlaba échapperaient à la condamnation mais c’était un signe supplémentaire, s’il en était besoin, de la dureté du gouvernement. Si l’on pouvait reconnaître Mhlaba coupable des quatre chefs d’accusation avec si peu de preuves, ceux

Weitere Kostenlose Bücher